Comment les déclarations de l’envoyé américain illustrent-elles les défis économiques et géopolitiques de l’Égypte actuelle ?

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Titre : **L’Égypte à la croisée des chemins : les défis économiques et les répercussions géopolitiques**

La récente déclaration de Steve Witkoff, l’envoyé spécial américain au Moyen-Orient, concernant l’état de l’économie égyptienne a soulevé un vent de critiques dans le paysage médiatique local. Witkoff a décrit la situation économique de l’Égypte comme étant « largement en faillite », une assertion qui trouve écho dans les préoccupations croissantes face aux défis que rencontre le pays. Cependant, une analyse plus nuancée est nécessaire pour comprendre non seulement la réalité économique de l’Égypte, mais également les implications géopolitiques de ces commentaires dans le contexte des tensions autour de Gaza.

### L’état réel de l’économie égyptienne

Les déclarations de Witkoff, bien qu’inquiétantes, ne rendent pas pleinement compte des réalités économiques plus larges que traverse l’Égypte. Bien que le taux de chômage chez les jeunes puisse atteindre des proportions alarmantes, atteignant près de 45%, ce chiffre doit être mis en perspective avec un contexte régional où de nombreux pays font face à des taux de chômage similaires, sinon plus élevés. Par exemple, en Algérie, le chômage des jeunes tourne autour de 30%, et en Jordanie, il est également élevé, dépassant les 30%.

Des comparaisons récentes ont montré que l’Égypte, avec une économie évaluée à environ 400 milliards de dollars, se positionne comme la deuxième plus grande économie d’Afrique, juste derrière le Nigéria. Ce fait apparaît souvent occulté par des interprétations simplistes des statistiques économiques. L’Égypte a également des ressources naturelles significatives, notamment dans le secteur du gaz, et a récemment lancé des projets d’envergure comme le développement du Canal de Suez, qui continue de jouer un rôle clé dans le commerce maritime international.

### La dynamique des relations internationales

Les critiques des déclarations de Witkoff, notamment celles du député égyptien Mostafa Bakry, soulignent une dimension cruciale des préoccupations économiques. Plus qu’une simple question de chiffres, ces commentaires interviennent dans un climat de tension géopolitique lié à la situation de Gaza et aux relations entre l’Égypte et les États-Unis. En qualifiant l’Égypte de « largement en faillite », Witkoff semble non seulement porter atteinte à la souveraineté économique du pays, mais aussi servir les intérêts stratégiques américains qui cherchent à influencer le positionnement égyptien dans les négociations sur Gaza.

En effet, l’Égypte a, au fil des années, joué un rôle clé dans la médiation entre Israël et les dirigeants palestiniens. La pression pour des solutions à court terme sur la question palestinienne pourrait conduire à des positions politiques qui ne tiennent pas compte des réalités structurelles des défis économiques du pays. Un cadre de coopération basé sur des propositions mutuellement bénéfiques pourrait être plus favorable que des pressions extérieures qui semblent ignorer la résilience historique du peuple égyptien.

### Reconnaître le potentiel économique

Un autre angle d’analyse multiple peut être glané en se penchant sur les opportunités de développement durable en Égypte. Le pays jouit d’un positionnement géographique stratégique, en tant que carrefour entre l’Afrique et l’Asie, ce qui, au-delà des défis actuels, lui permet de diversifier son économie et d’attirer des investissements étrangers.

Au-delà de la dépendance des remises des Égyptiens vivant à l’étranger ou du secteur touristique, il est primordial que le gouvernement égyptien encourage l’innovation locale. Les initiatives d’entrepreneuriat numérique, par exemple, connaissent un essor dans des villes comme Le Caire et Alexandrie. Les jeunes startups qui émergent dans des secteurs tels que les technologies de l’information et de la communication représentent une promesse pour le futur économique du pays.

### En conclusion

L’Égypte se trouve à un moment charnière de son histoire, où des opportunités d’évolution économique coïncident avec des pressions géopolitiques croissantes. Les déclarations d’intervenants comme Witkoff doivent être interprétées dans un cadre qui prend en compte non seulement la critique, mais aussi la place de l’Égypte dans le jeu complexe du Moyen-Orient. Plutôt que de se laisser définir par des commentaires extérieurs, l’Égypte a l’occasion de redéfinir son avenir en s’appuyant sur ses atouts et en cultivant un dialogue constructif tant en interne qu’avec la communauté internationale. Les voies à suivre sont complexes, mais l’histoire égyptienne est également jalonnée de résilience et d’innovation, et l’heure pourrait très bien être à la constitution d’une nouvelle approche vers le développement.