**Kisangani et la Luminothérapie : Quand l’Électricité Devient un Luxe**
Depuis le matin du 9 février, la ville de Kisangani, située au cœur de la République Démocratique du Congo, est entrée dans une ère d’obscurité, une situation qui pourrait sembler banale en d’autres temps, mais qui soulève des questions d’une ampleur toute particulière. En effet, l’arrêt du groupe numéro 2 de la centrale hydroélectrique de la Tshopo, la dernière source d’électricité fonctionnelle, a plongé cette métropole de près d’un million d’habitants dans une sombre réalité : l’impossibilité d’accéder à une électricité à tout moment. Mais derrière ces pénuries électriques, se cache une problématique bien plus complexe que la simple problématique de l’énergie.
### L’Essor de l’Infrastructures Énergétiques
La centrale hydroélectrique de la Tshopo est un atout essentiel pour Kisangani, mais il est révélateur que cette infrastructure n’est pas à la hauteur de l’évolution démographique et économique de la ville. Alors que la population est en constante augmentation, et que la demande énergétique croît en flèche, il est inquiétant de constater que deux des trois groupes de cette centrale sont tombés en panne. Le chef de division de production et transport, Jean-Claude Liandja, a annoncé que la réhabilitation dure cinq jours, mais qu’en est-il de la vision à long terme pour garantir une fourniture d’électricité fiable et continue ?
Les statistiques parlent d’elles-mêmes : selon le rapport de la Banque Mondiale de 2021, seulement 19 % de la population congolaise a accès à l’électricité. La situation à Kisangani n’est donc qu’un reflet amplifié d’une réalité nationale dramatique. L’urbanisation galopante et les besoins accrus en électricité de l’industrie et des ménages n’ont pas été accompagnés d’un investissement adéquat dans les infrastructures. Une question se pose alors : la lumière au bout du tunnel serait-elle une utopie pour des millions de Congolais ?
### Économie de Subsistance et Répercussions Socio-Économiques
L’absence d’électricité a des conséquences qui transcendent le simple confort domestique. Elle impacte la productivité des entreprises locales, les petites et moyennes entreprises, en particulier dans le secteur des services, peinent à fonctionner. Les commerces qui dépendent des appareils de réfrigération pour conserver leurs produits alimentaires sont gravement menacés; une pénurie électrique pourrait mener à une augmentation des prix des denrées, exacerbant ainsi la pauvreté et la vulnérabilité des populations.
Cette situation n’est pas simplement une question d’infrastructure, mais s’inscrit dans un écosystème complexe de gouvernance, de politique et de développement durable. Les autorités locales doivent se rendre compte que l’énergie est un vecteur de développement. En investissant dans les énergies renouvelables, comme les panneaux solaires, Kisangani pourrait diversifier ses sources d’approvisionnement en énergie et réduire sa dépendance vis-à-vis des infrastructures vieillissantes.
### Solutions Retrouvées et Innover en Temps de Crise
La situation actuelle pourrait néanmoins servir de catalyseur pour une réflexion plus large sur les sources d’énergie alternatives. Les initiatives locales telles que des coopératives énergétiques, financées par la communauté, pourraient faire leur apparition. Plusieurs régions d’Afrique, comme celles du Kenya et de l’Ouganda, ont vu une augmentation du nombre de projets d’énergie solaire communautaire. Implementer une solution comme celle-ci à Kisangani pourrait entraîner une véritable révolution électrique.
De plus, l’usage de groupes électrogènes temporaires pour alimenter les sites stratégiques, bien que nécessaire, pourrait être perçu comme une solution palliative, et non durable. La société nationale d’électricité (SNEL) devrait définitivement envisager des partenariats avec des entreprises privées pour rénover le secteur, introduire de nouvelles technologies et même explorer des projets de micro-grids.
### Conclusion : Un Appel à l’Action
Au-delà de l’intervention technique temporaire, froide et mécanique, la mise à jour de l’approvisionnement électrique à Kisangani nécessite une stratégie globale, proactive et inclusive, où chaque voix — des consommateurs aux autorités en passant par les investisseurs — doit être entendue. La lumière au bout du tunnel doit être plus qu’une simple promesse, elle doit devenir une réalité pour tous les Kisanganiens.
En cette période de noirceur, c’est peut-être un appel à la lumière qui sera le véritable moteur d’un changement. En effet, ce n’est qu’en s’attaquant aux défis structurels que la République Démocratique du Congo pourra véritablement éclairer l’avenir de sa population. L’électricité n’est pas simplement un luxe ; c’est un droit humain et un moteur de développement.