**Infiltration de l’insécurité à Nyiragongo : Au-delà des meurtres, un appel à la redéfinition des priorités sécuritaires**
Le tournant tragique survenu dans le village Kiziba 2, où le chef Prosper Kimanuka Musekura et ses trois enfants ont été assassinés par des bandits armés dans la nuit du 11 février, n’est pas qu’un simple fait divers : c’est un cri d’alarme sur l’insécurité alarmante qui ronge le territoire de Nyiragongo. Ce drame s’inscrit dans un contexte plus large, où l’incapacité des forces de sécurité à maîtriser la violence escalade les tensions et questionne l’efficacité des dispositifs de protection civile.
Les circonstances de cette attaque sont d’une horreur inimaginable. Des témoins évoquent des échanges de tirs nourris, illustrant un assaut méthodique sur une figure locale. Le choix d’une cible telle qu’un chef de village souligne une volonté délibérée de saper l’autorité locale et, par extension, l’ordre social. Le territoire de Nyiragongo a déjà été le théâtre d’une montée de la criminalité, avec au moins huit meurtres au cours de la semaine précédente. Ce phénomène ne doit pas être réduit à des actes individuels de violence, mais doit être analysé dans le cadre d’un écosystème de violence qui englobe des dynamiques sociopolitiques et économiques.
#### Une Insécurité en Chiffres
La province du Nord-Kivu, avec ses conflits endémiques et ses rivalités armées, recense parmi les taux de criminalité les plus élevés de la République Démocratique du Congo. En 2022, les statistiques ont révélé une augmentation de 35% des actes criminels par rapport à l’année précédente. Cette escalade est attribuée à divers facteurs : la prolifération des groupes armés, le manque de ressources pour les forces de l’ordre et les conséquences d’un environnement politique instable.
Les événements récents culminent dans l’ombre persistante du M23/RDF, dont les opérations ont laissé un vide sécuritaire béant. Leur présence implique non seulement une reconfiguration des rapports de force dans la région, mais également un abandon, parfois volontaire, des responsabilités sécuritaires par les autorités nationales. Le fait que certains éléments des FARDC aient fui face à cette avancée met en lumière l’effritement des structures militaires et sécuritaires.
#### Un Appel à l’Action Concertée
La communauté locale, visiblement tourmentée par cette spirale de violence, réclame des action concret. Ce besoin d’intervention rapide soulève une question profondément enracinée : comment les autorités peuvent-elles réagir et restaurer la confiance des populations dans les forces de sécurité ? Il ne s’agit pas simplement d’accroître la présence militaire, mais aussi de réfléchir à une approche intégrée qui conjugue sécurité, gouvernance locale et développement économique.
Des modèles d’intervention réussis ailleurs dans le monde, comme en Colombie ou en Sierra Leone, montrent qu’une approche pluridisciplinaire englobant la réintégration des anciens membres de groupes armés, la réhabilitation des infrastructures et une forte dimension communautaire peut offrir des alternatives pour sortir de l’impasse sécuritaire. Ces programmes, lorsqu’ils sont menés en parallèle avec une gouvernance transparente et responsable, pourraient également réduire les attraits du banditisme et de l’ethnicité manipulatrice.
#### Une Stratégie d’Engagement Communautaire
Pour répondre au désespoir visible des habitants de Kiziba, une stratégie d’engagement communautaire est cruciale. Les rencontres régulières entre les forces de sécurité, les leaders communautaires, et les populations pourraient favoriser des interactions permettant de renforcer le tissu social déchiré par la violence. En mettant sur pied des comités de sécurité locaux, où la population participe activement au processus décisionnel, la légitimité des forces de l’ordre pourrait être restaurée.
#### Conclusion
La tragédie survenue à Kiziba 2, synthèse des échecs multiples des institutions civiles, pose la question du véritable état de droit en République Démocratique du Congo. L’insécurité exacerbée doit inciter non seulement à une réponse judiciaire, mais aussi à une réflexivité collective de la société congolaise. Élargir le débat, réinventer la sécurité, et impliquer les citoyens au cœur des solutions sont des défis à relever d’urgence. La voix de Kiziba résonne comme un appel, non seulement pour faire justice aux victimes, mais pour bâtir une nouvelle dynamique où la vie, la sécurité et la dignité prennent enfin la première place sur l’échiquier politique.
Le temps est venu de transformer la douleur collective en un puissant moteur de changement pour une paix durable. Un effort concerté est nécessaire pour que la violence ne soit plus notre quotidien, mais qu’ensemble, nous réécrivions une nouvelle histoire de résilience et d’espoir.