**Démêler les Nœuds de la Violence : L’Initiative du Fonarev au Kongo Central**
Le 20 février 2025, un événement marquant s’est tenu à l’hôtel Ledya, en présence du gouvernement provincial du Kongo Central et du Fonds national de réparation des victimes (Fonarev). L’initiative de lancement des “52 jours d’identification des victimes des violences sexuelles” revêt un caractère urgent et nécessaire dans une province encore marquée par des décennies de conflits et violences. Mais au-delà des simples chiffres et des promesses, qu’est-ce qui se cache réellement derrière cette démarche ?
### Un Contexte Historique Chargé
Depuis l’accession à la souveraineté nationale en 1960, la République Démocratique du Congo (RDC) a été le théâtre de crises récurrentes, avec une succession de rébellions et de conflits armés. Selon le rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), la RDC demeure le pays le plus touché au monde en matière de violence basée sur le genre, avec environ 1,8 million de femmes et d’enfants victimes de violences sexuelles depuis les années 1990. Parmi ces statistiques alarmantes, le Kongo Central a enregistré des épisodes tragiques, illustrant la nécessité d’une réponse systématique et holistique comme celle proposée par le Fonarev.
### Pourquoi une Liste Unique Consolidée ?
La création de la Liste Unique Consolidée (LUC) constitue un vecteur essentiel pour le rétablissement des droits des victimes. En assurant un accès aux réparations, cette initiative pourrait devenir le tremplin vers une véritable renaissance pour les victimes de violences sexuelles. En outre, la LUC apportera une visibilité et une reconnaissance indispensables à ces victimes longtemps ignorées par l’État.
Les deux axes stratégiques de sensibilisation, à savoir encourager la participation des victimes et protéger leur confidentialité, soulignent la volonté du Fonarev de se démarquer des initiatives passées où l’isolement et le stigmate accompagnaient souvent le témoignage des victimes. Ainsi, cette approche novatrice représente un changement de paradigme dans la façon dont les institutions congolaises abordent les violences sexuelles.
### Une Mobilisation Communautaire Cruciale
Les résultats de cette initiative ne peuvent être dissociés du soutien communautaire. En effet, il apparaît que les programmes d’identification réussis reposent souvent sur une mobilisation locale forte. Par exemple, cette forme de soutien a été primordiale dans le succès des programmes de justice transitionnelle en Afrique du Sud suite à l’apartheid. En impliquant non seulement les victimes, mais aussi les communautés, l’État congolais pourrait construire un filet de sécurité qui non seulement préviendrait le silence, mais également renforcerait l’unité collective face aux injustices.
Le fait que le Fonarev forme des équipes sur le terrain pour renforcer leur capacité à faire face aux imprévus est également un point fort. L’approche dynamique et adaptative augmente les chances de succès dans un contexte où les attentes et les réalités peuvent rapidement changer.
### Des Bénéfices au-delà de l’Identification
L’initiative de sensibilisation ne se limite pas uniquement au cadre de l’identification. Elle s’inscrit dans une démarche plus large d’éveil des consciences collectives sur les droits humains et la lutte contre l’impunité. En incitant les victimes à revendiquer leurs droits, elle pourrait encourager un esprit critique au sein des communautés, favorisant une culture de non-violence, de respect et d’approche communautaire face aux atrocités.
D’un autre côté, il est crucial de prévoir un suivi post-identification. Des programmes psychosociaux et un accompagnement à long terme seront nécessaires pour éviter que l’identification ne soit qu’une étape symbolique, mais sans suivis concrets, pour aider les victimes à se reconstruire.
### Vers une Réparation Équitable
La nécessité de réparations justes et équitables ne peut être sous-estimée. Dans cette perspective, le modèle norvégien de financement de la réparation aux victimes de violences sexuelles pourrait servir d’exemple. En Norvège, un cadre légal a été instauré garantissant une compensation financière et des services de santé mentale pour les victimes. L’implémentation de telles mesures au Kongo Central permettra non seulement de réparer les torts, mais aussi de redonner de la dignité aux victimes, une dimension cruciale dans leur processus de guérison.
### En Conclusion
L’initiative du Fonarev, loin d’être une simple formalité, représente un tournant potentiel pour la reconnaissance et le traitement des violences sexuelles au Kongo Central. Le défi reste immense, mais l’engagement des autorités locales, des communautés et des victimes elles-mêmes sera déterminant. C’est en dénouant les nœuds de la violence par la sensibilisation, l’identification et les réparations que la RDC pourra, éventuellement, s’engager sur la voie de la réconciliation et de la paix durable.
Dans un pays où les cicatrices du passé demeurent vives, des initiatives comme celles ci peuvent faire la différence, non seulement pour les victimes, mais pour l’ensemble de la société congolaise.