Comment la RDC peut-elle mettre un terme à l’impunité de la pollution des rivières et protéger la santé de sa population ?

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**À Kinshasa, la colère des rivières : mettre fin à l’impunité environnementale en République Démocratique du Congo**

Le 14 mars dernier, le monde a observé avec une attention renouvelée la Journée internationale d’action pour les rivières. Cet événement phare nous rappelle l’importance cruciale des rivières non seulement en tant que sources d’eau potable mais aussi comme vecteurs de biodiversité et piliers des écosystèmes. En République Démocratique du Congo (RDC), cet appel à la protection des cours d’eau trouve une résonance particulièrement forte compte tenu des enjeux environnementaux et sociaux qui entourent la gestion de ces ressources.

**La situation alarmante des rivières congolaises**

Les rivières de Kinshasa, mais aussi celles de nombreuses autres régions du pays, sont soumises à une pression croissante due à urbanisation rapide, à l’exploitation minière sauvage et à des pratiques agricoles non durables. Les activités humaines génèrent des niveaux de pollution alarmants – plastiques, métaux lourds et résidus chimiques se mêlent à l’eau, menaçant ainsi la santé publique et l’équilibre des écosystèmes.

D’après une étude menée récemment par l’Observatoire des ressources naturelles, près de 60% des cours d’eau dans la ville de Kinshasa sont pollués, affectant directement près de 10 millions de personnes qui dépendent de ces eaux pour leur consommation quotidienne. Pourtant, malgré les nombreuses dénonciations par des organismes de la société civile, les pollueurs – souvent de grands industriels et exploitants miniers – continuent d’agir en toute impunité. Comment expliquer un tel paradoxe ?

**Une impunité enracinée dans le système**

La corruption, l’absence de volonté politique et le manque de ressources dédiées à la surveillance environnementale sont des facteurs déterminants de cette situation. La RDC, malgré ses nombreuses richesses naturelles, lutte pour mettre en œuvre des politiques environnementales solides. Si le cadre législatif existe, il reste largement inopérant faute de moyens de mise en application. Les agences de protection de l’environnement sont souvent sous-financées et manquent d’autonomie, rendant difficile leur capacité à agir contre les entreprises polluantes.

La professeure Céline Sikulisimwa souligne une autre dimension de cette problématique : la nécessité d’éduquer les populations sur les enjeux environnementaux. « Il est essentiel que les citoyens réalisent que la pollution de leur environnement immédiat a des conséquences à long terme sur leur santé, leur économie et leur qualité de vie », déclare-t-elle. Le combat doit vestimenter les consciences autant que les politiques.

**Des exemples inspirants à explorer**

Cependant, à travers le monde, des exemples inspirants de lutte contre l’impunité environnementale existent. Au Brésil, par exemple, la mise en place de mécanismes de justice environnementale a permis d’impliquer les communautés locales dans la surveillance de leurs ressources et d’introduire des sanctions concrètes pour ceux qui nuisent à l’environnement.

Toujours en Amérique du Sud, en Colombie, des initiatives juridiques ont reconnu les rivières comme des entités vivantes, capables de revendiquer des droits. Ces avancées ont amorcé des changements significatifs dans la façon dont les ressources naturelles sont gérées et protégées. La RDC pourrait s’inspirer de ces exemples en mobilisant ses citoyens autour de la protection de ses rivières tant en termes de droits que de devoirs.

**Vers une sensibilisation active et une pression sociétale**

Il est impératif de mettre en place des campagnes de sensibilisation à grande échelle pour informer la population sur l’importance vitale des rivières et sur les effets néfastes de leur pollution. Les médias, notamment à travers des plateformes comme Fatshimetrie.org, ont un rôle essentiel à jouer pour porter ces voix et creuser les sujets souvent négligés. En encourageant un dialogue public, en promenant les voix des acteurs de la société civile, ces campagnes pourraient alors inciter à l’action.

De plus, toutes les parties prenantes, notamment les organisations communautaires, les ONG et les universitaires, doivent travailler de concert pour formuler des recommandations claires en matière de politiques de protection des rivières. Une telle collaboration pourrait renforcer la pression sociale sur le gouvernement et les entreprises afin qu’ils prennent des mesures tangibles contre la pollution.

**Conclusion : un avenir à construire**

Face à la dégradation alarmante de ses rivières, la RDC ne peut se permet de fermer les yeux. Le thème de l’édition 2025 de la Journée internationale d’action pour les rivières – « Prendre soin de l’eau. Ne la gaspillez pas. Pensez que celui que vous jetez, les autres peuvent en avoir besoin » – sonne comme un appel à la responsabilité collective. Chaque citoyen, chaque acteur économique et chaque décision politique doit s’unir pour mettre fin à l’impunité qui entoure la pollution des cours d’eau. La préservation de ces précieuses ressources n’est pas seulement une tâche individuelle ou gouvernementale, mais un engagement commun pour un avenir durable.