**Réflexion sur les Dangers Silencieux : Quand la Vérité Émerge au Sein de l’Église**
Le 3 octobre 2023, l’archevêque de Cape Town, Thabo Makgoba, a tenu une conférence de presse dont les échos résonnent bien au-delà des frontières sud-africaines. Cette prise de parole fait suite à la publication d’un rapport accablant d’un panel de révision concernant l’Église anglicane en Afrique du Sud, illuminant une ombre pesante dans l’histoire des abus sexuels au sein de l’Église.
La déclaration de Makgoba, où il accepte sans réserve les conclusions du panel sur la négligence de l’Église face aux agissements du prédateur John Smyth, soulève des questions profondes sur la responsabilité institutionnelle, la transparence et la protection des plus vulnérables au sein des structures religieuses. Alors que l’archevêque admet que des personnes ont potentiellement été exposées au danger, il rappelle aussi qu’aucun abus n’a été reporté dans l’Église sud-africaine. Cependant, là où le sujet mérite notre attention, c’est sur la notion de responsabilité collective et l’importance de créer un environnement où les vérités difficiles peuvent être abordées et confrontées.
**Une question de culture institutionnelle**
Le rapport fait référence à des événements datant des années 1980 au Royaume-Uni et dans les années 1990 en Zimbabwe, suggérant une longue histoire de dissimulation et de silence complice. Dans un contexte où les institutions religieuses sont souvent perçues comme des bastions de moralité, la révélation de telles négligences peut créer une fracture irréparable dans la confiance des fidèles. La culture institutionnelle, dans ce cas, semble avoir favorisé la protection de ses membres et de sa réputation plutôt que celle des victimes potentielles. Ce phénomène n’est pas inexistant dans d’autres institutions religieuses à travers le monde, illustrant un malaise systémique qui mérite une réflexion introspective.
**Comparaison avec d’autres institutions**
L’enquête sur Smyth n’est pas un cas isolé. On se souvient des révélations massives autour de l’Église catholique et des abus commis par certains de ses membres. Dans une étude publiée par le Pennsylvania Grand Jury en 2018, plus de 300 prêtres étaient accusés d’abus sexuels au cours d’un siècle, illustrant un schéma de dissimulation similaire. L’examen des cas met en lumière non seulement des individus fautifs mais aussi des systèmes organisés qui ont permis que ces abus se poursuivent, souvent au détriment des victimes.
Un constat pour le moins troublant se fait jour lorsque l’on examine les mesures de protection mises en place par d’autres institutions religieuses. Par exemple, le rapport de l’Université de York a révélé que 40 % des Églises anglicanes au Royaume-Uni ont maintenant des politiques claires de signalement des abus, contrairement aux pratiques d’antan. Les leçons tirées de ces crises passées doivent impérativement éclairer l’avenir de l’Église anglicane sud-africaine, stimulant ainsi un changement culturel et des politiques de protection plus fermes.
**Une voie vers la réconciliation et la transparence**
L’aveu de l’archevêque Makgoba peut être perçu comme un premier pas vers la réhabilitation de la confiance. Cependant, la réconciliation n’est jamais un acte facile. Cela nécessite une transparence radicale et la mise en place de mécanismes pour garantir que les abus ne se reproduisent pas. Au lieu de se limiter à des excuses, l’Église anglicane doit envisager d’instaurer des processus de signalement bénéfiques pour les victimes éventuelles et les communautés, créant ainsi une dynamique ouverte, où les témoignages peuvent être entendus et traités avec le sérieux qu’ils méritent.
**Les enjeux à long terme pour la communauté**
La révélation récente soulève également un enjeu fondamental : celui de l’éducation et de la sensibilisation au sein des communautés religieuses. L’éducation sur la prévention des abus, la reconnaissance des signes d’alerte et les ressources disponibles pour les victimes devraient être des priorités pour l’Église et ses congrégations. Les séminaires, conférences et autres initiatives pourraient également aider à briser le cycle du silence qui a, trop souvent, étouffé les voix des victimes.
En conclusion, l’ombre de John Smyth plane encore sur l’Église anglicane en Afrique du Sud, mais il existe un potentiel de transformation. L’acceptation des erreurs, la volonté de changement et la mise en place de structures de protection robustes sont des étapes cruciales qui peuvent redorer l’image de l’institution tout en garantissant la sécurité de sa communauté. Alors que l’Église fait face à ces révélations, elle a également l’occasion d’écrire un nouveau chapitre basé sur l’intégrité, la transparence et la compassion – un enjeu vital pour les générations à venir.