Comment la SADC peut-elle concilier interventions militaires et solutions diplomatiques pour stabiliser l’est de la RDC ?

### La SADC face à la tempête : Réflexions sur l’engagement régional en République Démocratique du Congo

Le sommet extraordinaire de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) tenu le 31 janvier 2025 à Harare a mis en lumière une réalité alarmante : la détérioration généralisée de la sécurité dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Sous la houlette du président zimbabwéen Emmerson Dambudzo Mnangagwa, les dirigeants de la SADC se sont penchés sur le constat amer que la mission déployée au Nord-Kivu, la SAMIDRC, n’atteint pas les objectifs escomptés.

La situation en RDC soulève des questions non seulement sur l’efficacité des interventions militaires sur le terrain, mais également sur la pertinence des solutions diplomatiques mises en œuvre pour résoudre des tensions historiques dans un pays vaste, riche en ressources et pourtant en proie à des conflits internes dévastateurs. Ce tableau provoque une réflexion sur les défis que doivent surmonter les organisations régionales pour restaurer une paix durable.

### Une mission ambiguë : entre idéalisme et réalités du terrain

La mission SAMIDRC, imaginée comme un levier régional pour contenir la violence croissante, semble encounter des obstacles majeurs. Rappelons que ce déploiement faisait suite à l’échec perçu de la force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC), jugée inefficace par les dirigeants congolais. Ce choix soulève dès lors une première interrogation : en quoi le changement de casquette, d’une mission à l’autre, peut-il réellement modifier la situation sécuritaire ?

Les combats entre les Forces Armées de la RDC (FARDC) et les rebelles du M23, soutien mystérieux du Rwanda, illustrent cette complexité. Ces affrontements, avec un bilan tragique de seize soldats tués et plus de soixante-dix blessés, montrent à quel point la violence est enracinée dans des dynamiques internes et externes. Cela amène à se demander si la SADC, avec son approche principalement militaire, sera en mesure de répondre à des causes profondes du conflit, souvent liées à la pauvreté, au manque de gouvernance et à des rivalités ethniques.

### Les dimensions diplomatiques : un soutien indispensable

Le soutien appuyé de la SADC aux négociations diplomatiques, comme celles des processus de Luanda et de Nairobi, offre une lueur d’espoir au milieu de ce tableau sombre. La reconnaissance par le président Tshisekedi du rôle crucial de la SADC indique une volonté politique de trouver une solution holistique, reliant la sécurité militaire à des initiatives diplomatiques. Cependant, les résultats tangibles des pourparlers en cours sont encore à prouver.

Il est également intéressant d’analyser l’aspect socioculturel de la crise. Dans des régions où des groupes armés sont enracinés, le soutien des populations locales est indispensable. La force de la SADC devra non seulement compter sur les compétences militaires, mais également sur la création de relations de confiance avec les communautés. Cela implique une stratégie qui incorpore le développement économique, la réconciliation et l’éducation afin d’aborder les causes structurelles des conflits.

### L’impact des forces armées sur le développement durable

Les conséquences de ce conflit dépassent le cadre immédiat de la sécurité. Le développement économique et social de la RDC est intimement lié à la stabilité de ses régions orientales. L’absence de sécurité entrave l’investissement, exacerbe la pauvreté et crée un cercle vicieux difficile à briser. Selon des études récentes, le conflit armé a engendré une perte annuelle de plusieurs milliards de dollars pour l’économie congolaise, principalement à cause de la fuite des capitaux, de l’endommagement des infrastructures et du déplacement de populations.

La SADC, en officialisant son soutien à la RDC, ne devrait-elle pas envisager des programmes d’intégration régionale qui facilitent la mobilité et le commerce, ou encore des initiatives qui connectent les jeunes à des opportunités économiques, comme c’est le cas dans d’autres parties du continent (par exemple, l’Initiative des Zones de Libre-Échange en Afrique de l’Est) ? Une telle vision pourrait transformer la dynamique régionale et réduire les tensions interétatiques.

### Conclusion : Un avenir incertain mais potentiel

La gestion de la crise en RDC pose un défi colossal pour la SADC, qui doit naviguer entre l’assistance militaire et le renforcement de la diplomatie. En cette nouvelle année, la route semble semée d’embûches, mais elle peut aussi être l’occasion d’adopter des approches novatrices en matière de sécurité et de développement. Si les forces militaires sont bien sûr indispensables, elles ne peuvent pas être la seule réponse face à une réalité aussi multifacette. Le véritable défi pour la SADC réside dans sa capacité à équilibrer ces dimensions et à intégrer un éventail de solutions pour bâtir une paix pérenne dans l’est de la RDC.

La détermination de la SADC à réévaluer sa stratégie et à se concentrer sur des solutions durables pourrait ouvrir la voie à une coopération régionale mutuellement bénéfique, non seulement pour la RDC, mais pour l’ensemble de l’Afrique australe. Une coopération éclairée qui envisage la sécurité comme un pilier fondamental de toute stratégie de développement, car sans paix, aucune prospérité n’est possible.

### Samyr Lukombo, Fatshimetrie.org