### L’Agriculture en Terres Dangereuses : Une Résilience Face à l’Adversité en Ituri
Dans les terres fertiles de Jina, à environ 45 kilomètres de Bunia, la beauté des paysages agricoles est ternie par une réalité tragique : la présence de groupes armés qui menacent la vie des habitants et leur capacité à cultiver leurs champs. Alors que le Congo est souvent présenté comme le grenier de l’Afrique, le territoire de Djugu, en Ituri, illustre un paradoxe douloureux : la richesse des sols côtoie une insécurité extrême qui plonge les familles dans la précarité.
**Une lutte pour la survie amid l’insécurité**
Les témoignages des agriculteurs, tel que celui de David Mugisa, ancien enseignant devenu cultivateur, révèlent une volonté indéfectible de surmonter la peur. « Cultiver la terre, malgré l’insécurité, est une nécessité, mais aussi un risque », dit-il. Qu’est-ce qui pousse ces hommes et ces femmes à braver le danger quotidiennement pour faire prospérer cette terre? La réponse se trouve dans l’urgence de nourrir leurs enfants. Selon les statistiques de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), en 2022, près de 56% de la population de l’Ituri était en situation d’insécurité alimentaire, une situation qui ne fait qu’empirer.
### **Un retour à l’agriculture : un choix forcé**
Alors que l’assistance humanitaire se raréfie, les habitants se tournent vers l’agriculture comme ultime recours. Cette décision, bien qu’elle soit l’écho d’une résilience admirable, soulève des questions inquiétantes sur la viabilité de cette option à long terme. Les femmes, souvent laissées pour compte dans ces situations, payent le plus lourd tribut. Chantal Ndjangusi, mère au foyer, exprime cette douloureuse réalité : « Comment nourrir nos enfants dans un contexte où nous ne recevons plus d’aide ? »
L’absence d’assistance humanitaire et la nécessité de cultiver vont de pair avec une vulnérabilité accrue face à la violence. En effet, la semaine dernière, trois femmes ont été assassinées alors qu’elles cherchaient des provisions. Ce fait tragique attire l’attention sur le fossé entre la nécessité de produire et l’insécurité qui en résulte.
### **Agir pour le changement : l’appel à une pacification durable**
Face à cette calamité, les voix s’élèvent pour demander une pacification totale du territoire. Pour qu’un endroit aussi fertile que Jina puisse redevenir le grenier agricole qu’il devrait être, des efforts concertés sont nécessaires pour garantir la sécurité des agriculteurs. Des initiatives locales, telles que des programmes de sensibilisation à la paix et des formations sur les techniques agricoles résilientes, pourraient certes apporter un souffle nouveau à la situation.
Au niveau national, le gouvernement congolais, en collaboration avec les organisations non gouvernementales, pourrait mettre en place des mesures plus robustes pour dresser un tableau de sécurité dans les zones rurales de l’Ituri. Comment la communauté internationale peut-elle intervenir efficacement dans des contextes aussi complexes? Le soutien à des initiatives de développement durable et la promotion de l’autonomie des communautés agricoles pourraient faire une différence significative.
### **Un potentiel inexploré**
Il est impératif de rappeler que la terre de Jina n’est pas seulement un terrain cultivable ; c’est un symbole d’espoir et de croissance pour des familles qui se battent pour leur survie. En examinant des exemples d’autres régions d’Afrique, où l’agriculture a été revitalisée malgré les conflits, on peut envisager des voies vers une résilience similaire. La transformation de l’agriculture, avec l’intégration de techniques agroécologiques, pourrait engendrer des bénéfices tant économiques qu’écologiques.
La situation de l’Ituri est alarmante, mais elle n’est pas sans espoir. Si le courage et la résilience des agriculteurs peuvent devenir le fondement d’une nouvelle dynamique, à condition de retrouver la paix, alors Jina pourra, un jour sans doute, retrouver son statut de grenier fertile. C’est en cultivant non seulement la terre mais aussi l’espoir que les habitants de Djugu pourront envisager un avenir meilleur.
### **Conclusion : Vers une prise de conscience globale**
L’histoire de Djugu est un rappel amer de la fragilité de la sécurité alimentaire en contextes de conflit. Elle interpelle chacun d’entre nous, non seulement pour observer, mais pour agir. En soutenant des initiatives locales et en plaidant pour une paix durable, la communauté internationale pourrait contribuer à transformer ces terres menacées en des lieux de prospérité. Les voix des habitants, si souvent étouffées par la violence, méritent d’être entendues et soutenues.