Comment préserver l’héritage musical congolais à travers les publications d’Asimba Bathy ?

### La Musique Congolaise : Un Trésor à Préserver

La musique congolaise, riche en émotions et en histoires, fait face à une crise de documentation qui menace son héritage culturel. Bien que représentative des luttes et des évolutions de la société congolaise, cette richesse sonore n
### La Musique Congolaise : Un Trésor Culturel Sous-Sol

La musique congolaise est souvent perçue comme une mosaïque vibrant d’énergie, d’histoires et d’émotions. Cependant, derrière cette richesse sonore se cache une réalité inquiétante : une absence quasi totale d’archives écrites. Cet état des lieux soulève des questions non seulement sur la préservation d’un patrimoine culturel, mais aussi sur l’identité même d’une nation à travers sa musique.

#### Un Patrimoine en Danger : L’Absence d’Archives

Loin des clichés de folklore et d’animation, la musique congolaise est un véritable reflet de la société, de ses luttes, de ses joies et de ses évolutions. Pourtant, la majorité des écrits sur ce sujet proviennent d’auteurs extérieurs, souvent mus par une vision biaisée ou simpliste. En effet, peu d’initiatives locales se sont matérialisées pour documenter ce patrimoine, mettant en péril cette richesse unique. Tandis que d’autres pays, comme le Mali ou le Sénégal, ont su capitaliser sur leur héritage musical pour en faire un outil de rayonnement international, la République Démocratique du Congo peine à retrouver son identité musicale dans les livres.

Les publications d’Asimba Bathy, qui viennent d’être lancées sous le label « Les Editions du Crayon Noir », constituent une lueur d’espoir. En abordant des figures emblématiques de la musique congolaise avec des ouvrages tels que « L’âge d’or de la musique congolaise » et « Papa Wemba, de moi à toi », il jette un pont entre l’histoire et la culture contemporaine. Alors que le colonel Lonoh et d’autres pionniers ont posé des jalons, Bathy s’inscrit dans une continuité nécessaire pour susciter l’intérêt des jeunes générations.

#### Une Analyse Contextuelle : L’Évolution de la Musique Congolaise

Prendre un instant pour se pencher sur l’évolution de la musique congolaise, c’est découvrir un kaléidoscope de genres, d’artistes et de mouvements. De la rumba à la soukous en passant par le ngoma et le ndombolo, ces courants musicaux racontent non seulement des récits individuels, mais aussi des chapitres collectifs riches en événements politiques, sociaux et économiques. La rumba, par exemple, qui a évolué au fil des décennies, intègre des influences africaines, latino-américaines et européennes, créant ainsi un style unique qui trouve écho bien au-delà des frontières du Congo.

Pour comprendre cet impact, il est essentiel de confronter les pratiques de documentation musicale en Afrique sub-saharienne aux efforts faits ailleurs dans le monde. Prenons le cas du Brésil, où le samba bénéficie d’un cadre institutionnel solide qui promeut tant la pratique que la recherche autour de cette musique. Des ressources telles que des archives publiques et des récits oraux enrichissent le patrimoine en veillant à ce que les histoires ne soient pas uniquement racontées par ceux qui sont extérieurs à la culture. À quand l’établissement d’une structure similaire en République Démocratique du Congo ?

#### Les Ouvrages d’Asimba Bathy : Une Voie d’Avenir

Le travail d’Asimba Bathy offre une porte d’entrée pour la redécouverte de la musique congolaise sous un angle nouveau. Ses ouvrages, bien que concentrés sur des personnalités spécifiques, ouvrent la voie vers une compréhension plus large des dynamiques culturelles. Par exemple, « Emeneya, la perle rare de la musique congolaise » ne se contente pas de retracer la carrière de cet artiste ; il offre également des perspectives sur l’impact de son œuvre sur l’identité collective congolaise, notamment en matière de représentation et de diversité.

D’autre part, les collaborations qu’il a établies, comme avec Jean-Pierre Eale Ikabe et Boumbe Gel pour « Papa Wemba, de moi à toi », soulignent l’importance du témoignage collectif. Ces récits partagés enrichissent le récit historique et constituent un précieux héritage à transmettre aux générations futures.

#### Conclusion : Un Appel à l’Action

La musique congolaise est à la fois un miroir et une voix pour son peuple. Il est urgent de reconnaître l’importance d’une documentation rigoureuse, afin de préserver cette richesse inexploitable. Les ouvrages d’Asimba Bathy sont un excellent point de départ, mais il faut davantage de contributions, d’initiatives et de soutiens pour que cette précieuse musique ne soit pas seulement une appréciation éphémère.

La ballade de la musique congolaise continue d’évoluer, mais elle doit être accompagnée d’une politique culturelle forte et de l’engagement de la communauté. À l’ère du numérique, où les frontières s’estompent, il serait dommage que ce trésor reste dans l’ombre. La musique et ses histoires doivent circuler, être entendues et célébrées, non seulement au Congo, mais sur toutes les scènes du monde. Ce n’est qu’en créant des archives accessibles et en encourageant la documentation que l’on pourra préserver ce vibrant héritage pour les générations à venir.