Pourquoi l’explosion à Lubango révèle-t-elle l’urgence d’une intervention internationale face à la crise humanitaire en RDC ?

**Conflits en RDC : Lubango, épicentre d’une tragédie humanitaire et géopolitique sous-jacente**

Le jeudi 23 janvier, la localité de Lubango a été le théâtre d’une tragédie évocatrice des tensions qui ébranlent la République Démocratique du Congo (RDC). Trois civils, dont une femme et un enfant, ont été grièvement blessés suite à l’explosion d’une bombe, un acte létal attribué aux rebelles du M23. Cet incident met en lumière non seulement la persistance de la violence dans cette région, mais également les enjeux plus larges qui alimentent un conflit vieux de plusieurs décennies.

### Une violence structurelle ancrée dans l’histoire

Ce qui se passe à Lubango ne peut être dissocié d’une analyse historique. La rébellion du M23, qui se dit être le représentant des intérêts de la communauté tutsie, est souvent perçue comme l’héritière d’un conflit plus vaste qui a débuté dans les années 1990, exacerbant la complexité ethnique et géopolitique de la région. Pour comprendre ces révoltes, il est essentiel de plonger dans les racines de la frustration populaire, alimentée par l’absence d’un État capable de garantir la sécurité et le bien-être de ses citoyens. Des statistiques récentes indiquent que plus de 5 millions de personnes ont été déplacées en RDC depuis le début de la dernière guerre, rendant ce pays l’un des plus touchés par le déplacement forcé au monde.

### La dynamique des acteurs : FARDC, M23 et leurs alliés

La situation prévalente à Lubango illustre également les relations complexes entre les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le M23. Alors que le colonel Mak Hazukay, porte-parole des opérations Sokola 1, affirme qu’une offensive des FARDC est en cours pour repousser les rebelles, une question cruciale émerge : quelles réalités terrain se cachent derrière ces déclarations ? Les rapports des ONG sur le terrain montrent souvent une présence militaire inefficace, où les soldats sont souvent mal équipés et corrompus, rendant leurs efforts pour rétablir la paix hautement contestables.

En parallèle, les combats ne se limitent pas à Lubango, mais s’étendent à d’autres localités comme Kayambi, Mambasa, et même à Goma. Cette expansion des affrontements montre une dynamique qui pourrait faire basculer davantage de civils dans une vulnérabilité accrue, alors que les conditions de vie s’aggravent.

### L’impact sur les populations civiles

Les répercussions de cette violence sur les populations ne sauraient être sous-estimées. Les statistiques soulignent que, selon les derniers rapports de l’ONU, environ 27 millions de Congolais ont besoin d’assistance humanitaire. Des familles fuyant les affrontements de Lubango sont souvent contraintes de rejoindre des camps de déplacés déjà saturés, comme c’est le cas à Goma. La mise à l’écart des écoles et des églises par des groupes armés, comme le souligne le colonel Mak Hazukay, reflète une tragédie supplémentaire pour les enfants, qui sont souvent privés de leur droit à l’éducation et à la sécurité.

### Vers une prise de conscience internationale

Alors que le conseil des ministres dirigé par le président Félix Tshisekedi se réunit pour discuter de cette escalade, il est essentiel de poser la question de la réponse internationale. La communauté internationale, notamment à travers les Nations Unies, pourrait intensifier son soutien aux efforts de médiation comme ceux menés par la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs). Il est impératif que cette crise soit traitée non seulement comme un conflit local, mais également comme une problématique internationale requérant un consensus stable pour favoriser la paix.

### Conclusion : la nécessité d’une vision renouvelée

Le drame de Lubango est un cri d’alarme qui exacerbe les doutes sur l’avenir de la RDC. Un passage d’un cycle de violence à une dynamique pacifique exige une approche globale qui réconcilie les intérêts des acteurs concernés tout en mettant en avant les droits des civils. Dans ce contexte délicat, la rédaction d’un avenir collectif où se côtoient la paix, la sécurité et la prospérité devient une responsabilité partagée par tous.

Le drame actuel de Lubango n’est pas une fin en soi, mais le commencement d’un appel impérieux à l’action face à une saga humaine qui se joue depuis trop longtemps au cœur du continent africain. C’est seulement en réévaluant nos approches, en les ancrant dans une compréhension nuancée de l’histoire et des réalités sociales actuelles que nous pourrons espérer une amélioration tangible pour le peuple congolais. Les événements à Lubango nous rappellent que la souffrance des innocents ne doit jamais être le prix à payer pour les ambitions géopolitiques des puissants.

*Josué Mutanava, Fatshimetrie.org*