Quelles répercussions la réorientation budgétaire de Félix Tshisekedi sur la sécurité et l’efficacité des services publics en RDC ?

### Vers une Réforme Structurelle en RDC : Le Discours de Félix Tshisekedi

Dans un contexte de crise sécuritaire persistante dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC), le président Félix Tshisekedi a récemment pris des mesures audacieuses pour réajuster les priorités budgétaires de l’État. Lors de ses déclarations, il a reconnu la nécessité de réduire le train de vie des institutions étatiques et de réorienter les ressources vers des secteurs critiques, notamment la défense et la sécurité. Bien que cette approche semble rationnelle à première vue, elle soulève des questions plus profondes concernant la gestion des finances publiques et l’impact sur les agents en attente de mécanisation.

#### Une Réflexion sur la Gestion des Ressources

Le courant de pensée dans le cadre de la gestion financière publique a longtemps prôné l’idée d’une rationalisation des dépenses. Le discours du président Tshisekedi met en lumière le besoin urgent d’un équilibre entre les dépenses obligatoires et les besoins urgents des institutions de sécurité. On peut comparer cette situation aux défis rencontrés par d’autres nations africaines confrontées à l’instabilité, comme le Mali ou la Centrafrique, où des choix budgétaires parfois douloureux ont été nécessaires pour faire face à des menaces similaires. Mais la question se pose : cette solution est-elle réellement suffisante pour garantir la sécurité à long terme ?

#### Impact sur les Ressources Humaines

La suspension de la mécanisation pour 11 500 agents, à l’exception des forces armées, est une mesure jugée indispensable pour économiser près de 27,7 millions de dollars. Cependant, cela pose un dilemme éthique et social. Les 11 500 agents laissés en suspens sont des travailleurs ayant des attentes légitimes et méritant des garanties sur leur avenir. Ce gel peut avoir un impact dévastateur sur leur moral, la qualité des services publiqués, et sur l’ensemble de l’administration publique. En apportant un regard comparatif, on peut voir que des pays comme le Sénégal ont réussi, par un dialogue social renforcé, à éviter des révoltes d’agents publics en prenant en compte les préoccupations des travailleurs lors de réformes.

#### Vers une Rationalisation Efficace

Les critiques portant sur les dépenses excessives dans les institutions de la RDC sont récurrentes, comme le souligne la Cour des comptes. La nécessité d’une rationalisation des dépenses publiques est plus pressante que jamais, mais elle doit être accompagnée d’une transparence accrue. Plusieurs organisations de la société civile ont demandé la réduction des tailles des cabinets politiques, en proposant des exemples poussés par des études d’impact sur les dépenses publiques. En France, par exemple, une initiative similaire a conduit à une économie significative tout en préservant les services essentiels.

#### L’Enjeu de la Sécurité et du Budget de la Défense

Parallèlement à ces réformes internes, l’accroissement des crédits alloués à la défense nationale est inévitable face à l’avancée du M23 et des forces rwandaises. Le Centre de recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) a appelé à une redéfinition des priorités budgétaires avec l’établissement d’un collectif budgétaire destiné à doubler ce poste. Cependant, cela soulève la question de savoir comment le gouvernement entend gérer cette augmentation. En tenant compte du budget prévisionnel de 3,62 milliards de dollars pour l’année 2025, un examen minutieux des allocations antérieures pourrait fournir des données utiles sur les réussites et échecs de l’administration.

#### Conclusion : Une Vision à Long Terme

Il est incontestable que la situation en RDC est complexe et nécessite des réformes structurelles tant sur le plan de la sécurité que sur celui de la gestion des finances publiques. L’économie émergente de la République Démocratique du Congo est à un carrefour et doit naviguer ces défis avec prudence. Les décisions prises aujourd’hui doivent viser non seulement une réponse immédiate aux menaces sécuritaires, mais aussi une vision à long terme capable de stabiliser et de développer le pays. La leçon à retenir est que la sécurité d’un pays ne se limite pas à la puissance militaire, mais repose également sur des institutions saines et une gestion transparente et équitable des ressources.

Le discours du président Tshisekedi pourrait donc être interprété non seulement comme un appel à l’action, mais aussi comme une opportunité pour redéfinir la gouvernance dans un cadre plus inclusif et efficace. Les regards se tournent désormais vers le gouvernement, les tests de responsabilité et de transparence qui seront mis en œuvre détermineront la course à suivre pour la RDC, tout en gardant en mémoire l’espoir d’une paix durable et d’une prospérité partagée.