Le jeudi 27 février 2025, Lisala, ville emblématique de la province de Mongala en République Démocratique du Congo, a vibré au rythme d’un patriotisme effréné. Aimé Sakombi Molendo, Ministre des Hydrocarbures et élu de la circonscription, a entrepris une démarche audacieuse pour mobiliser la jeunesse locale en vue de renforcer les rangs des Forces Armées, dans un contexte de préoccupation nationale face à la menace rwandaise et à ses alliés du mouvement armé dit AFC/M23. En examinant cette initiative sous un angle plus large, il est crucial de ne pas simplement voir cela comme une simple mobilisation, mais plutôt comme un reflet d’une dynamique sociopolitique complexe et d’une revitalisation du sentiment national dans un pays aux multiples défis.
La réaction de la population de Lisala ne s’est pas faite attendre : des centaines de jeunes ont répondu à l’appel, manifestant une volonté de servir et de défendre leur nation. Ce geste symbolique, bien que déterminant pour le renforcement des effectifs militaires, cache une réalité plus profonde : l’engagement de cette jeunesse face à des enjeux qui dépassent le cadre militaire. Au-delà de la bravoure martiale, se pose la question de leur avenir, de l’accès à l’éducation, à des emplois dignes et à une vie meilleure qui ne dépend pas uniquement des conditions géopolitiques.
Un élément marquant de cette mobilisation est le don de motos par Sakombi Molendo au Gouvernorat de la province. Ce geste apparaît non seulement comme une volonté de motiver les troupes, mais aussi comme une stratégie administrative visant à faciliter la connexion entre le gouvernement et ses citoyens, en renforçant l’accès des jeunes des villages environnants à l’information et à l’organisation. En cela, Lisala, qui a vu naître des figures emblématiques comme le Maréchal Mobutu, se repositionne sur l’échiquier national en utilisant son héritage guerrier comme un vecteur de rassemblement.
Comparativement, le contexte actuel de la RDC nous invite à adopter une approche comparative avec d’autres nations confrontées à des défis similaires. Par exemple, le modèle de la société estonienne, qui, après avoir subi l’occupation, a méthodiquement construit un état d’esprit de défense nationale tout en investissant dans l’éducation et l’économie. En comparaison, la RDC doit jongler entre les réalités de la guerre et celles de la reconstruction. L’engagement militaire ne peut plus être un dispositif isolé ; il doit s’accompagner d’un effort coordonné vers la création d’un environnement propice au développement économique et sociétal.
Statistiques à l’appui, en novembre 2023, le taux de chômage des jeunes en RDC était estimé à environ 30%, un chiffre alarmant qui laisse entendre qu’une grande partie de cette jeunesse pourrait se tourner vers des activités illégales ou vers la désillusion si l’Etat n’initie pas des mesures concrètes pour leur offrir des perspectives viables. Cette réalité pose alors une interrogation cruciale : comment garantir que l’engagement des jeunes s’inscrive dans un processus plus large de renouveau économique et social, et non uniquement dans une dynamique de guerre ?
Il convient également d’analyser l’impact de ces événements sur le plan international. La RDC, riche de ses ressources naturelles, est souvent le théâtre d’intérêts variés. Le soutien du ministre à la mobilisation militaire intervient dans un contexte où les relations avec les pays voisins, en particulier le Rwanda, sont toujours tendues. Une ressource humaine motivée pourrait renforcer la position du pays dans ses négociations diplomatiques et économiques futures. En d’autres termes, cette volonté d’ériger un front national fort pourrait être la clé pour repenser l’avenir de la sécurité et de la coopération régionale.
En somme, l’initiative d’Aimé Sakombi Molendo en faveur de la mobilisation des jeunes à Lisala peut être perçue comme un acte de patriotisme sincère, mais elle doit également être considérée comme une occasion d’opérer un virage dans la perception de la défense nationale. L’enjeu est désormais de lier étroitement cet élan de fierté collective à une vision de long terme, une vision où sécurité et développement économique marchent main dans la main. Le défi pour le Congo demeure de faire évoluer le patriotisme d’une simple dévotion militaire vers une ambition collective pour un avenir meilleur.
Alors que la Marche des Jeunes de Lisala fait la une des préoccupations nationales, il est essentiel pour les décideurs de s’interroger sur le véritable sens de cette mobilisation et les voies possibles d’accompagnement pour assurer que l’engagement noble de cette jeunesse se traduise par des changements profonds et durables dans la société congolaise.