**La Mobilisation des Recettes Publiques en République Démocratique du Congo : Un Pari Ambitieux sur le Marché Financier Local**
Le 8 avril 2025 marquera une date clé dans la dynamique de l’économie congolaise avec la mise en adjudication de 50 millions de dollars en Obligations du Trésor sur le marché financier local, comme annoncé par le ministère des Finances dans un communiqué daté du 3 avril 2025. Cet événement s’inscrit dans une stratégie plus large du gouvernement congolais visant à renforcer la mobilisation des recettes publiques et à dynamiser un marché financier en pleine mutation.
### Une Mobilisation Récente Impressionnante
En seulement trois mois de 2025, le gouvernement congolais a déjà mobilisé plus de 500 millions de dollars, une réussite qui témoigne de la confiance des banques dans la gestion des finances publiques. Cependant, cette confiance n’est pas aussi inébranlable qu’elle peut sembler. L’engagement de maintenir un taux d’intérêt de 9% pour les Bons du Trésor à 18 mois pourrait être un indicateur des risques auxquels le gouvernement fait face. Alors que les rendements des obligations dans d’autres pays, notamment au sein de la zone euro et des États-Unis, ont commencé à fluctuer, une question pertinente se pose : cette stratégie est-elle réellement viable à long terme?
### Un Marché Financier en Évolution
Les émissions de ces Bons et Obligations du Trésor sont souvent perçues comme des instruments de stabilisation économique. La RDC, riche en ressources naturelles, a toujours eu un potentiel économique vaste, mais l’instabilité politique et la gestion des ressources ont freiné son développement. En se tournant vers le marché local pour sécuriser des financements, le gouvernement fait preuve d’une volonté d’autonomie financière, mais la question de la transparence dans l’utilisation de ces fonds se pose. Seront-ils utilisés pour des projets fluviaux qui désenclavent les régions éloignées, pour des infrastructures énergétiques essentielles, ou pour le paiement de la dette publique?
### La Confiance des Investisseurs : Un Capital Fragile
La déclaration de Doudou Fwamba Likunde, Ministre des Finances, soulignant la confiance des banques envers le gouvernement, doit être interprétée avec prudence. La confiance est un capital instable, surtout dans un environnement économique volatile. L’histoire récente de la RDC montre que malgré des promesses d’amélioration, les investisseurs restent méfiants face à des précédents de détournement de fonds. Une analyse comparative avec d’autres pays africains qui ont réussi à faire fleurir leurs marchés financiers, comme le Rwanda ou le Ghana, montre l’importance d’une gouvernance solide. Les succès de ces pays reposent en grande partie sur leur capacité à instaurer un climat de confiance et de transparence.
### Un Impact sur la Population
La question qui se pose est : comment cette nouvelle stratégie de mobilisation des recettes affectera-t-elle le citoyen congolais ordinaire? Les financements générés par ces obligations iront-ils dans des projets qui toucheront directement les communautés, ou serviront-ils à remplir des poches déjà bien pleines? Il est essentiel que le gouvernement engage une discussion publique sur l’utilisation des fonds et établisse des mécanismes de suivi pour garantir que les investissements réalisés répondent aux besoins urgents de ses citoyens.
### Vers une Transformations Durable
Il est temps pour la RDC de se réinventer. La dépendance des financements étrangers, bien que nécessaire dans certains contextes, doit être minimisée à travers un marché financier robuste et inclusif. La diversification des sources de revenus en renforçant la fiscalité, en améliorant la collecte des impôts et en favorisant les investissements dans l’économie locale est tout aussi cruciale.
Pour conclure, la mise sur le marché de nouvelles obligations du Trésor par le gouvernement congolais représente une étape significative dans la lutte pour une autonomie financière. Toutefois, pour que la RDC puisse véritablement tirer parti de cette opportunité, une gouvernance exemplaire, une transparence rigoureuse et un engagement actif auprès de la population seront nécessaires. La route est encore longue, mais avec des mesures appropriées, elle pourrait mener à des bénéfices durables pour le peuple congolais. Ainsi, il devient de plus en plus urgent de porter un regard critique et constructif sur les gestions financières publiques, pour que chaque dollar mobilisé soit synonyme d’avancées concrètes vers un avenir meilleur.