**La Relance de l’Inspection Générale des Finances : Vers une Nouvelle Ère de Transparence et de Responsabilité en RDC ?**
Le 7 mars 2025 est un jour marqué par une volonté qui se dessine au sommet de l’État congolais. À la 34e réunion du Conseil des ministres, le Président Félix Tshisekedi a esquissé un cadre ambitieux visant à redynamiser l’Inspection Générale des Finances (IGF), interrompue dans ses missions de contrôle depuis mai 2024. Alors que la République Démocratique du Congo (RDC) traverse une période marquée par des tensions sécuritaires croissantes et des défis humanitaires pressants, cette annonce témoigne d’une détermination à poser des bases solides pour la gouvernance financière, une nécessité impérative dans un contexte où la mobilisation des recettes devient cruciale.
### La « Patrouille Financière » : Une Terminologie Évocatrice
Le terme « patrouille financière » peut prêter à sourire, mais il fait écho à une prise de conscience collective sur l’importance d’une supervision accrue des finances publiques. En traduisant en action ses ambitions de bonne gouvernance, Félix Tshisekedi engage non seulement ses ministres, mais aussi l’ensemble des acteurs économique dans une dynamique de responsabilité partagée. Cette relance entre dans un cadre plus large où la transparence ne doit pas être une option mais une exigence.
En matière de contrôle financier, la RDC fait face à des défis spécifiques. Avec des entreprises souvent perçues comme des leviers de développement, la question de la bonne gestion de leurs opérations reste primordiale. Selon des études précédentes, une gestion opaque des finances publiques pourrait coûter au pays jusqu’à 20% de son budget annuel — une somme qui pourrait faire une différence significative dans les efforts de développement, surtout au sein des entités territoriales décentralisées (ETDs) souvent en proie à des crises de gestion.
### Des Axes de Contrôle Ciblés : Une Stratégie Bien Pensée
Les axes prédéterminés par le Président – acquisitions immobilières, gestion des mandataires publics, passation et exécution des marchés – représentent non seulement des points juridiques, mais également des vecteurs de changement. Cependant, au-delà de l’énonciation de ces axes, il serait pertinent de s’interroger sur leur impact futur. Par exemple, au regard des rapports d’audits précédents, il a souvent été constaté que la gestion des acquisitions immobilières était l’un des points les plus critiqués. Une attention particulière sur les processus qui entourent ces acquisitions pourrait réduire considérablement le risque de corruption et améliorer la confiance du public envers les institutions.
### Un Équilibrisme à Trouver
L’absence de blocage du fonctionnement des entreprises au cours de ces contrôles, comme l’a souligné Tshisekedi, est un élément de langage qui mérite une attention toute particulière. Pourrait-on envisager que cette volonté de transparence s’accompagne d’un dialogue constructif avec les acteurs concernés ? En effet, l’IGF ne doit plus être perçue comme une institution répressive, mais comme un partenaire dans l’atteinte d’un objectif commun : une utilisation efficiente des ressources publiques, vitale pour une économie qui aspire à se relever.
### Le Rôle de la Technologie dans la Surveillance Financière
Il est également crucial d’évoquer le potentiel de la numérisation dans le contrôle financier. Dans un monde où les technologies responsabilisent de plus en plus les citoyens, la RDC a tout à gagner à intégrer des solutions numériques dans le cadre des missions de l’IGF. Par exemple, l’implémentation d’outils de suivi en temps réel des dépenses budgétaires pourrait dynamiser le processus, rendant ainsi chaque dollar dépensé traçable. Des pays ayant mis en place des systèmes similaires ont vu un accroissement significatif de la confiance des citoyens dans leurs gouvernements.
### Une Collaboration Étendue : Petites et Grandes Structures
À cet égard, la collaboration entre l’IGF et l’Association Nationale des Entreprises Publiques du Congo (ANEP) s’avère cruciale. En se penchant sur les rapports des commissaires aux comptes des entreprises d’économie mixte, l’IGF doit s’assurer non seulement que les politiques de bonne gouvernance sont respectées, mais aussi qu’elles sont intégrées dans la culture organisationnelle des entreprises publiques. La responsabilité pourrait ainsi devenir une norme, plutôt qu’une contrainte.
### Conclusion : Un Pas Vers le Futur
En somme, l’instruction de Félix Tshisekedi pourrait bien être le début d’une nouvelle ère pour la gouvernance financière en RDC, un pays où les enjeux de transparence et d’efficience sont plus que jamais au cœur des préoccupations. Les prochains mois seront cruciaux pour voir la mise en œuvre de cet ensemble de mesures, qui, espérons-le, ne restera pas lettre morte. La route est semée d’embûches, mais avec une volonté affichée et une mise en œuvre réfléchie, le pays pourrait amorcer un tournant décisif vers une gestion des finances publiques plus rigoureuse et responsable. La confiance entre le citoyen et l’État est en jeu, et la balle est maintenant dans le camp des institutions financières congolaises.