Comment la campagne « Congolais Telema » pourrait-elle transformer la mobilisation populaire en RDC face à l’agression rwandaise ?

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**Mobilisation nationale en RDC : Entre unité populaire et enjeux de guerre**

Le 1er mars 2025, la Première Ministre de la République Démocratique du Congo (RDC), Judith Suminwa Tuluka, a lancé une campagne audacieuse intitulée « Congolais Telema », symbolisant non seulement une mobilisation financière significative, mais également une tentative de rassembler la nation autour d’une cause commune : la défense de la patrie face à l’agression rwandaise. En annonçant une contribution de plus d’un milliard de Francs congolais (1.201.300.000 CDF) de la part du gouvernement, elle souligne une volonté collective de s’opposer à l’occupation étrangère, mais surtout de renforcer l’esprit patriotique au sein de la population congolaise.

**La richesse de l’engagement populaire**

La Première Ministre a évoqué la nécessité d’une mobilisation globale, intérieure et extérieure, afin de sauver ce qu’elle définit comme « notre mère patrie ». L’invitation à chaque Congolais de contribuer à l’effort de guerre soulève une question essentielle : jusqu’où peut aller l’engagement populaire pour soutenir une cause nationale en période de conflit ? En se référant aux événements de 1998, l’histoire rappelle que la population peut se mobiliser et jouer un rôle crucial dans la défense de son territoire. De telles initiatives, qui transcendent la simple action gouvernementale, deviennent un puissant catalyseur d’unité dans des moments d’incertitude.

Cependant, cette démarche alarmante doit également être contextualisée dans la réalité actuelle du pays. La guerre en RDC, qui remonte à plus de trois décennies, n’est pas uniquement un enjeu militaire ; c’est également une vaste problématique d’identité nationale, de justice sociale, et de lutte contre l’exploitation des ressources naturelles. Les conflits récurrents ont exposé les failles des structures politiques et économiques. L’armement des populations, comme proposé par la mise en avant de ce front populaire, doit être accompagné d’une réflexion sur le besoin d’établir un solide système judiciaire et économique déraciné de la corruption pour éviter l’escalade de violence.

**Une guerre multidimensionnelle**

Il est important de souligner que, comme le notait la Première Ministre, le front militaire n’est qu’un des nombreux fronts de cette guerre. La guerre en RDC prend des formes variées—diplomatique, médiatique, économique, et spirituelle—toutes interconnectées. Sur le plan diplomatique, la RDC doit faire face à un environnement international complexe où ses actions et politiques sont scrutées, nécessitant une approche stratégique pour obtenir le soutien des nations alliées.

Statistiquement, les données montrent qu’entre 2000 et 2020, la RDC a enregistré l’un des taux de déplacement de population les plus élevés au monde, avec des millions de personnes déplacées à cause de conflits internes et d’invasions étrangères. La permanence de cette violence soulève des questions sur l’efficacité des politiques de sécurité. Dans ce combat, la diversité ethnique, souvent exploitée par les belligérants, pourrait devenir un atout précieux si elle est exploitée pour construire une solidarité nationale plutôt que l’exacerbation des tensions.

**Appel à une vision prospective**

Il est également crucial que ce mouvement d’unité ne se limite pas à une simple réponse militaire. Loin d’un appel à la violence, les leaders congolais, dont la Première Ministre, doivent promouvoir une vision où la reconstruction nationale est au cœur des préoccupations. La paix durable nécessite des approches globales qui inclusent le développement socio-économique, l’éducation des jeunes et des programmes d’intégration pour les déplacés et les ex-combattants. Ainsi, la vision d’une RDC libre des ingérences extérieures doit être aboutie par une meilleure gestion des ressources naturelles, qui pourrait non seulement soutenir l’effort de guerre, mais aussi enrichir le pays à long terme.

**Conclusion**

La campagne « Congolais Telema » est beaucoup plus qu’un simple appel à la mobilisation financière ; c’est un symbole puissant d’unité et de résistance face à des défis historiques. La RDC se trouve à un tournant, et il est impératif que cet élan populaire ne se transforme pas uniquement en un sursaut patriotique temporaire, mais s’inscrive dans une démarche structurante qui aspire à une paix durable et à un développement inclusif. Comme l’histoire l’a montré, la force d’une nation réside dans sa capacité à se rassembler autour de valeurs communes dans les moments de crise. Ce projet doit transcender les frontières du patriotisme et se nourrir de la diversité culturelle et humaine qui constitue le véritable trésor de la RDC.