**La tragédie des soins de santé en temps de guerre : le cas de la frappe drone sur le Sud du Soudan**
Le récent bombardement qui a visé le dernier hôpital encore opérationnel dans la capitale du Nord-Darfour, à El Fasher, soulève des questions cruciales sur la santé publique en période de conflit. L’attaque, ayant coûté la vie à au moins 70 personnes, dont la majorité étaient des femmes et des enfants, révèle non seulement l’ampleur de la crise humanitaire au Soudan, mais également le désastreux impact des conflits armés sur l’accès aux soins de santé.
### Un contexte de crise humanitaire
Le Soudan traverse une guerre civile de plus de 20 mois, une lutte de pouvoir entre les Forces Armées Sudaniennes (SAF) et les Forces de Soutien Rapide (RSF). Cette violence a déjà fait plus de 20 000 morts et déplacé plus de 11 millions de personnes, selon les données des Nations Unies. Dans ce contexte, les infrastructures de santé, essentielles pour la survie des civils, sont progressivement réduites à néant. Avec des hôpitaux comme le Saudi Teaching Maternal Hospital, qui servaient de refuge pour les soins médicaux de base, sous la menace permanente d’attaques, la santé et la sécurité des populations vulnérables sont compromises.
### L’impact des conflits sur la santé
Une revue des conflits armés à travers le monde montre que les conséquences des guerres sur les systèmes de santé sont souvent catastrophiques. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), des milliers de personnes meurent non seulement de blessures de guerre, mais également de maladies évitables en raison de l’effondrement des systèmes de santé. Au Soudan, la fermeture ou la destruction de nombreuses structures médicales a eu un effet dévastateur. Ghebreyesus a souligné que l’accès aux soins de santé est déjà gravement restreint, une situation aggravée par les bombardements et les attaques répétées sur les installations médicales.
### Fait inacceptable : les soins de santé en tant que cibles
Ce qui est particulièrement troublant dans cette tragédie, c’est la normalisation des attaques contre des cibles civiles tels que les hôpitaux. Une analyse comparative avec des conflits récents, comme ceux en Syrie ou au Yémen, révèle un schéma inquiétant : les infrastructures médicales deviennent régulièrement des cibles militaires. Une étude de l’Institut d’études de la paix de Stockholm (SIPRI) indique que les frappes aériennes sur des hôpitaux ont quadruplé depuis 2010 dans divers conflits, reflétant une indifférence croissante pour les conventions internationales visant à protéger les civils, et en particulier les établissements de santé en temps de guerre.
### Un appel à la paix
L’OMS, à travers la voix de son directeur général, appelle à un cessez-le-feu et à une protection accrue des installations médicales. Il s’agit d’une demande légitime qui doit être soutenue par la communauté internationale. Mais qu’est-ce que cela signifie en pratique ? Au-delà des déclarations formelles, il est impératif de renforcer la capacité de médiation des organisations internationales pour garantir que les belligérants respectent les droits humains et les normes humanitaires.
### La nécessité d’une solution durable
Les persécutions constantes des civils en temps de guerre, comme en témoigne la situation désastreuse au Soudan, alimentent un cycle de violence qui peut durer des décennies. Pour briser ce cycle, une approche multifacette est nécessaire. Cela inclut la fourniture d’une aide humanitaire accrue, le soutien à une gouvernance locale participative et la mise en place de mécanismes de responsabilisation pour les violations des droits humains. Des exemples d’initiatives réussies dans d’autres conflits, tels que la réconciliation nationale en Colombie, peuvent servir de modèle.
### Conclusion
La situation au Soudan illustre le besoin vital de protéger les plus vulnérables au milieu des horreurs des conflits. Chaque attaque sur une installation de santé est une attaque contre l’humanité elle-même. Le chemin vers la stabilité et la paix doit être synonyme de protection des droits fondamentaux, notamment celui d’accéder à des soins médicaux. Il est temps que la communauté internationale se mobilise pour la paix dans des régions dévastées par la guerre, car, comme l’a dit Ghebreyesus, « le meilleur remède est la paix ».