**Mazembe : Une Victoire Honorable dans l’Ombre d’une Élimination Précoce**
Bien que leur parcours en phase de groupes de la Ligue des champions de la CAF se termine sur une note d’échec, le match de ce samedi, où le Tout Puissant Mazembe a triomphé contre les Soudanais d’Al Hilal, offre un répit momentané aux Corbeaux de Lubumbashi. Cette victoire éclatante (4-0) mériterait pourtant d’être relue à travers un prisme plus nuancé, car au-delà du résultat, elle soulève des questions cruciales sur l’avenir du club et son évolution dans le paysage footballistique africain.
D’un point de vue purement sportif, ce match a été une démonstration de force avec des buts inscrits par des joueurs clés comme Diouf, Ibrahima Keïta et le gardien délié en attaquant, Shaibu. Cette dernière réalisation soulève une interrogation intéressante : quand la position traditionnelle d’un gardien devient un sporadique avant-centre, c’est toute la stratégie de l’équipe qui est remise en question. Les chiffres illustrent une dynamique singulière : Mazembe a inscrit un total de 9 buts en phase de groupes, mais en a encaissé 17, traduisant une fragilité défensive inquiétante. Ce contraste est révélateur d’une équipe qui peine à trouver l’équilibre entre une attaque parfois flamboyante et une défense poreuse.
La victoire contre Al Hilal, qui a également un encrage historique important dans le football africain, n’est cependant pas sans arrière-goût amer. D’une part, elle permet aux Corbeaux de sortir la tête haute après une phase de groupes décevante, mais d’autre part, elle souligne les défis auxquels le club doit faire face en termes de régularité et de performances. L’équipe dirigée par Lamine Ndiaye n’a pas seulement besoin d’une victoire pour remonter le moral, mais doit plutôt entamer une réflexion sur sa structure, sa stratégie et sa culture de la performance.
L’analyse comparative avec Mouloudia d’Alger, le deuxième club qualifié du groupe, est également riche en enseignements. Alors que Mazembe perd la bataille sur le plan défensif, le Mouloudia a su gérer ses matchs de manière stratégique, engrangeant un maximum de points tout en maintenant une ligne défensive solide. La résilience affichée par l’équipe algérienne devrait servir de modèle pour un Mazembe en quête de crédibilité sur la scène continentale.
Sur le plan commercial et populaire, la rencontre de Kamalondo a révélé une autre facette du club. Malgré l’importance de ce dernier match, peu d’amateurs ont fait le déplacement, indiquant un désenchantement palpable des supporters. La moyenne d’affluence pour les matchs de Mazembe a chuté, et ce n’est pas le spectacle de ce samedi qui suffira à faire renaître l’engouement. Cela pose une question fondamentale : quel est le plan du club pour reconquérir son public ? La réponse pourrait bien résider dans l’amélioration des engagements stratégiques à long terme, tant sur le terrain que dans les relations avec les supporters.
Enfin, l’importance de la formation des jeunes talents au sein du Mazembe doit être évoquée. Or, avec les limites observées dans le jeu de certaines recrues, il devient crucial d’investir dans un système de formation qui garantit un approvisionnement constant de joueurs préparés et compétitifs. Dans un football africain en pleine mutation, où les nations et les clubs découvrent de nouvelles dynamiques, le Tout Puissant Mazembe ne peut se permettre d’être en décalage.
Au bout du compte, cette victoire témoigne non seulement de la capacité de l’équipe à rebondir après un parcours décevant, mais incarne également l’urgence d’une introspection plus profonde. Le chemin vers le renouveau est semé d’embûches, mais les Corbeaux ont encore des voiles à déployer pour se redresser parmi l’élite du football africain. Le défi sera d’amorcer un changement véritable qui alliera performances sportives et retour en grâce du public. En attendant, le regard se tourne vers l’avenir, avec l’espoir que Mazembe saura transformer cette victoire en tremplin pour un avenir plus radieux.
**José Mukendi, Fatshimetrie.org**