Comment la fusion des institutions pourrait-elle transformer la lutte contre la corruption en RDC ?

### Vers une rationalisation administrative : Le défi des structures parallèles en République Démocratique du Congo

Le 24 février, le réseau panafricain « Unis » a lancé un appel pressant à l’égard du gouvernement congolais pour entreprendre une réforme audacieuse : la fusion et la suppression de plusieurs structures exerçant des fonctions similaires dans le cadre de la lutte contre la corruption. Ce rapport met en lumière une question cruciale qui dépasse le simple cadre administratif, dévoilant les enjeux économiques, sociaux et politiques qui sous-tendent la gouvernance en République Démocratique du Congo (RDC).

#### Un ensemble d’institutions pléthoriques

À première vue, le constat de l’inefficacité et des redondances au sein des institutions paraît évident. L’Agence nationale de la prévention et lutte contre la corruption (APLC) et d’autres organismes tels que l’Observatoire de surveillance de la corruption et de l’éthique professionnelle (OSCEP) semblent remplir des rôles similaires, créant ainsi une bureaucratie lourde et coûteuse. Transparency International, dans son rapport mondial sur la corruption, souligne d’ailleurs que les pays dotés de structures redondantes ont tendance à voir leurs efforts de lutte contre la corruption entravés par le manque de coordination et l’inefficacité.

L’APLC, qui a absorbé une part significative des ressources budgétaires avec un crédit de 1 540 890 121 FC (environ 611 877 USD), est désormais accusée d’incompétence et de corruption elle-même. Ces allégations mettent en avant non seulement l’urgence d’une révision des structures mais questionnent également leur rapport coût-efficacité, un enjeu de première importance dans un pays aux ressources limitées.

#### Une nécessité d’optimisation en faveur des investissements

La recommandation de fusionner certaines agences émerge non seulement comme une nécessité administrative, mais comme une opportunité de rediriger des fonds vers des secteurs cruciaux comme l’éducation, la santé, et les infrastructures. En réduisant le « train de vie » des institutions politiques, le gouvernement pourrait augmenter les investissements dans les domaines favorisant le développement durable.

Un rapport de la Banque Mondiale estime que la RDC pourrait gagner jusqu’à 2 milliards de dollars par an en rationalisant ses dépenses administratives. Cette somme, si elle était réinvestie judicieusement, pourrait transformer le paysage économique du pays.

#### La perception de la corruption comme un vecteur de changement

Dans un pays où la corruption est perçue comme un mal endémique, la fusion de ces agences pourrait envoyer un signal fort à la population et à la communauté internationale, affirmant que le gouvernement est sérieux dans sa quête d’une gouvernance transparente. Ce geste pourrait éveiller l’intérêt des investisseurs étrangers, boostant ainsi l’économie locale.

La perception de la corruption affecte profondément le climat des affaires. Selon le rapport Doing Business 2020, la RDC se classe parmi les pays les moins attractifs en matière d’investissement. Une rationalisation administrative, associée à une communication efficace autour des réformes entreprises, pourrait changer cette dynamique.

#### Les défis de la mise en œuvre

Cependant, le chemin menant à cette rationalisation n’est pas sans embûches. La résistance politique et l’absence d’un cadre légal clair en matière de réformes administratives sont des obstacles non négligeables. En outre, il est impératif que les réformes soient accompagnées d’une volonté réelle d’intégrer les acteurs de la société civile dans le processus. Leur expertise et leur relation de proximité avec la population sont essentielles pour assurer une mise en œuvre équilibrée et légitime des réformes.

#### Conclusion

La proposition du réseau « Unis » constitue un appel à la responsabilité, tant pour le gouvernement que pour les citoyens congolais. La lutte contre la corruption et l’inefficacité des institutions requiert une vision à long terme, intégrant à la fois des réformes structurelles et une volonté de changement des mentalités. En fin de compte, le succès de cette démarche reposera non seulement sur la rationalisation des institutions, mais aussi sur la capacité à instaurer un climat de confiance entre l’État et la société.

Seule une approche intégrée permettra de construire un avenir où la bonne gouvernance, la transparence et le développement économique vont de pair, offrant ainsi aux Congolais une chance réelle d’aspirer à un meilleur demain.