Pourquoi les femmes en Afrique de l’Ouest choisissent-elles de s’engager dans l’extrémisme et comment l’éducation peut-elle changer cette dynamique ?

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**Femmes et radicalisation : Un regard nouveau sur l’engagement féminin dans les groupes extrémistes en Afrique de l’Ouest**

L’actualité du 27 février 2024, marquée par le séminaire de l’Académie Internationale de lutte contre le terrorisme à Jacqueville, en Côte d’Ivoire, révèle un aspect peu exploré des dynamiques de radicalisation en Afrique de l’Ouest : l’engagement actif des femmes aux côtés de groupes extrémistes violents. Historiquement perçues comme des victimes ou des témoins passifs de la violence, les femmes se rendent désormais compte qu’elles peuvent également jouer un rôle actif, tantôt par contrainte, tantôt par choix, mais toujours dans une complexité qui mérite d’être scrutée de près.

### Une dynamique complexe : contrainte vs opportunisme

Les travaux de chercheurs comme le Dr Abdel Aziz Mossi mettent en lumière la façon dont les femmes sont souvent contraintes de rejoindre des organisations extrémistes en raison de leur vulnérabilité socio-économique, notamment dans les zones frontalières du Bénin et du Togo. Pourtant, l’élément d’opportunisme économique ne peut être négligé. Les groupes armés offrent, en fait, une alternative à des conditions de vie parfois désastreuses. En intégrant la structure de ces groupes, certaines femmes non seulement accèdent à des ressources économiques, mais aussi à un réseau social qui leur permet de sortir de l’isolement et de la pauvreté. Cela soulève une question cruciale : comment des sociétés peuvent-elles aborder cette complexité sans tomber dans le piège de la victimisation simpliste ?

### Éducation et autonomie : deux leviers de la résistance

L’importance de l’éducation, mentionnée par la Dr Ana Mensah, est indiscutable. Elle apparaît comme un levier fondamental pour transformer la dynamique actuelle. En améliorant l’accès des femmes à l’éducation, on ne parle pas seulement de transmission de savoirs, mais aussi d’un véritable empowerment. Cela permettrait de réduire leur vulnérabilité et d’atténuer les motivations qui les poussent à rejoindre des groupes violents. À titre d’exemple, une étude menée par l’UNESCO a révélé qu’un supplément de 1% d’alphabétisation chez les femmes réduit la probabilité que leur famille rejoigne des groupes armés. Ce chiffre met en avant l’extrême importance de l’éducation comme rempart contre la radicalisation.

### L’invisibilité des femmes djihadistes : une réalité préoccupante

Un manque de données significatives concernant les femmes engagées dans des groupes extrémistes est également alarmant. Les statistiques sur le traitement pénal des femmes djihadistes sont presque inexistantes, rendant difficile une compréhension nuancée et une réponse adaptée des autorités. En effet, un suivi psychologique des revenantes de ces mouvements reste encore à développer. Cette invisibilité tend à perpétuer une image stéréotypée de la femme comme victime, ne tenant pas compte des réalités souvent très diverses.

Une comparaison avec d’autres régions du monde peut être pertinente ici. Au Moyen-Orient, notamment en Irak et en Syrie, les femmes ont également rejoint les rangs de l’EIIL, mais des études plus approfondies ont été menées sur leur rôle en tant que soutien logistique ou recruteur. En Afrique de l’Ouest, l’insuffisance des études similaires risque de brider notre capacité à formuler des politiques efficaces et inclusives.

### Élargir le débat : vers une approche holistique

Le débat sur l’engagement des femmes dans les groupes extrémistes ne doit pas occulter la nécessité d’une approche intégrée qui inclut à la fois les hommes et les femmes. Un examen rigoureux des raisons fondamentales qui poussent des individus à rejoindre de tels groupes devrait être au centre des futures études. Cela implique également d’explorer comment la société peut créer des espaces de dialogue et de compréhension pour contrer l’attrait de ces organisations sur les jeunes, qu’ils soient hommes ou femmes.

### Conclusion : une société en quête d’alternatives

Au fur et à mesure que les tendances de la radicalisation évoluent, les réponses doivent également changer. Les femmes ne doivent pas seulement être vues à travers le prisme limité de la victimisation ou de l’engagement extrémiste. À travers une éducation accrue, une meilleure intégration dans l’économie ainsi qu’un suivi adapté après la reddition, il est possible d’offrir aux femmes des alternatives constructives. Ce tournant dans la perception et le traitement des femmes engagées dans des groupes extrémistes pourrait permettre de créer des sociétés plus résilientes et unies face à la menace du terrorisme en Afrique de l’Ouest.

L’avenir des recherches sur le sujet peut s’avérer prometteur, mais il exige une volonté politique et sociale significative pour élever le débat au-delà des clichés et des simplifications, en mettant en avant la nuance, la diversité et la complexité de ces enjeux contemporains.