Comment la campagne de santé à Beni peut-elle transformer les défis sanitaires en opportunités de développement durable ?

### Enjeux sanitaires et sociaux de la campagne de distribution de médicaments dans la région de Beni

Le développement sanitaire dans des zones à risque, comme celle de Beni au Nord-Kivu, ne peut se limiter à une distribution de médicaments. La récente campagne de lutte contre l’onchocercose et la schistosomiase, qui cible plus de 300 000 personnes depuis le mardi dernier, doit être analysée sous un prisme plus large, prenant en compte les enjeux socio-économiques, environnementaux et culturels qui entourent ces maladies tropicales négligées.

#### Un enjeu de santé publique face à l’oubli des maladies négligées

L’onchocercose et la schistosomiase sont bien plus que de simples pathologies. Elles sont emblématiques des maladies tropicales négligées (MTN), qui affectent les populations des pays en développement, souvent en marge des priorités de santé mondiale. Ces maladies provoquent des souffrances physiques et psychologiques considérables, mais leur impact va au-delà du champ médical. Elles freinent également le développement socio-économique de régions entières.

Par exemple, la schistosomiase empêche des millions d’enfants d’aller à l’école, compromettant ainsi leur avenir en raison de l’absence d’education et des difficultés d’apprentissage dues à la fatigue et aux douleurs causées par l’infection. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), cette pathologie alone affecte près de 200 millions de personnes dans le monde, souvent dans des zones de conflit, comme cela est le cas à Beni.

#### Une distribution sous tension : enjeux sécuritaires et logistiques

Cette campagne de sensibilisation arrive dans un contexte de tensions sécuritaires, des facteurs qui ont conduit au report de l’initiative l’année précédente. Les risques encourus par les équipes de santé et la population sont palpables. Historique de crises dans la région, l’insécurité troublera souvent le bon déroulement de telles campagnes, même si elles sont cruciales pour la santé publique. Dans ce contexte, il est essentiel d’explorer des solutions logistiques innovantes et de mobiliser les communautés locales en vue de créer un réseau de soutien pour la santé.

La méthode de distribution choisie, qui combine des approches porte-à-porte, des envois dans des structures sanitaires et dans les écoles, est une excellente stratégie pour atteindre les zones reculées. Cependant, il serait bénéfique d’intégrer des technologies numériques et des campagnes de sensibilisation via les réseaux sociaux pour diffuser des informations claires sur l’importance de cette initiative. Ces moyens peuvent renforcer la confiance du public et favoriser l’adhésion à la campagne.

#### Approche intégrée : un need pour une convergence des efforts

La déclaration de Michel Tosalisana sur l’approche « one health » est d’une grande portée. Cela nous rappelle que le bien-être humain est profondément interconnecté à la santé animale et à l’environnement. Ce modèle pourrait être élargi à d’autres sphères. Les efforts de lutte contre ces maladies doivent également impliquer les organisations non gouvernementales (ONG), les acteurs locaux, et surtout la jeunesse. En impliquant les écoles dans cette campagne, l’objectif est à la fois de traiter la santé et d’éduquer sur l’importance des soins sanitaires.

En France, par exemple, une abord intégrée à la santé a montré des résultats positifs. En recourant à l’éducation à la santé dans les écoles, la vulnérabilité aux maladies infectieuses a été considérablement réduite. À Beni, un modèle similaire pourrait se traduire par des ateliers d’éducation, visant non seulement à traiter mais aussi à prévenir les maladies.

#### Constructions de résilience et développement communautaire

Un aspect essentiel que la campagne ne doit pas négliger est le développement de la résilience communautaire. La lutte contre l’onchocercose et la schistosomiase peut s’articuler autour de projets de développement durable, d’assainissement et d’accès à l’eau potable, des initiatives souvent négligées mais qui jouent un rôle significatif dans la lutte contre ces maladies.

Les maladies parasitaires sont intimement liées à des conditions de vie précaires. En fournissant des solutions durables telles que l’amélioration des infrastructures d’approvisionnement en eau et d’assainissement, non seulement on traite les symptômes, mais on attaque également les racines du problème. Cela nécessite des investissements et un engagement soutenu, qui peuvent catalyser un changement à long terme.

### Conclusion

La campagne de lutte contre l’onchocercose et la schistosomiase à Beni représente une occasion cruciale non seulement pour améliorer la santé publique, mais aussi pour construire un avenir plus resilient pour les communautés touchées. En intégrant des solutions durables à long terme, des programmes d’éducation et en faisant appel aux acteurs locaux, il est possible de transformer cette initiative en un levier de changement significatif pour les populations vulnérables du Nord-Kivu. Si les défis sont grands, les possibilités de construire une communauté en meilleure santé et résiliente sont encore plus grandes.