**Titre : Entre conflits et épidémies : L’avenir sanitaire de l’Afrique à la croisée des chemins**
Dans un contexte géopolitique tendu, où les rivières du sang et des larmes se mêlent à celles de l’eau et de la santé publique, le récent avertissement du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (Africa CDC) ne peut être pris à la légère. Signé par le Docteur Jean Kaseya, le message est un cri de désespoir mais aussi un appel à une prise de conscience collective sur un continent dont l’essor économique et le développement humain sont désormais compromis par des crises multiples.
La situation dans les Grands-Lacs, et plus particulièrement en République Démocratique du Congo (RDC), illustre de façon poignante comment une situation sécuritaire instable peut rapidement se transformer en véritable catastrophe sanitaire. La résurgence du M23 et ses ramifications avec le Rwanda ne sont pas seulement des problèmes régionaux; ils exposent les fragilités systémiques d’une santé publique en péril. Alors que l’on compte actuellement 242 urgences sanitaires sur le continent – une augmentation inquiétante par rapport aux 153 signalées l’année précédente – il devient impératif d’établir un lien direct entre ces crises humaines et l’inaction collective des dirigeants africains.
**Le paradoxe de l’inaction et ses conséquences**
Loin de n’être qu’un simple jeu de mots, l’avertissement d’Africa CDC selon lequel « ce ne seront pas seulement les balles qui tueront, mais aussi les épidémies meurtrières » est un énoncé révélateur des courants sous-jacents qui traversent notre époque. Des conflits prolongés, couplés à des systèmes de santé affaiblis, permettent une prolifération d’épidémies telles que le choléra, le paludisme ou la rougeole. La vulnérabilité des populations déplacées, qui vivent dans des conditions précaires à Goma, illustre clairement ce phénomène. Avec plus d’un million de déplacés, le manque d’accès à l’eau potable et à des services de santé adéquats constitue un terreau fertile pour le développement de maladies infectieuses.
Des études montrent que les conflits armés sont souvent catalyseurs d’épidémies. Par exemple, selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), les pays en guerre ou en crise prolongée voient leur mortalité infantile augmenter de façon dramatique, tout en luttant contre des maladies évitables par la vaccination. La RDC, en raison de son essayage climatique, ses infrastructures fragiles et ses dynamiques tribales, se retrouve au cœur d’un cyclone où la santé publique et la sécurité nationale s’enchevêtrent inextricablement.
**Un appel à l’investissement et à l’action collective**
Ce cercle vicieux doit être rompu. Les recommandations de l’Africa CDC suggèrent des voies de sortie en appelant à une augmentation des investissements domestiques en matière de santé publique. La scène est mise en place pour une nouvelle ère d’initiatives régionales, qui non seulement doivent cesser de dépendre des aides extérieures, mais aussi s’inscrire dans une dynamique de résilience à long terme. L’infrastructure sanitaire doit être repensée et modernisée, en tirant les leçons des épidémies passées.
À titre de comparaison, des pays comme le Rwanda, malgré les ombres de son passé récent, ont considérablement amélioré leur système de santé par la mise en œuvre de programmes de couverture santé universelle. Cela démontre qu’avec la volonté et les ressources adéquates, des systèmes de santé performants peuvent émerger même dans un contexte difficile. Paradoxalement, la RDC détient un potentiel humain et naturel inexploité qui pourrait servir de levier pour son développement durable.
**Le besoin urgent de dialogue et de diplomatie**
Mais au-delà des enjeux sanitaires, il est indispensable de résoudre les tensions politiques. La récente annulation de la réunion tripartite de Luanda entre les leaders de la RDC, du Rwanda et de l’Angola souligne un manque criant de volonté politique pour un dialogue constructif. Les critiques formulées par Paul Kagame à l’encontre de cette médiation ne font qu’intensifier les défis déjà complexes. La communauté internationale doit encourager un climat de confiance pour éviter que cette crise ne dégénère en une véritable catastrophe humaine et sanitaire.
En conclusion, les mots d’Africa CDC trouvent une résonance particulière dans ce contexte : « L’avenir et la survie de l’Afrique dépendent de notre capacité à agir rapidement, avec détermination, et dans l’unité ». Pour que la santé publique ne devienne pas la dernière victime d’un conflit où les armes parlent plus fort que les dialogues, il est urgent de transformer la rhétorique en action. Si l’histoire nous a appris quelque chose à ce sujet, c’est qu’ignorer les signes précurseurs d’une crise ne fait qu’alimenter la tempête à venir. L’union fait la force, mais le temps presse; l’Afrique doit se lever pour elle-même.