### La Temporisation de l’Exportation du Cobalt en RDC : Un Souffle Politique ou une Tempête Économique ?
Le 27 février 2025, la Plateforme Comprendre et Agir dans les Secteurs Miniers Industriel, Artisanal et de la Gouvernance (CASMIA-G Asbl) a publié un communiqué marquant son inquiétude face aux récents développements entourant la suspension temporaire de l’exportation du cobalt par le gouvernement congolais. Cette initiative, émanant de l’Autorité de régulation des minerais stratégiques (ARECOMS), soulève une question cruciale : est-ce un pas vers une souveraineté véritable sur nos ressources naturelles ou une simple illusion d’autonomie qui pourrait masquer des enjeux économiques plus profonds ?
#### Un Contexte Économique Mondial Perturbé
Pour appréhender la portée de cette décision, il est nécessaire de rappeler que le cobalt est bien plus qu’un simple minerai. En tant que composant clé des batteries lithium-ion, sa demande est en forte croissance, notamment avec l’essor du secteur des véhicules électriques. En 2022, le marché mondial du cobalt a été évalué à environ 8,6 milliards de dollars, avec une prévision de croissance de 15 % d’ici 2030. Dans ce contexte, la RDC, qui fournit plus de 70 % de la production mondiale de cobalt, se retrouve à la croisée des chemins.
Cependant, au sein même de ce marché florissant, la République Démocratique du Congo affronte de profondes turbulences politiques et économiques, qui risquent de compromettre ses bénéfices potentiels. La décision de suspension des exportations est ainsi perçue non seulement comme un moyen de préserver la souveraineté nationale, mais également comme un moyen de réorienter l’économie vers une intégration plus structurelle, moins vulnérable aux caprices du marché international.
#### Les Réactions des Acteurs du Secteur Minier
La position de CASMIA-G ASBL, qui appelle à une mise en œuvre rigoureuse de cette suspension, met en avant un enjeu de gouvernance. Selon l’organisation, toute dérive dans l’application de cette mesure pourrait ternir la crédibilité de l’Etat congolais sur la scène internationale. En effet, la crainte est légitime : si des entreprises parviennent à contourner cette décision, cela enverrait un message négatif quant à la capacité du pays à s’auto-diriger face à des intérêts souvent puissants et parfois douteux dans le secteur minier.
Par ailleurs, le discours de CASMIA-G souligne aussi un appel à la responsabilité des entreprises minières. La capacité de ces dernières à collaborer avec le gouvernement pour une utilisation judicieuse et bénéfique du cobalt est essentielle. En effet, des initiatives telles que la création de chaînes d’approvisionnement transparentes et durables appuieraient non seulement l’économie nationale, mais pourraient aussi favoriser une prospérité partagée, qui a jusqu’ici fait défaut.
#### Une Opportunité de Renforcement Institutionnel
Il serait donc judicieux de voir au-delà de cette suspension comme d’une simple mesure administrative. Plutôt qu’une menace pour l’économie, cette décision peut offrir effectivement une opportunité pour le renforcement des institutions congolaises et une réévaluation des accords miniers en cours. En augmentant leur pouvoir décisionnel, le gouvernement congolais pourrait travailler à des politiques plus équitables qui profitent non seulement aux multinationales, mais aussi aux communautés locales affectées par l’exploitation minière.
Historiquement, la RDC a souvent été perçue comme un exemple de « malédiction des ressources », où les trésors miniers n’ont pas conduit à une amélioration des conditions de vie pour les Congolais. Le fait que le gouvernement prenne des mesures pour garder le contrôle sur le cobalt pourrait modifier ce récit. Cela présente une plateforme de dialogue entre le gouvernement, les entreprises et la société civile pour redéfinir les termes de leur partenariat.
#### Conclusion
La suspension temporaire de l’exportation du cobalt par le gouvernement congolais, loin d’être un simple acte isolé, incarne des enjeux systémiques plus vastes. C’est une opportunité à saisir pour une réforme structurelle du secteur minier, et une invitation à réévaluer les relations de pouvoir entre l’Etat, les investisseurs et la société civile. Pour en faire un succès, il sera crucial que tous les acteurs se rassemblent autour d’un objectif commun : faire en sorte que les ressources naturelles deviennent une source de prospérité collective et de développement durable pour la Nation.
En conclusion, la vigilance de CASMIA-G ASBL et d’autres acteurs congolais doit être considérée comme un élément moteur dans une dynamique de changement audacieux, permettant d’espérer doter la RDC non seulement d’une autorité souveraine sur ses ressources, mais aussi d’un avenir propice, tant sur le plan économique que social.