Comment l’Égypte devient-elle le deuxième plus grand producteur d’énergie solaire en Afrique et quelles en sont les implications géopolitiques ?

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**Énergie solaire en Afrique : L’ascension fulgurante de l’Égypte et ses implications géopolitiques**

L’Afrique, continent souvent perçu à travers le prisme de ses défis énergétiques, est en train de tracer une nouvelle voie dans la production d’énergie renouvelable. La récente montée de l’Égypte au deuxième rang des pays africains en matière d’énergie solaire, avec une capacité installée de 707 mégawatts d’ici fin 2024, n’est pas seulement un succès économique. C’est également le reflet d’une dynamique géopolitique et stratégique qui pourrait redéfinir le paysage énergétique du continent.

**Une dynamique de leadership énergétique**

Avec 1 235 MW, l’Afrique du Sud reste en tête de cette course, tandis que le Zambia se classe en troisième position avec 74.8 MW. Cependant, la progression rapide de l’Égypte, qui a gagné cinq places dans le classement, témoigne d’une volonté politique et d’investissements significatifs dans les énergies renouvelables. Loin d’être un simple fait divers, cette évolution pose des questions cruciales : comment l’Égypte est-elle parvenue à ce résultat et qu’est-ce que cela signifie pour le reste du continent ?

Le rapport de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) souligne que le potentiel solaire de l’Afrique pourrait atteindre une capacité totale de 40 gigawatts d’ici 2024. Ce chiffre est monumental, mais il est encore plus remarquable lorsque l’on prend en compte que l’Égypte et l’Afrique du Sud représentent 78 % de cette capacité. En d’autres termes, ces deux pays sont en passe de transformer l’Afrique non seulement en leader dans le secteur des renouvelables, mais également en acteur central sur la scène énergétique mondiale.

**Une transformation économique et sociale**

La montée en puissance de l’énergie solaire en Égypte ne se limite pas à des chiffres. Elle incarne un changement de paradigme dans la manière dont l’énergie est produite, consumée et pensée sur le continent. Les projets solaires en cours génèrent non seulement des mégawatts, mais aussi des emplois, des infrastructures et une résilience économique face aux fluctuations des marchés mondiaux des combustibles fossiles.

Les investissements dans l’énergie solaire contribuent également à la réduction de la dépendance énergétique et à l’amélioration de la sécurité énergétique. En diversifiant son mix énergétique, l’Égypte s’assure une plus grande stabilité face aux crises économiques et environnementales qui frappent le reste du monde.

**Une opportunité géopolitique à saisir**

D’un point de vue géopolitique, la montée de l’énergie solaire en Égypte peut être perçue comme une stratégie d’ancrage dans le nouvel ordre énergétique mondial. Alors que les pays développés s’efforcent de réduire leur empreinte carbone, l’Afrique pourrait devenir un fournisseur vital de ressources en énergies renouvelables. Avec des projets comme le parc solaire de Benban, qui est l’un des plus grands au monde, l’Égypte s’impose comme un leader capable de capter des investissements internationaux, mais aussi de tisser des alliances qui pourraient redistribuer les cartes des partenariats énergétiques sur le continent.

Le champ est également libre pour le développement d’initiatives régionales qui pourraient se multiplier, comme la création d’un réseau interconnecté d’infrastructures solaires, qui renforcerait non seulement les capacités énergétiques nationales, mais encouragerait également la coopération entre des nations africaines traditionnellement rivales. Cela pourrait éventuellement mener à une organisation régionale axée sur les énergies renouvelables.

**Un engagement pour l’avenir**

À l’échelle mondiale, les projections indiquent que la capacité solaire en 2024 représentera 0,5 % de l’énergie totale produite, mais pour l’Afrique, cette proportion pourrait être augmentée, atteignant 19,2 GW. L’Égypte, en particulier, doit saisir cette opportunité pour non seulement développer son infrastructure énergétique, mais aussi pour exporter son expertise technologique à d’autres nations africaines. L’apparition de hubs d’innovation autour de la technologie solaire pourrait permettre à l’Égypte de capter un savoir-faire qui bénéficierait à l’ensemble du continent.

En conclusion, la montée de l’Égypte dans le domaine de l’énergie solaire ne doit pas être considérée isolément. C’est un phénomène qui va bien au-delà des simples chiffres de capacité installée. Il représente une transformation économique et sociale, une nouvelle norme géopolitique et un engagement profond envers un avenir durable. L’Égypte est en train de transformer le récit énergétique de l’Afrique, et si cette tendance se maintient, le continent pourrait devenir un acteur de premier plan dans la lutte mondiale contre le changement climatique tout en boostant son développement économique.