Comment Goma peut-elle transformer l’adversité en opportunité économique malgré l’insécurité ?

**Goma : résistance économique dans un climat d
**La résilience économique de Goma face aux défis sécuritaires : une analyse approfondie**

Dans un contexte d’insécurité persistante au Nord-Kivu, notamment avec l’occupation par le groupe rebelle M23, la ville de Goma émerge comme un modèle de résilience, illustré par la réouverture récemment de plusieurs axes d’approvisionnement en produits vivriers. Si cette évolution est à saluer, elle pose néanmoins la question cruciale de l’accessibilité économique pour une population déjà éprouvée par les circonstances.

**Reconfiguration des voies d’approvisionnement : une lueur d’espoir**

Les axes Rutshuru-Nyiragongo, Kanyabayonga-Kiwanja-Kibumba, Kitshanga et Masisi-Centre ont eu, durant des mois, l’effet d’un véritable verrou sur les approvisionnements de Goma. Après une période d’obstruction, leur réouverture marque un tournant dans la dynamique alimentaire de cette ville. Les différents territoires environnants, tels que Lubero, Rutshuru, et Kalehe, fournissent à nouveau des denrées qui entrent en grande quantité sur les marchés de Goma, offrant ainsi une première lueur d’espoir pour les commerçants et les consommateurs.

**Les effets d’une économie en guerre**

Cependant, un effet paradoxal se dessine. Bien que les routes soient rouvertes, permettant l’entrée de nourriture à un prix potentiel plus bas, le pouvoir d’achat des habitants demeure fortement impacté par la situation sécuritaire. En effet, la fermeture prolongée des établissements bancaires et des opérateurs de paiement mobile a restreint les possibilités de transactions économiques. Dans ce contexte, l’optimisme suscité par le retour des vivres est tempéré par une réalité amère : « Si la nourriture est moins chère, cela ne change rien si l’argent n’est pas disponible », témoigne un habitant.

Statistiquement, l’impact de la guerre sur l’économie de Goma est colossal. D’après les estimations, environ 70% de la population vivait déjà avec moins d’un dollar par jour, une situation aggravée par les pillages massifs subis par les commerçants. De plus, l’absence d’opérateurs économiques pour importer de nouvelles marchandises contribue à la rareté des produits non seulement alimentaires, mais également d’autres biens essentiels, tels que les médicaments.

**Vers une innovation communautaire ?**

Malgré ce tableau pessimiste, il se dessine une opportunité inattendue : l’innovation communautaire. Face à une crise économique et sécuritaire, certaines initiatives locales sont mises en place pour pallier la désorganisation du système traditionnel d’approvisionnement. Des groupes de villageois, par exemple, commencent à s’organiser autour des coopératives agricoles pour produire des vivres à destination de Goma. Cette stratégie pourrait contribuer à apporter une certaine autonomie alimentaire tout en stimulant l’économie locale.

D’ailleurs, la tendance vers les circuits courts semble en train de se consolider. Les maraîchers et agriculteurs, au lieu de dépendre des échanges longs et risqués, vendent directement leurs produits à la population de Goma. Ce système permet non seulement de baisser les coûts, mais aussi de rétablir un maillon de confiance entre producteurs et consommateurs, souvent ébranlé par les événements récents.

**Conclusion : Une fragilité résiliente**

La situation à Goma souligne une réalité cruelle de la guerre : alors que les routes se rouvrent, le chemin vers la sécurité économique et le rétablissement durable reste sinueux. Les défis financiers, exacerbés par l’instabilité, imposent à la population de naviguer dans des eaux troubles. La résilience observée pourrait cependant présager d’un changement de paradigme où l’autonomisation des communautés et les initiatives de solidarité pourraient jouer un rôle prépondérant.

En conclusion, même si les routes de Goma sont à nouveau fréquentées par les fruits de la terre, le défi économique demeure. C’est un moment clé pour la ville, une opportunité pour non seulement relever la tête, mais pour envisager un modèle plus durable et solidaire d’économie. Dans ce contexte, Fatshimetrie s’engage à suivre de près cette évolution, en vérifiant si la diversité des approvisionnements à Goma peut étayer un renouveau socio-économique, ou si, au contraire, la martialisation de l’économie continuera à limiter les espoirs de ses habitants.