Pourquoi l’enlèvement du responsable académique à Kisangani déclenche-t-il une crise étudiante et un appel à la justice ?

**Kisangani, une Ville en Ébullition : Réflexions sur le Conflit entre Étudiants et Autorités**

Le 13 mars 2025 restera sans aucun doute gravé dans l’esprit des habitants de Kisangani. Au cœur de cette ville emblématique de la République Démocratique du Congo, une crise s’est déclarée suite à l’enlèvement présumé d’un éminent responsable académique, le secrétaire général académique et directeur général par intérim de l’Institut Supérieur du Bâtiment et des Travaux Publics (IBTP). Ce tournant tragique soulève des questions bien au-delà des simples événements de la matinée : il met en exergue les tensions persistantes entre les étudiants et les autorités, tout en révélant un climat de méfiance et d’insatisfaction qui couve depuis longtemps.

### La Déclencheur de la Crise

L’enlèvement présumé du chef des travaux Luka, pris par des militaires alors qu’il revenait d’une mission officielle à Kinshasa, est le catalyseur de cette agitation. Ce type d’incident, bien qu’il ne soit pas sans précédent dans le paysage académique congolais, renvoie à des méfiances profondément enracinées. Alors que les jeunes demandent des comptes sur la sécurité des enseignants et une plus grande transparence au sein de l’institution, leur mobilisation rapide par la protestation souligne un besoin urgent d’exprimer leur ressentiment face à des années de plaintes ignorées.

### Le Miroir des Tensions Sociales

Pour mieux comprendre les enjeux en jeu, il est intéressant d’examiner les événements à travers le prisme des statistiques sur l’Education en RDC. Un rapport de l’UNESCO signalait en 2021 que près de 3,6 millions d’enfants d’âge scolaire n’étaient pas scolarisés, une situation qui exacerbe la précarité et le sentiment d’abandon au sein des institutions éducatives. Dans ce contexte, l’enlèvement d’un responsable académique peut être perçu comme un symbole de (l’im)puissance des jeunes face aux autorités, renforçant l’idée qu’ils doivent prendre les choses en mains.

### Une Réaction en Chaîne

Suite à l’annonce de cet enlèvement, le campus Kilo-Moto s’est embrasé. Les étudiants, armés de leur colère, n’ont pas hésité à exprimer leur indignation en brûlant pneus et vélos, d’un acte symbolique à un affrontement avec des forces de l’ordre. Ce type de désescalade rapide des tensions témoigne d’une prise de conscience collective, où la frustration accumulée trouve enfin une voix. Loin d’être un phénomène isolé, cet incident rappelle des situations similaires à travers le continent africain : des universités d’Accra à celles de Johannesburg, les étudiants réagissent souvent avec véhémence face à des injustices perçues.

### La Réponse des Autorités : Dialogue ou Répression ?

L’intervention policière et l’utilisation de balles et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants pose la question d’une approche adéquate pour gérer de telles situations. La violence ne fait que renforcer le cycle de l’inquiétude et la défiance mutuelle. De même, l’histoire récente démontre que la résolution pacifique des conflits étudiants est une voie à privilégier. Des pays comme le Sénégal ont montré qu’un dialogue ouvert, où les préoccupations des étudiants sont prises en compte, pouvait transformer une crise en opportunité pour le développement institutionnel.

### Un Appel à l’Action

L’incident de Kisangani devrait servir de signal d’alarme pour les autorités académiques et gouvernementales. Au-delà de la situation actuelle, cela requiert une introspection collective pour identifier les lacunes dans les politiques éducatives et de sécurité. Le moment est venu de redéfinir les enjeux de la gouvernance dans les institutions éducatives, et d’instaurer des canaux de communication proactifs afin de restaurer la confiance, tant entre les étudiants et les administrations que vis-à-vis des institutions gouvernementales.

### Conclusion

Ce qui se joue à Kisangani dépasse le cadre d’une simple protestation d’étudiants. C’est une manifestation d’un besoin urgent de changement, ancré dans l’histoire et le vécu de la population congolaise. Alors que le pays continue de faire face à des défis à multiples facettes, l’avenir semble dépendre de la capacité des dirigeants à écouter la voix des jeunes, à adresser leurs préoccupations et à établir un environnement où chacun peut s’exprimer sans craindre les conséquences. Dans ce contexte, l’IBTP peut devenir bien plus qu’une simple institution ; elle pourrait incarner le changement dont la RDC a désespérément besoin pour se diriger vers une ère de prospérité éducative et sociale.