**État de Siège en Ituri et au Nord-Kivu : Une Mesure à Double Tranchant qui Soulève Plus de Questions qu’elle n’Apporte de Réponses**
Le 22 mars 2025, l’Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo a prolongé, pour la énième fois, l’état de siège dans les provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu. Bien que cette décision ait été justifiée par une volonté de restaurer la sécurité dans ces régions en proie à la violence et à l’insurrection, elle en dit long sur les complexités politiques et sociales qui gravitent autour de cette mesure. Au cœur des débats, la question se pose : l’état de siège est-il réellement efficace pour lutter contre l’insécurité ou n’est-il qu’un pansement sur une plaie béante ?
**Un Constat Amère : La Sécurité en Déclin Malgré l’État de Siège**
Depuis sa proclamation en mai 2021, l’état de siège, qui visait à instaurer une administration militaire pour faire face à l’escalade de l’insécurité, a été une réponse controversée aux crises persistantes des provinces orientales. À première vue, le principe semble louable : une gouvernance renforcée pour rétablir la paix. Néanmoins, les résultats sont loin d’être satisfaisants. Les rapports d’ONG et d’organismes internationaux indiquent une aggravation de la situation sécuritaire dans ces régions, avec une recrudescence d’attaques armées, d’exactions perpetrées par divers groupes armés et d’une occupation militaire qui semble exacerber les tensions plutôt que de les apaiser.
Un exemple frappant est la montée en puissance des groupes armés tels que les code militaires, qui continuent d’opérer avec impunité dans certaines zones. Selon une étude de l’Institut de recherche de sécurité, le nombre d’incidents violents dans le Nord-Kivu a augmenté de 32 % entre 2021 et 2025, et ce malgré la présence militaire. Cette situation interroge la légitimité des décisions politiques prises autour de l’état de siège et soulève une question cruciale : pourquoi cette mesure mise en place pour résoudre les problèmes d’insécurité semble-t-elle en réalité les aggraver ?
**Une Opinion Partagée mais Divisée : L’Appel à la Fin de l’État de Siège**
Au-delà des simples chiffres, la prorogation de l’état de siège divise non seulement les députés, mais également la population locale qui oscille entre espoir et désillusion. De nombreux élus régionaux, parmi les plus proches des réalités du terrain, ont commencé à s’opposer à cette mesure qu’ils considèrent obsolète. Ils plaident pour un changement de stratégie. Le sentiment général au sein des communautés est que le retour à un gouvernement civil, couplé à des méthodes de résolution de conflit plus inclusives, pourrait offrir de meilleures chances de succès.
Par ailleurs, la question de la perception de l’état de siège par la population est primordiale. Les ressentiments à l’égard des forces de sécurité ont dérivé vers un sentiment de méfiance exacerbée, avec des accusations de violations des droits de l’homme. La présence militaire n’est pas uniquement vue comme une protection, mais aussi comme une menace. Les témoignages d’anciens membres des communautés et d’observateurs indépendants mettent en avant des abus qui s’ajoutent à la souffrance déjà éprouvée par les habitants.
**Des Alternatives à Explorer : Un Appel à la Réflexion**
En réponse à cette dynamique, il est impératif de se tourner vers des méthodes alternatives de gouvernance et de sécurité. Les initiatives de désarmement et de réhabilitation communautaire, soutenues par des organisations non gouvernementales, pourraient ouvrir la voie à une paix durable. Des programmes d’éducation, de création d’emplois et de médiation entre groupes armés et communautés locales peuvent potentiellement transformer le tissu social, favorisant un retour au calme sans la nécessité d’une administration militaire.
De plus, la diplomatie régionale devra jouer un rôle primordial. La coopération entre les pays voisins, souvent touchés par des conflits transfrontaliers, pourrait permettre de cerner le problème à une échelle plus large. Une concertation qui engloberait les dynamiques économiques et politiques pourrait également être envisagée, car il est crucial de ne pas voir le conflit sous l’angle militaire mais plutôt comme un problème humain et sociétal.
**Conclusion : Vers une Nouvelle Vision de la Sécurité en Ituri et au Nord-Kivu**
En somme, bien que l’état de siège puisse avoir été perçu comme une solution à un moment opportun, l’incapacité de cette mesure à stabiliser effacement la situation pose une question fondamentale sur la manière dont le pays envisage l’avenir. Loin d’être une solution miracle, la prorogation de l’état de siège met en lumière la nécessité de redoubler d’efforts afin des réformes tant militaires que sociales dans ces régions. Au final, l’histoire des provinces de l’Ituri et du Nord-Kivu ne se raconte pas seulement en chiffres ou en stratégies gouvernementales, mais à travers les vies et les espoirs de ceux qui, jour après jour, aspirent à la paix et à la reconstruction.