Quelle est l’importance de la journée de prières du 9 février pour l’unité nationale en RDC face à la crise sécuritaire ?

**Une journée de prières contre l’agression rwandaise : un appel à l’unité nationale en RDC**

Le ministre d’État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux de la République démocratique du Congo (RDC), a annoncé ce lundi une initiative qui va bien au-delà des simples prières : l’organisation d’une journée nationale et internationale de prières contre l’agression rwandaise, programmée pour le 9 février 2025. Cette démarche, qui mobilisera les différentes confessions religieuses présentes en RDC ainsi que les diasporas congolaises à travers le monde, s’inscrit dans un contexte de tensions géopolitiques, mais aussi de profondes divisions internes au pays.

Loin d’être qu’une simple évocation spirituelle ou religieuse, cette journée constitue aussi un véritable test pour la cohésion nationale, dans une République où les blessures de l’affrontement sont encore vives et les inégalités criantes. L’appel à la solidarité s’articule autour de valeurs universelles, mais il soulève également des questions sur la place de la foi dans la construction d’un État multiethnique et multiconfessionnel.

### Une réponse à une crise persistante

La République démocratique du Congo est confrontée à des défis sécuritaires majeurs, exacerbés par des conflits armés, des rivalités tribales et des interventions extérieures. La région de l’est du pays, notamment, est souvent le théâtre de violences attribuées à des groupes armés. Ces troubles ne sont pas seulement d’ordre militaire ; ils plongent un large pan de la population dans une précarité alarmante, accentuée par l’absence d’infrastructures adéquates et de dispositifs de protection sociale. La journée de prières s’inscrit, dès lors, dans une série d’événements visant à galvaniser les forces vives du pays et à redynamiser le discours national autour de l’unité.

### Un appel à la mobilisation collective

En invitant tous les citoyens à participer à cette journée de prières, le ministre de la Justice cherche à transcender les clivages religieux et ethniques. Pourtant, de nombreux défis demeurent. Des études de sociologie du conflit ont révélé que des événements apparemment unificateurs, comme cette journée de prière, peuvent être perçus différemment selon les groupes. Pour certains, cela pourrait renforcer un sentiment national, tandis que d’autres pourraient y voir une instrumentalisation de la religion dans le cadre d’une politique de la terreur.

### Une économique généreuse, mais conditionnelle

L’annonce d’une collecte d’offrandes spéciales, organisée en soutien aux Forces armées de la RDC (FARDC) et aux groupes d’autodéfense locaux, les Wazalendo, illustre une volonté d’entraide communautaire. Cependant, la question de la transparence et de l’utilisation des fonds demeure essentielle. Dans un pays où la corruption gangrène les administrations, l’instauration d’une commission ad hoc pour recevoir et répartir les contributions, comme prévu pour le 20 février 2025, prend tout son sens. Cela pourrait constituer un pas vers une gestion financière plus rigoureuse, renforçant ainsi la confiance de la population envers les institutions.

### Prière ou politique : quel impact réel ?

Pour beaucoup, la prière est à la fois un acte spirituel et un puissant levier de transformation sociale. Mais il ne faut pas négliger l’aspect politique de cet événement. Au-delà de son caractère religieux, cet appel à prière semble également destiné à canaliser les frustrations populaires face à l’accès inégal aux ressources, aux opportunités et, plus crucialement, à la défense des droits humains dans certaines régions du pays.

La RDC est un pays riche en ressources naturelles, mais ce potentiel ne s’est pas traduit par un développement équitable. Au contraire, les disparités géographiques et socioéconomiques exacerbent les tensions. La prière, dans ce contexte, devient non seulement un acte de foi, mais aussi un cri de ralliement pour un nouveau contrat social, sans lequel la paix et la stabilité demeurent des notions abstraites.

### Perspectives d’avenir

Le ministre de la Justice souligne l’importance de l’unité à travers la foi et la solidarité. En tant qu’observateurs, il serait intéressant d’étudier l’impact que ce type de mobilisation peut avoir à long terme sur le tissu social congolais et même sur la perception internationale de la RDC. La réussite de cet événement pourrait initier un mouvement social qui transcende la simple spiritualité et qui pourrait, finalement, provoquer un changement d’ordre politique.

D’ores et déjà, cette journée de prières se présente comme un interlude potentiellement révélateur dans un récit national complexe, où les croyances religieuses et les luttes pour la justice sociale s’entremêlent. Alors que la République démocratique du Congo se trouve à la croisée des chemins, cet appel à la prière pourrait marquer le début d’un nouveau chapitre, synonyme d’espérances renouvelées pour un avenir pacifique et prospère.