### Mont-Ngafula : Entre Enclavement et Embouteillage, Vers une Réinvention Urbaine ?
*Les trajets quotidiens des habitants des quartiers Cogelos, Manenga, Kimwenza, Masanga Mbila, Ngafani et Sebo à Mont-Ngafula pourraient alarmes n’importe quel citadin de Kinshasa. Perdre plus de cinq heures par jour dans des embouteillages monstres serait considéré comme une perte inacceptable dans toute autre grande métropole. Pourtant, cette réalité pénible fait partie intégrante du quotidien des résidents de cette commune sud de la capitale congolaise.*
Depuis la réhabilitation partielle de certaines avenues, notamment celles de Kimwenza, Bel Air et Elengesa, un espoir semblait renaître. Cependant, cet optimisme est rapidement assombrie par l’observation inéluctable que les améliorations apportées, bien que salutaires, ne sont qu’un pansement sur une plaie béante. Les différents témoignages d’habitants, comme ceux du pharmacien Laurent Matondo et de la fonctionnaire Mamitsho Mazone, révèlent les failles d’un système infranchissable, dont les racines plongent dans une inorganisation creuse et des choix structurels discutables.
#### Une Infrastructure en Déliquescence
### Analyse Structurale
Traditionnellement, Kinshasa est perçue comme une ville de contrastes, où richesse et pauvreté cohabitent de manière abrasive. Le fait que des itinéraires récemment réhabilités se détériorent rapidement souligne non seulement des défauts d’entretien, mais aussi la fragilité d’une politique urbaine qui manque de vision à long terme. En effet, selon le rapport du Programme des Nations Unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), près de 60% des routes urbaines en Afrique subsaharienne sont en mauvais état, ce qui amène à se demander si Kinshasa n’est pas simplement le microcosme de ce phénomène.
D’après les statistiques publiées dans le dernier rapport de la Banque Mondiale, la République Démocratique du Congo (RDC) affiche un taux d’infrastructures routières inférieur à 4% du PIB, un chiffre alarmant comparé à des nations comme le Ghana ou le Rwanda, où ce chiffre atteint jusqu’à 30%. Il semble alors urgent non seulement d’augmenter cette allocation, mais également de réévaluer les méthodes de mise en œuvre pour s’assurer que la réparation des routes ne se limite pas à une simple esthétique urbanistique.
### Vers une Réhabilitation Holistique
La solution proposée par Mamitsho Mazone, qui appelle à la réhabilitation d’autres axes comme le Boulevard Mandela, doit être écoutée avec attention. Pourtant, ce qui est souvent sous-estimé dans ces discussions est l’importance d’une vision intégrée du transport et du développement. Des projets tels que la mise en place d’un système de transport en commun adéquat, et accessible, pourraient réduire le volume de circulation et améliorer la mobilité urbaine dans son ensemble.
Des études menées par la Ville de Bogotá en Colombie montrent qu’une approche multimodale du transport peut réduire les temps de trajet de 20 à 40%, une amélioration qui pourrait faire passer le temps de route des habitants de Mont-Ngafula de 5 heures à 3 heures, par exemple. Kinshasa pourrait en tirer parti en investissant dans un réseau de bus de qualité qui privilégie non seulement l’accessibilité mais aussi la connexion entre les différents quartiers.
### Le Rôle des Entités Décentralisées
Pour conclure, la demande d’une meilleure autonomie pour les entités décentralisées résonne comme un refrain familier. En 2006, la RDC a opté pour un processus de décentralisation visant à donner davantage de pouvoir aux gouvernements locaux dans la gestion des ressources. Pourtant, la réalité sur le terrain démontre que cette autonomie est souvent entravée par un manque de moyens et de coordination entre les différentes administrations.
Le succès d’une telle initiative dépendra crucialement d’une volonté politique forte, mais également d’une synergie entre les gouvernements local, provincial et national. Sans cette cohésion, même les meilleures intentions resteront lettre morte, et les habitants de Mont-Ngafula continueront de vivre une véritable épreuve de patience à chaque trajet.
Les embouteillages, au-delà d’être une simple entrave à la circulation, sont le symptôme d’une crise plus profonde, qu’il échoit à tous d’affronter par des solutions innovantes et inclusives. La véritable question que les citoyens doivent se poser est : sommes-nous prêts à réinventer notre ville, ou allons-nous rester coincés dans un cycle sans fin d’embouteillages et de frustration ?