Comment la CNDH peut-elle inciter la RDC à protéger efficacement les défenseurs des droits humains face à la crise actuelle ?

**Droits humains en RDC : un appel urgent à l
**La situation des droits humains en RDC : urgence d’une réglementation et enjeux géopolitiques**

L’expression de préoccupations sur la protection des droits de l’homme ne saurait se limiter à une simple déclaration d’intentions. La récente interpellation de la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) en République Démocratique du Congo (RDC), qui appelle le gouvernement à adopter, en urgence, un arrêté ministériel régissant le travail des défenseurs des droits humains, s’inscrit dans un contexte alarmant. Au cœur des turbulences sociales et politiques, cette exigence devient le reflet d’une situation plus vaste, mêlant souffrances humaines et enjeux géopolitiques.

Depuis l’invasion de Goma par les rebelles du M23 et l’armée rwandaise, la réalité sur le terrain s’est considérablement dégradée. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les rapports des ONG locales et internationales, des milliers de personnes ont fui leurs foyers, des groupes de défense des droits humains rapportent une hausse sans précédent des cas de violence armatée, et les libertés fondamentales se sont rétrécies comme peau de chagrin. À cela s’ajoute une atmosphère de méfiance qui pèse non seulement sur les citoyens, mais également sur les institutions censées protéger ces droits.

L’exigence d’un cadre réglementaire pour les défenseurs des droits humains, avancée par le président de la CNDH, Paul Nsapu, interpelle aussi sur les lacunes législatives qui perdurent en RDC. Bien que la loi n°23/027 du 15 juin 2023 offre une promesse de protection, elle peine à traduire ses ambitions en actions tangibles. En effet, sans une mise en œuvre concrète et un accompagnement par des arrêtés ministériels, cette législation peut rapidement devenir une coquille vide.

**Comparaison avec d’autres contextes africains**

Ce plaidoyer pour la reconnaissance formelle des défenseurs des droits humains en RDC fait écho à des luttes similaires à travers le continent africain. Prenons l’exemple du Kenya, où la mise en place d’un cadre juridique pour protéger les défenseurs a nécessité plusieurs années de combats acharnés. L’absence d’une telle structure a entraîné des répressions violentes, des disparitions forcées et un climat de peur qui a découragé de nombreux acteurs. Inversement, au Ghana, où la société civile bénéficie d’un soutien solide au niveau étatique, les défenseurs des droits prospèrent, participant activement à l’élaboration des politiques publiques. Ce contraste illustre l’importance d’une volonté politique pour favoriser un environnement où les droits humains peuvent être respectés et défendus.

La RDC, avec son riche patrimoine humain et naturel, mérite une telle dynamique. Lutter pour les droits de l’homme ne devrait pas être qu’une préoccupation des acteurs locaux, mais un sujet d’intérêt national mobilisant l’ensemble de la population. Il en va aussi de l’image et de la crédibilité du pays sur la scène internationale.

**Perspectives géopolitiques**

Derrière les appels à la protection des droits humains, il est impossible d’ignorer les implications géopolitiques à l’œuvre dans la région. La présence des groupements armés, notamment le M23, est souvent directement liée aux dynamiques de ressources naturelles, comme les minerais stratégiques, qui continuent d’attirer des intérêts étrangers. La RDC est considérée comme un carrefour des richesses, mais chaque acte de violence et chaque violation des droits essayent de tirer les ficelles d’un tableau plus complexe, impliquant des acteurs régionaux et internationaux.

Récemment, la mise en place d’une commission d’enquête internationale sur la situation des droits humains en RDC par le Conseil des droits de l’homme pourrait représenter un tournant. Le soutien d’institutions comme la CNDH dans cette démarche est essentiel pour garantir que les conclusions de cette mission ne restent pas lettre morte. En intégrant localement les résultats des enquêtes, le gouvernement congolais aurait également l’opportunité de renforcer son autorité dans les zones touchées par les conflits.

**Un appel à l’union pour la paix**

Il est impératif que les citoyens congolais, ainsi que leur gouvernement, s’unissent pour construire un avenir où le respect des droits humains est la norme, et non l’exception. Le plaidoyer de la CNDH doit ainsi résonner au-delà des murs institutionnels et trouver un écho parmi la population, les académiciens, les jeunes, mais aussi les acteurs économiques. Les droits de l’homme sont l’affaire de tous.

Dans cette dynamique, il semble impensable d’attendre encore des années avant que la loi ne devienne une réalité tangible et opérationnelle. Pour le bien-être des populations civiles et la stabilité de la nation, un engagement collectif envers la protection des droits de l’homme s’avère être non seulement nécessaire, mais urgent.

En somme, le chemin est long et semé d’embûches, mais en multipliant les actions concertées et en intégrant cette problématique dans le débat public, la RDC peut espérer changer son récit et placer les droits de l’homme au cœur de sa renaissance.