**RDC : Vers une Reconnaissance Historique du Génocide Économique au Coeur des Ressources Naturelles**
Le 31 mars 2025, un événement marquant s’est produit à Kinshasa, lorsque le président Félix Tshisekedi et son épouse, Denise Nyakeru, ont donné le coup d’envoi des travaux de la table ronde GENOCOST. Cette initiative n’est pas simplement un acte symbolique ; elle représente un tournant potentiel dans la manière dont la République démocratique du Congo (RDC) envisage son passé récent, en appelant à une reconnaissance spécifique d’un « génocide économique » qui perdure depuis trois décennies.
### Une Vision Historique émergeante
L’amplitude des atrocités dénoncées lors de cette table ronde, notamment les massacres de Makobola, Mwenga et Kisangani, ne peut être mesurée uniquement en nombre de victimes. La déclaration d’environ 10 millions de morts et plus de 6 millions de déplacés, exposée par le président Tshisekedi, incarne un véritable cri de désespoir et une invitation à la prise de conscience. Cependant, au-delà des statistiques se cache une autre tragédie, celle d’un avenir compromis par les conflits incessants autour des précieuses ressources du pays, telles que le coltan, l’or et le diamant.
Alors que le monde entier fait face à des enjeux environnementaux majeurs liés à l’extraction des ressources naturelles, la RDC se trouve à un carrefour où les leçons du passé doivent être intégrées. La création d’un groupe d’experts pour évaluer les préjudices humains et matériels est un pas dans cette direction. Cependant, la question demeure : cette démarche suffira-t-elle à lever le voile sur un passé souvent ignoré ?
### Un Génocide Économique à L’Échelle Mondiale
La RDC est riche en ressources, mais paradoxalement, ces richesses ont été à l’origine d’une souffrance sans précédent. Un parallèle peut être dressé avec d’autres nations, comme le Venezuela ou le Nigéria, où des ressources abondantes semblent souvent engendrer déstabilisation et chaos plutôt que prospérité. L’extraction illégale et la mauvaise gestion des ressources entraînent une spiralisation de la violence et des abus.
Ce « génocide économique » que la RDC cherche à établir ne se limite pas à des souffrances physiques, mais implique également une domination économique qui spolie les populations locales de leurs droits fondamentaux. En ce sens, la RDC pourrait jouer un rôle de pionnier en matière de justice économique sur la scène internationale, en contenant un discours sur la manière dont les pays riches exploitent ceux en développement. La reconnaissance de ce génocide pourrait aussi ouvrir la voie à des réparations, un concept qui pourrait inspirer d’autres nations.
### Éducation comme Pilier de la Mémorisation
L’une des propositions phares de cette table ronde est d’intégrer ces histoires tragiques dans les programmes éducatifs, les médias et le discours public. L’éducation constitue un outil puissant pour transformer la perception collective et éveiller les consciences. En comparaison, des pays comme l’Argentine ont tiré des enseignements de leurs propres passés douloureux par une éducation axée sur les Droits de l’Homme, faisant de cette approche un modèle à suivre.
La réflexion sur le passé doit englober non seulement la mémoire des victimes, mais aussi une réévaluation des récits historiques qui ont souvent été simplifiés ou unanimement favorables à un certain narratif. En rendant hommage aux victimes tout en critiquant les acteurs qui ont contribué à cette tragédie, la RDC pourrait proposer un nouveau récit, celui d’un peuple qui refuse de se laisser écraser par son histoire.
### Une Nouvelle Dynamique Politique
Il est à noter que l’initiative GENOCOST intervient dans un contexte politique tumultueux en RDC, où la lutte pour le pouvoir et le contrôle des ressources se traduit parfois par des alliances inattendues et des trahisons. La reconnaissance d’un génocide économique pourrait également être interprétée comme une volonté de légitimer le gouvernement actuel, en le plaçant en position de défenseur des droits humains et de la justice.
Cependant, cette démarche ne peut être considérée qu’à la lumière de sa mise en œuvre. Les retombées d’une telle initiative dépendent de la volonté réelle des autorités de transformer ces discours en actions concrètes. L’engagement véritable au-delà des annonces peut nécessiter des réformes profondes dans le système politique et judiciaire congolais.
### Conclusion
La table ronde GENOCOST n’est pas simplement une mise en lumière du génocide économique en RDC ; c’est un appel à une restructuration globale de la conscience sociétale, une proposition pour un avenir où la justice sociale et économique pourrait enfin voir le jour. Alors que la communauté internationale regarde avec intérêt cette initiative, la RDC se doit de saisir cette occasion pour non seulement panser ses blessures, mais également de bâtir un avenir fondé sur la reconnaissance des droits humains et la valorisation des vies de ses citoyens.
Il est impératif de transformer cette table ronde en un véritable mouvement pour le changement, où chaque Congolais devient un acteur de la reconnaissance de son histoire et des luttes pour un avenir meilleur. Si la RDC réussit à faire entendre la voix des victimes et à transformer le principe de réparation en une réalité tangible, elle pourrait bien devenir un modèle pour d’autres nations qui luttent pour la justice et la reconnaissance dans un monde encore trop souvent indifférent.