Quel avenir pour le corridor vert Kivu-Kinshasa : promesse d’espoir ou mirage géopolitique ?

**Un Corridor Vert pour la RDC : Un Projet d
**Un Corridor Vert au Coeur des Défis Congolais : L’Engagement de John Kerry et ses Implications Géopolitiques**

Mercredi 22 janvier 2025, lors du Forum économique mondial de Davos, l’ancien secrétaire d’État américain John Kerry a révélé son soutien à la construction du corridor vert Kivu-Kinshasa, un projet ambitieux visant à créer la plus grande réserve forestière tropicale du monde en République Démocratique du Congo (RDC). Derrière cet élan de soutien, se cache une vision à long terme, à la fois environnementale et sociale, mais aussi des enjeux géopolitiques inédits qui méritent d’être explorés.

### Un Projet de Transformation Sociétale

Kerry a assuré que le corridor vert pourrait non seulement protéger l’écosystème fragile du Bassin du Congo, mais également transformer des vies. « Nous avons le pouvoir de changer l’histoire », a-t-il déclaré, tout en reconnaissant les conflits persistants dans l’est de la RDC. Il a ainsi mis en exergue une réelle opportunité pour les jeunes, souvent attirés par le cycle de la violence, de s’impliquer dans un projet constructif et durable.

Ce discours, bien que porteur d’espoir, soulève plusieurs interrogations. Quels mécanismes seront mis en place pour garantir que ce projet ne se transforme pas en un simple écran de fumée pour dissimuler les véritables enjeux politiques et économiques de la région, notamment les ressources naturelles convoitées ? La RDC, riche en minerais et en biodiversité, reste un terrain de conflits d’intérêts parmi les puissances étrangères.

### Les Leçons du Passé

L’histoire récente de la RDC a souvent été marquée par des promesses de développement qui n’ont jamais abouti. Les précédents projets d’investissements étrangers, souvent orientés vers l’exploitation des ressources, se sont parfois soldés par des échecs cuisants. Par exemple, des initiatives similaires au programme « REDD+ » (Réduction des Émissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des forêts) ont été critiquées pour leur manque d’impact sur le terrain et leur incapacité à corriger les injustices sociales. Une analyse attentive des expériences passées s’impose ici, afin d’éviter de reproduire les mêmes erreurs.

### Une Vision Durable et Collaborative

Pour que le corridor vert Kivu-Kinshasa devienne une réalité, il est essentiel d’établir une approche collaborative impliquant les communautés locales. Les populations doivent être actrices de leur développement, et non simples récipiendaires de projets. Cela nécessite un cadre de gouvernance transparent, soutenu par des institutions locales et des ONG locales. L’agriculture durable, la sensibilisation à la conservation de la biodiversité et la formation pour des emplois verts sont autant de leviers à actionner pour concrétiser cette vision.

### Une Stratégie Géopolitique

L’implication des États-Unis dans ce projet peut également être perçue à travers le prisme géopolitique. En renforçant leur influence en RDC, les États-Unis pourraient endiguer l’expansion des puissances rivales, notamment la Chine, qui investit massivement dans le secteur minier congolais. Le corridor vert pourrait ainsi représenter une stratégie pour établir un contrepoids face aux initiatives de la Nouvelle Route de la Soie, tout en renforçant l’image des États-Unis en tant que nation leader dans la lutte contre le changement climatique.

### Les Défis à Surmonter

Cependant, plusieurs défis demeurent. La sérennité des régions concernées est essentielle pour la mise en œuvre du projet. Les conflits armés, souvent alimentés par la compétition pour les ressources, pourraient entraver les travaux. De plus, la communauté internationale devra veiller à ce que les financements nécessaires soient mobilisés rapidement et efficacement.

### Conclusion : Vers une Nouvelle Ére de Coopération

La déclaration de John Kerry résonne comme un appel à l’action, mais elle rappelle également que les promesses doivent se transformer en actions concrètes et mesurables. La construction d’un corridor vert Kivu-Kinshasa représente un projet d’envergure qui pourrait potentiellement redynamiser une région à la croisée des chemins. En favorisant une approche holistique, respectueuse des équilibres environnementaux et socio-économiques, la RDC pourrait s’inscrire dans une dynamique nouvelle où développement durable et paix seraient les véritables moteurs de changement.

L’espoir réside désormais dans la capacité des acteurs internationaux et nationaux à s’unir pour faire du corridor vert un symbole de renaissance et non une simple promesse oubliée. Si John Kerry, en tant que figure influente, continuera à défendre cette cause, il faudra un engagement collectif pour que ce projet devienne une réalité tangible, au service des générations présentes et futures.