**Contrôle parlementaire dans le secteur minier : Une mission de justice sociale pour le Haut-Katanga**
Le 24 janvier 2025, une délégation de députés nationaux, dirigée par Serge Chembo Nkonde, élu de Sakania, a entamé une mission de contrôle parlementaire dans les entreprises minières de la province du Haut-Katanga. Ce contrôle, porté par des élus représentant diverses régions, n’est pas qu’un simple audit administratif, mais une démarche qui interroge en profondeur le rapport entre l’exploitation des ressources naturelles, la justice sociale et le développement économique de la région.
### Les enjeux miniers au cœur du développement régional
Le Haut-Katanga, riche en ressources minérales, est un véritable carrefour d’intérêts. Les minerais tels que le cuivre, le cobalt et d’autres ressources stratégiques attirent non seulement les investisseurs, mais également les conglomérats internationaux qui, souvent, influencent négativement la qualité de vie des populations locales. En effet, la région bénéficie d’un des plus grands gisements miniers du monde, mais il est paradoxal de constater que les habitants de Sakania vivent souvent dans des conditions précaires, loin de profiter des richesses produites par leur terre.
La mission de Serge Chembo Nkonde se focalise particulièrement sur des entreprises telles que KICC, Sabwe Mining, Jiayou et Frontier, des acteurs majeurs de l’exploitation minière à Sakania. L’implication de l’État dans cette démarche souligne une prise de conscience généralisée des dérives potentielles inhérentes à l’exploitation minière. C’est l’occasion pour le parlement de poser un diagnostic sur un secteur où les abus et les irrégularités sont de plus en plus pointés du doigt.
### La lutte contre l’exploitation illicite et la réappropriation des mœurs
À côté des entreprises formelles, le phénomène de l’exploitation illicite des ressources par des acteurs non étatiques, souvent des groupes chinois, alimente une économie parallèle qui privent les populations locales de bénéfices cruciaux. Ces pratiques nébuleuses, en dehors de tout cadre légal, exacerbent les inégalités et renforcent la tentation de la corruption, mettant en lumière l’insuffisance des mécanismes de régulation en place.
La vision de Chembo Nkonde, qui prône un contrôle « sans complaisance » des pratiques industrielles, arrive à un moment crucial. Ce type de mission pourrait poser les jalons d’un nouveau modèle basé sur la transparence, l’équité et la participation des communautés locales. Un exemple notable est la transition récente vers un modèle d’exploitation minière plus participatif en Amérique Latine, où certaines communautés ont vu une redistribution des bénéfices miniers à travers des coopératives.
### Un appel à la responsabilité partagée
En impliquant les acteurs politiques, économiques et les organisations de la société civile, cette mission pourrait être le début d’un véritable dialogue sur l’exploitation des ressources naturelles dans le Haut-Katanga. En effet, le contrôle parlementaire n’est pas seulement un moyen de mettre en lumière les irrégularités, mais aussi une dynamique d’écoute, où les voix des populations sont intégrées dans le processus décisionnel.
Les députés doivent se poser les bonnes questions : Comment garantir que les bénéfices des ressources minières soient réinvestis de manière équitable dans les infrastructures, l’éducation et la santé des communautés ? Quel cadre juridique mettre en place pour lutter efficacement contre l’exploitation illicite tout en soutenant le développement d’un secteur minier durable ?
### Une sortie vers d’autres provinces
A noter que cette mission ne se limite pas à Sakania. Elle a vocation à s’étendre à d’autres provinces, ce qui témoigne d’une approche globale et d’une volonté d’harmoniser les pratiques à l’échelle nationale. En mobilisant la synergie entre secteurs public et privé, en associant les populations locales, la République Démocratique du Congo pourrait véritablement transformer son secteur minier en levier de développement.
### Vers un modèle de développement durable
Les députés de Sakania ont l’opportunité d’insuffler une nouvelle dynamique dans la gestion des ressources naturelles du pays. Il est temps d’explorer et de mettre en œuvre un paradigme où le respect des droits fondamentaux et la lutte contre la pauvreté et les inégalités deviennent les pierres angulaires du développement local. Lorsque des voix politiques s’élèvent pour dénoncer et agir, une fenêtre s’ouvre pour l’espoir d’un avenir plus juste et équitable dans l’exploitation des richesses du sol congolais.
Cet engagement, s’il est soutenu par des actions concrètes, pourrait faire école et amener des changements significatifs qui transcenderaient les enjeux économiques pour poser les fondements d’une véritable justice sociale et d’un développement durable au Haut-Katanga et au-delà.
*Joseph Malaba/Fatshimetrie.org*