### Mali : Les Ombres D’une Répression Sous Couvert de Sécurité
La situation sécuritaire au Mali, marquée par la montée de la violence et des tensions communautaires, ne cesse de soulever des préoccupations croissantes au sein de la communauté internationale. Les récents événements tragiques survenus dans la région de Ségou illustrent les dangers d’une militarisation des réponses aux crises sociopolitiques qui gâchent les efforts de réconciliation et sapent la confiance des populations locales envers les institutions de l’État.
**Une Réponse Militaire Disproportionnée**
Les rapports d’exactions commises par l’armée malienne et ses alliés, les chasseurs traditionnels dozos, mettent en lumière une stratégie militaire de plus en plus contestée. Le 28 janvier 2025, une patrouille a été accusée d’avoir tué près de vingt personnes dans les communes de Boky Wéré et Moninpebougou, tout en incendiant des habitations et des greniers. Cet affrontement tragique montre comment une réponse armée à un contexte d’insécurité peut rapidement se transformer en violences communautaires, corrompant ainsi l’idée même de sécurité.
Les sources locales évoquent la peur omniprésente parmi les villageois, contraints de fuir pour échapper aux violences. Ce phénomène rappelle des cas similaires observés dans d’autres pays en proie à des conflits internes, comme en Syrie ou en Afghanistan, où la montée des exactions et des conflits intercommunautaires ont poussé des milliers de personnes à chercher refuge loin de leur terre natale.
**Des Chiffres Alarmants**
Les statistiques concernant les violences intercommunautaires au Mali sont alarmantes. Selon des rapports des Nations Unies, le nombre de personnes déplacées en raison des conflits a doublé entre 2020 et 2023, atteignant près de 400 000 personnes. De plus, le pays a vu une augmentation de 60 % des attaques dirigées contre des civils depuis 2021. Les attaques menées par des groupes jihadistes sont souvent contrecarrées par des mesures de sécurité qui s’avèrent parfois plus agressives que préventives.
Les écarts dans le bilan d’exactions – qui varient d’une source à l’autre – soulignent le manque de transparence et de responsabilité qui caractérise la gestion de la sécurité au Mali. Les témoignages de victimes représentent souvent la seule forme de vérité au milieu d’un déluge d’informations biaisées.
**Une Entreprise d’Accords avec des Groupes Armés**
À l’échelle régionale, la situation se complique davantage avec le phénomène des accords entre certaines communautés locales et des groupes jihadistes, comme le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM). Des décisions de cohabitation avec ces groupes montrent un désespoir croissant face à l’incapacité de l’État à assurer la sécurité. Ces accords soulignent une dynamique perverse : face à une gouvernance déficiente et à la violence d’État, des villages sont contraints d’établir des compromis avec des groupes considérés comme terroristes.
Cette stratégie de survie illustre un paradoxe tragique : pour certains, la vie sous régime jihadiste s’avère moins menaçante que celle sous la coupe d’une armée supposée les protéger. Il est impératif de considérer ces facteurs dans l’arbitrage des politiques de sécurité mis en place.
**Une Réflexion sur le Modèle Malien**
L’approche actuelle qui préconise la militarisation de la sécurité doit être révisée. L’avenir du Mali ne repose pas uniquement sur des mesures coercitives, mais également sur la nécessité d’une dialogue inclusif impliquant toutes les couches de la société. Des solutions durables doivent être bâties sur des fondements de justice sociale et de réconciliation.
Les initiatives de secours humanitaire, de développement économique et de pratiques de gouvernance participatives deviennent urgentes. La communauté internationale, au lieu de se limiter à un soutien logistique ou financier, doit impérativement jouer un rôle de médiateur pour favoriser le dialogue entre toutes les parties concernées.
**Conclusion**
La crise malienne n’est pas seulement une question de sécurité, mais une question de dignité humaine. Chaque vie perdue, chaque village destruire ravive la douleur mais aussi la nécessité d’agir. Pour briser ce cycle de violence, il faut une volonté sincère de réconciliation, de responsabilisation et d’une approche axée sur les droits humains. C’est ainsi que le Mali pourra envisager un réel chemin vers la paix et la prospérité.
L’avenir du Mali dépendra de sa capacité à transformer la peur en confiance, à écrire une nouvelle histoire où la sécurité ne sera pas synonyme de violence, mais de protection des vies et des droits de chaque citoyen.