Pourquoi l’entraînement des Volontaires de la Réserve Armée de Défense à Beni pourrait-il redéfinir la sécurité en République Démocratique du Congo ?

### La Réserve Armée de Défense : Une Réponse Innovante aux Défis de la Sécurité Congolaise

Le 7 avril 2025, Beni a marqué le début d
### La Réserve Armée de Défense : Un Nouveau Souffle pour la Sécurité en République Démocratique du Congo

**Beni, 7 avril 2025** – Alors que la première session d’entraînement des Volontaires de la Réserve Armée de Défense (RAD) débute à Beni, le contexte géopolitique et sécuritaire de la République Démocratique du Congo (RDC) mérite un examen approfondi. Ce phénomène, qui pourrait paraître comme une simple réponse à la menace sécuritaire, révèle des enjeux sociopolitiques profonds qui interpellent chaque Congolais.

#### Historique et Contexte

La création de la RAD ne s’est pas produite dans un vide. Bien au contraire, elle s’inscrit dans une démarche visant à renforcer la sécurité nationale face à des agressions prolongées, notamment celles du M23, soutenu par le Rwanda selon de nombreuses sources. Cette situation n’est pas nouvelle ; la RDC souffre de conflits armés depuis plus de deux décennies, où les enjeux de souveraineté nationale se mêlent à des motivations économiques et ethniques complexes.

Le **projet de loi** instituant la RAD a été voté le 4 mai 2023. À cette époque, Gilbert Kabanda, alors ministre de la Défense, a souligné l’urgence d’une telle initiative en raison des agressions récurrentes. Cependant, qu’est-ce qui distingue cette nouvelle réserve armée des précédentes initiatives en matière de sécurité?

#### Un Appel à la Mobilisation

L’une des caractéristiques clés de cette initiative est son aspect participatif. La RAD invite les Congolais à s’engager directement dans la défense de leur patrie. C’est un tournant par rapport aux stratégies militaires passées, souvent perçues comme centralisées et élitistes. Le gouverneur militaire du Nord-Kivu, le général-major Evariste Kakule Somo, et l’équipe de mobilisation, dirigée par le général de brigade Emery Godas Sukpa, encouragent les jeunes à se former au centre Nyaleke, situé à une dizaine de kilomètres à l’Est de Beni.

Cette dynamique de participation citoyenne s’inscrit dans une tendance globale où de nombreux pays, confrontés à des menaces similaires, cherchent à impliquer la population dans les efforts de défense. Un modèle souvent discuté est celui de la **milice citoyenne** qui, dans des pays comme le Liban ou l’Irak, a joué un rôle essentiel dans la lutte contre des menaces internes et externes.

#### Un Nécessaire Apprentissage des Échecs Passés

Cependant, l’institution de la RAD ne doit pas être perçue simplement comme un moyen de renforcer une résistance militaire. L’efficacité de cette initiative dépendra de la manière dont elle sera alignée avec des politiques de paix et de réconciliation. En effet, des programmes semblables dans le passé, sans un suivi réaliste des relations communautaires et politiques, ont souvent conduit à des tensions internes.

Le soutien à la RAD doit aussi s’accompagner d’une formation à la **résolution des conflits** pour que les jeunes volontaires comprennent les causes sous-jacentes des conflits plutôt que de se focaliser uniquement sur l’affrontement militaire. Cela pourrait inclure des modules éducatifs intégrant des éléments sur la diversité ethnoculturelle, la médiation et le dialogue intercommunautaire.

#### L’Impact Socio-économique

La formation des jeunes dans le cadre de la RAD pourrait également avoir un impact socio-économique positif. On assiste souvent à une désaffection des jeunes pour l’économie formelle, poussés vers des solutions informelles et parfois illégales pour subvenir à leurs besoins. Les offrir des compétences militaires pourrait donner lieu à la création de nouvelles opportunités d’emploi dans des secteurs liés à la sécurité ou la protection, mais cela doit être fait avec prudence pour éviter de militariser la jeunesse.

Des projets de formation couplés à l’insertion socio-économique pourraient renforcer le tissu social déjà affaibli par des années de conflits. Des initiatives durables vont au-delà de la simple défense ; elles doivent promouvoir la **stabilité économique**, essentielle pour prévenir des cycles de conflits.

#### Vers un Défi Démocratique

Enfin, la question de la RAD ne se limite pas à la sécurité nationale. Elle soulève un défi démocratique majeur : comment les gouvernements peuvent-ils impliquer efficacement les citoyens tout en préservant l’état de droit et en empêchant les abus éventuels? L’histoire de la RDC est marquée par des dérives autoritaires, et ce projet pourrait facilement devenir un outil au service d’une gouvernance oppressive.

Le succès de la RAD repose donc sur la confiance entre l’État et la population. Pour que cette initiative soit couronnée de succès, il est impératif de créer des mécanismes de supervision et de responsabilité, garantissant que l’engagement militaire des jeunes ne se traduira pas par des violations des droits humains.

### Conclusion

La première session d’entraînement des Volontaires de la Réserve Armée de Défense à Beni marque le début d’une nouvelle page dans l’histoire de la RDC. Pourtant, cet effort, bien que salutaire sur le papier, doit être abordé avec rigueur et prudence. En intégrant des dimensions éducatives, économiques et démocratiques, la RAD pourrait devenir un modèle viable pour une sécurité durable et inclusive, loin des fractures qui ont alimenté les cycles de violence dans le passé. La construction d’un pays pacifié et intègre est entre les mains de ses citoyens. Cet engagement collectif est la clé pour un avenir plus prometteur.