### Le Business Africa Forum : Au-delà des problématiques, une vision éclairée pour l’avenir économique du continent
La semaine écoulée, Paris a été le théâtre d’une rencontre marquante de l’économie africaine avec la tenue de Business Africa, en résonance avec le Forum Business Africa 2025. Ce rassemblement s’est concentré sur des thématiques cruciales : l’intelligence financière comme levier de développement, le retour des talents de la diaspora, et le rôle des femmes dans l’entrepreneuriat. Cependant, l’essence même de ces discussions mérite une analyse plus approfondie pour envisager que ces défis ne sont pas de simples obstacles, mais de potentielles opportunités à saisir.
#### L’intelligence financière : Plus qu’un outil, une nécessité sociétale
Le propos autour de l’intelligence financière, évoqué par Stanislas Zeze, soumet à notre attention une vérité souvent oubliée : l’éducation et la culture financière ne sont pas seulement des atouts pour les entrepreneurs, mais représentent un enjeu sociétal. La digitalisation, bien que prometteuse, ne peut compenser un déficit de savoir. Au sein de la communauté entrepreneuriale africaine, nous observons une forte disparité en matière de compétences financières. Une étude récente a révélé qu’environ 65% des jeunes entrepreneurs en Afrique ne possèdent pas les connaissances nécessaires pour faire croître leur entreprise de manière durable. Il devient impératif de repenser l’éducation économique à tous les niveaux. Des programmes d’éducation à l’entrepreneuriat, intégrés dès le secondaire, pourraient transformer cette situation. Des exemples de pays comme le Rwanda, qui a investi dans l’éducation entrepreneuriale, montrent un modèle à suivre.
#### La diaspora : Un pont entre deux mondes
Le retour croissant des talents de la diaspora constitue un phénomène stimulant pour l’économie africaine. Avec 40% des Africains de la diaspora en France envisageant de rentrer, cette dynamique devrait être exploitée de manière stratégique. Pourtant, le défi demeure : comment garantir que ce retour ne soit pas seulement un mouvement de personnes, mais un saut qualitatif en termes d’innovation et de gestion d’entreprise ? L’alchimie entre les compétences acquises à l’étranger et la connaissance du marché local est essentielle. L’appel à la collaboration entre les entrepreneurs de la diaspora et ceux du continent, souligné par Stéphane Tiki, est donc crucial. En mettant en place des plateformes d’échange et de co-création, le secteur privé peut tirer parti de l’intelligence collective pour bâtir un environnement économique propice à la croissance.
#### Les femmes : Un potentiel inexploité
Le paramètre de l’égalité des sexes en matière d’entrepreneuriat, et tout particulièrement pour les femmes, mérite une attention particulière. Actuellement, le constat est alarmant: seulement 20% des entreprises en Afrique sont dirigées par des femmes, avec seulement 1% du financement total provenant de sources d’investissement. Ces chiffres ne sont pas seulement des statistiques, ils révèlent un manque de confiance et de soutien envers une partie de la population qui a prouvé sa capacité à innover et à générer des emplois. Ce potentiel féminin est d’autant plus souligné par des études indiquant que les entreprises dirigées par des femmes ont tendance à être plus résilientes et à générer un impact social plus fort sur leurs communautés. Ainsi, les politiques publiques doivent non seulement encourager l’investissement dans les entreprises dirigées par des femmes, mais aussi, et surtout, cultiver un environnement où l’entrepreneuriat féminin est valorisé.
#### Vers un écosystème entrepreneurial durable
La combinaison de l’intelligence financière, du retour de la diaspora et de la promotion de l’entrepreneuriat féminin ne constitue qu’une partie de l’équation. Pour construire un écosystème entrepreneurial solide et durable, une approche systémique est essentielle. Cela inclut la collaboration entre les Gouvernements, le secteur privé, les organisations internationales, et les partenaires de développement. Le renforcement des infrastructures, l’accès à des financements adaptés, le soutien à l’innovation et le développement des compétences sont autant de leviers à activer.
De plus, des initiatives comme celle de récupérer des fonds pour des projets mutualisés peuvent contribuer à réduire les inégalités d’accès au financement. En 2023, une initiative panafricaine visant à créer un fonds commun d’investissement pour les petites entreprises dirigées par des femmes a été lancée, promettant d’injecter des millions dans l’économie locale.
### Conclusion
Le Business Africa Forum a mis en lumière de nombreux défis, mais la transformation de ces problématiques en opportunités est un réflexe que les acteurs impliqués devront cultiver. L’intelligence financière, le retour des talents de la diaspora et l’émancipation des femmes dans l’entrepreneuriat forment un triangle d’or potentiel qui pourrait propulser l’Afrique vers une nouvelle ère de prospérité. Si nous voulons réellement construire le futur économique de l’Afrique, une réforme à la fois audacieuse et inclusive est requise. Chaque voix, chaque idée, et chaque initiative peut contribuer à cette mosaïque vibrante que constitue le continent africain.