Comment la Tunisie peut-elle surmonter sa crise migratoire tout en préservant ses valeurs humanistes ?

### Tunisie : Une crise migratoire entre humanité et nationalisme

Depuis deux ans, la Tunisie fait face à une crise migratoire majeure, exposant les luttes des migrants subsahariens tout en révélant une dégradation alarmante des valeurs humanistes dans la société tunisienne. Alors que les autorités annoncent des chiffres de contrôle des flux en hausse – avec 80 000 interceptions en 2024 et un triplement des retours volontaires –, la réalité sur le terrain témoigne d
### La Tunisie face à la crise migratoire : un défi humanitaire et sociopolitique

Depuis deux ans, la Tunisie est au cœur d’une tempête migratoire qui met en lumière non seulement les conditions de vie des migrants subsahariens, mais également la dégradation des valeurs humanistes au sein de la société tunisienne. Dans le contexte d’une stratégie migratoire de plus en plus restrictive, les effets de la rhétorique politique, l’évolution des graphiques statistiques et les répercussions sociales méritent une attention particulière.

#### Un environnement incertain

Le communiqué controversé de la présidence tunisienne faisait état d’un prétendu « plan criminel » lié à l’immigration subsaharienne, dénoncé par de nombreuses organisations internationales comme un discours stigmatisant et raciste. Deux ans plus tard, bien que les chiffres du contrôle des flux migratoires aient été avancés par les autorités, le vécu des migrants témoigne d’une réalité bien différente. Les statistiques parlent d’elles-mêmes : 80 000 interceptions en mer et sur terre en 2024 et un taux de retour volontaire de 7 250 migrants, soit un triplement comparé à l’année précédente. Cependant, le chiffre alarmant de 20 000 migrants subsahariens vivant encore dans des conditions précaires révèle une crise humanitaire à grande échelle qui dépasse la simple gestion des flux migratoires.

La région d’El Hamra, où de nombreux migrants campent sous des oliviers, est le symbole d’une désespérance qui persiste. Selon des études menées par des organisations locales, près de 70 % des migrants évalue leur situation comme catastrophique, argumentant que la promesse d’un futur meilleur en Europe s’amenuise à mesure que les politiques d’interception se durcissent.

#### Discrimination structurelle

Les campagnes sécuritaires contre les migrants ne se limitent pas à des actions physiques, mais engendrent également un climat de haine et de méfiance. Le cas récent d’une députée tunisienne suggérant le contrôle des naissances chez les femmes migrantes est révélateur d’une stigmatisation qui traverse les institutions. Les réseaux sociaux, loin de servir de plateformes de sensibilisation, deviennent des espaces d’amplification de sentiments xénophobes, souvent relayés par des figures politiques. Le propos raciste ne se limite pas aux mots – il façonne des réalités tangibles, influençant les attitudes sociales et les politiques publiques.

Une analyse comparative des discours migratoires dans d’autres pays méditerranéens, tels que l’Italie ou la Grèce, met en lumière des similitudes troublantes, notamment la tendance à lier l’immigration à des problématiques de sécurité et de démographie. Cependant, la Tunisie, héritière d’une histoire riche et d’un passé de multiculturalisme, se voit inexorablement tiraillée entre sa tradition d’accueil et les exigences d’une politique plus stricte.

#### Un avenir à redéfinir

Face à cette situation, l’urgence d’une redéfinition des politiques migratoires s’impose. La mise en place de mécanismes d’accueil dignes et de régularisation pour les migrants subsahariens pourrait non seulement transformer une crise humanitaire en opportunité d’enrichissement culturel, social et économique, mais également positionner la Tunisie comme un modèle alternatif au sein de la région. L’intégration socio-économique de ces populations pourrait en effet contribuer à lutter contre les stéréotypes et favoriser un multiculturalisme bénéfique.

Des initiatives telles que des programmes d’échanges culturels ou des projets de développement communautaire, qui incluent les migrants, pourraient restructurer le tissu social tunisien, tout en redressant le moral d’une économie en berne. Par ailleurs, l’expertise d’organisations internationales comme l’Organisation internationale de la migration (OIM) pourrait être mobilisée pour établir des programmes d’employabilité adaptés aux talents de ces migrants, encourageant une dynamique positive.

#### Conclusion

En somme, la situation des migrants subsahariens en Tunisie illustre un dilemme complexe, où l’humanité se heurte à des sentiments nationalistes contemporains. Seule une approche inclusive et humaniste permettra de briser ce cycle de détérioration. L’enjeu est clair : il ne s’agit pas seulement de gérer des flux migratoires, mais de construire une société solidaire et respectueuse des droits humains, fondée sur des valeurs de dignité et de respect mutuel. La Tunisie, au cœur de ce débat, se doit de ne pas céder à la facilité d’une politique de rejet, mais d’embrasser le défi de l’intégration et de la coexistence pacifique. Fatshimetrie.org continue de suivre cette évolution de près, éclairant les enjeux clés que cela représente pour la société tunisienne et au-delà.