Comment l’appel du colonel Kiwewa au retour à l’école à Lubero peut-il surmonter les défis des violences persistantes ?

**Lubero : Entre l’Appel au Retour à l’École et les Défis Sécuritaires** 

Le colonel Alain Kiwewa, nouvel administrateur de Lubero, a récemment lancé un appel urgent aux parents pour qu’ils encouragent le retour de leurs enfants à l’école, un geste symbolique après la réouverture des établissements scolaires. Cependant, cette initiative se heurte à un paysage éducatif profondément perturbé par un cycle de violence, où près de 50 000 enfants ont perdu l’accès à l’éducation en raison des tensions entre les forces armées congolaises et les rebelles du M23. 

Malgré une stabilisation relative des conditions de sécurité, le climat reste fragile, particulièrement dans les zones périphériques encore affectées par la violence. Les défis posés par cette situation ne se limitent pas à Lubero ; à l’instar de la région du Tigré en Éthiopie, l’impact du conflit sur l’éducation demeure marqué par les traumatismes et les déplacements forcés des familles. Les ONG jouent un rôle crucial en apportant un soutien essentiel, mais le retour à l’école nécessite également un engagement fort de la communauté. Sensibiliser les parents et impliquer les leaders traditionnels pourraient être des démarches clés pour surmonter l
**Lubero, Ambivalence entre Retour à l’École et État d’Urgence Sécuritaire**

Le 14 mars, sous le feu des projecteurs médiatiques, le colonel Alain Kiwewa, nouvel administrateur du territoire de Lubero, a lancé un appel pressant aux parents pour favoriser un retour massif de leurs enfants à l’école, quelques jours après la réouverture des établissements. En plein cœur du Nord-Kivu, cet appel s’inscrit dans un contexte où la sécurité reste un enjeu majeur pour le réseau éducatif, et soulève une question cruciale : comment assurer la stabilité scolaire lorsque les conditions de sécurité demeurent instables?

### Un Paysage Éducatif en Danger

Il est important de noter que la fermeture des écoles de Lubero-centre, intervenue il y a trois semaines, n’était pas simplement le résultat d’une crise passagère, mais révélait des dynamiques plus profondes enracinées dans un cycle incessant de violence impliquant les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et les rebelles du M23. Dans cette bataille pour le contrôle territorial, les enfants sont souvent les plus touchés. Selon des données récentes d’organisations humanitaires, près de 50 000 enfants ont perdu l’accès à l’éducation, un chiffre alarmant qui cache un drame humain encore plus vaste.

### Stabilisation : Une Ambiance Précaire

Le retour progressif à la normalité, salué par le colonel Kiwewa, doit être recontextualisé. Les écoles à Kimbulu, Musienene et Muhangi, bien qu’elles aient repris les cours, sont en réalité le balbutiement d’une reprise fragile. Le constat d’une « stabilisation relative » du climat sécurisé est un propos optimiste, surtout lorsque l’on considère que les zones périphériques continuent de souffrir de violences ciblées et de déplacements forcés. Les statistiques doivent alerter : la situation reste complexe, voire alarmante, et ne doit pas se limiter à un tableau simpliste d’un retour à l’accalmie.

### Comparaison avec d’Autres Régions en Conflit

Pour mieux comprendre la situation de Lubero, il serait pertinent de la comparer à d’autres zones en conflit, comme la région du Tigré en Éthiopie. Là-bas, malgré des accords de paix récents, les défis liés à l’éducation sont similaires : le trauma des enfants déplacés et la difficulté pour les enseignants de retourner dans des écoles souvent endommagées. Ces contextes partagent une vérité amère : la paix ne revient pas toujours de manière uniforme, et lorsque le calme semble réapparaître, les cicatrices d’un conflit demeurent profondément ancrées dans la société.

### Rôle des ONG et défis à relever

Les organisations non-gouvernementales jouent un rôle crucial dans cette situation, rapportant des données alarmantes sur la retenue scolaire et les besoins en soins de santé. La réhabilitation des infrastructures scolaires est cruciale, mais elle doit aller de pair avec des mesures soutenues pour garantir la sécurité des communautés. En effet, comment libérer les enfants pour qu’ils retournent dans une école à travers des corridors de violence? La confiance entre la population et les institutions éducatives mérite d’être examinée à la lumière des maladies endémiques posées par les conflits.

### Une Réflexion sur l’Engagement Communautaire

Au-delà des appels autoritaires, le succès du retour à l’école dépend aussi d’un engagement communautaire fort. Les parents, souvent réticents face à l’incertitude, doivent être impliqués dans une démarche collective visant à encourager les enfants à reprendre le chemin de l’école. Des initiatives de sensibilisation, des forums communautaires, et l’interaction avec les leaders traditionnels pourraient favoriser cette dynamique. C’est ici qu’un changement de paradigme se dessine : l’engagement local peut devenir la clé pour surmonter une crise éducative prolongée.

### Conclusion

En conclusion, l’appel du colonel Alain Kiwewa pour le retour à l’école, bien qu’urgent et nécessaire, ne doit pas éluder les réalités complexes de la situation sécuritaire à Lubero. Les statistiques parlent d’elles-mêmes, illustrant un tableau inquiétant qui déborde bien au-delà des murs des établissements scolaires. La classe politique et les acteurs locaux doivent comprendre que le chemin vers une éducation durable ne repose pas uniquement sur une déclaration, mais sur la mise en place d’une stratégie collective qui prenne en compte les aspirations et les craintes des jeunes et de leurs familles. Le chemin est long, mais l’engagement de toutes les parties prenantes pourrait permettre de transformer cette ambivalence en opportunités d’avenir.