### Une Crise Humanitaire à Lubunga : Identification des Déplacés ou Arnaque ?
Dans la commune de Lubunga, le drame des déplacés continue de se déployer à une échelle alarmante. Une lueur d’espoir est apparue avec l’initiative de la paroisse Sainte Marthe, qui, depuis deux ans, offre refuge à des personnes fuyant les violences inimaginables qui ont ravagé leurs communautés. Toutefois, derrière cette volonté d’assistance se cache une vérité troublante : l’identification des victimes des atrocités s’est transformée en un processus obscur et commercialisé, laissant les véritables nécessiteux dans un état de désespoir exacerbant.
### Une Réalité Troublante : L’Enregistrement Payant
Les opérations d’enregistrement qui ont eu lieu récemment à la paroisse Sainte Marthe, ainsi que dans d’autres zones comme Kongakonga, ont suscité une indignation croissante. Ce qui était censé être une formalité administrative gratuite est devenu une arnaque, avec des frais d’enregistrement qui ont gonflé de 3 000 à 20 000 francs congolais. Une personne en quête d’aide se voit dès lors forcée de débourser une somme que beaucoup n’ont pas, étant donné qu’ils ont déjà perdu leurs moyens de subsistance.
Le témoignage d’un déplacé, qui a choisi de rester anonyme pour des raisons de sécurité, révèle la misère et le désarroi qui s’installent dans ce cadre. « Comment un déplacé qui a tout perdu peut-il trouver de l’argent pour être identifié ? » s’interroge-t-il, soulignant l’ironie tragique d’une situation où les victimes sont exploitées plutôt qu’aidées.
### Comparaison avec D’autres Crises Humanitaires
L’exemple de Lubunga n’est pas isolé. Dans plusieurs crises humanitaires à travers le monde, de telles dérives se sont produites. Considérons le cas des camps de réfugiés syriens au Liban, où des intermédiaires exploitent également les besoins désespérés des déplacés, souvent pour des frais exorbitants d’accès à des services de base tels que la santé ou l’éducation.
Une étude menée par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en 2020 a révélé que près de 45 % des réfugiés interrogés au Liban avaient été confrontés à des abus financiers lors de leur recherche d’aide. Ce parallèle illustre non seulement la universalité de ce phénomène tragique, mais aussi l’urgence d’une intervention de la communauté internationale pour protéger les plus vulnérables.
### Le Rôle des ONG et de la Communauté
Dans ce contexte, des ONG comme Sauti ya Lubunga jouent un rôle crucial. Leur président, Prince Héritier Isomela, a bien identifié le problème : « Des individus sans mandat ni compétence s’improvisent enregistreurs de déplacés et exigent de l’argent ». Son appel à un registre gratuit des victimes vise à contrer l’exploitation systémique des personnes vulnérables, mais il met également en avant la nécessité d’une régulation stricte des interventions humanitaires.
À cet égard, il est essentiel que les ONG soient soutenues par des mécanismes gouvernementaux transparents et fiables pour effectuer des enregistrements. Les autorités doivent s’impliquer, établir un cadre de travail clair et identifier des acteurs fiables pour se charger de ces tâches.
### Préconisations et Solutions Alternatives
Pour sortir de cette spirale de désespoir, plusieurs approches peuvent être envisagées :
1. **Création d’une Plateforme d’Enregistrement Communautaire :** En confiant aux représentants de villages et d’axes routiers, qui connaissent mieux les personnes ayant fui, la responsabilité d’enregistrer les déplacés, on gagnerait en légitimité et en efficacité. Cela limiterait aussi le risque d’abus.
2. **Sensibilisation sur les Droits des Déplacés :** Éduquer les déplacés sur leurs droits et sur les démarches à suivre pour obtenir de l’aide peut les protéger contre les abus.
3. **Collaboration entre États et ONG :** Une stricte régulation des processus d’enregistrement par les autorités, en collaboration avec des ONG habilitées, est essentielle pour garantir une aide efficace et gratuite.
### Conclusion : Vers une Réforme Urgente
La situation à Lubunga n’est pas qu’un simple récit d’injustice ; c’est un appel à l’action pour un système humanitaire souvent miné par des pratiques douteuses. La voix des déplacés doit être entendue, et des mesures doivent être mises en place pour s’assurer qu’ils reçoivent l’assistance nécessaire sans être victimes de nouveaux abus. Au-delà des étiquettes de « victimes » ou de « déplacés », ce sont des êtres humains, aux histoires et espoirs, qui méritent notre considération et notre soutien. Il est temps que les acteurs publics et privés travaillent ensemble pour établir un environnement où l’aide humanitaire rime enfin avec dignité.
L’avenir des déplacés de Lubunga dépend de notre capacité collective à reconnaître leurs droits et à agir avec compassion, intégrité et responsabilité.