Pourquoi l’appel à la concertation en Ituri révèle-t-il l’urgence d’un dialogue entre civils et militaires ?

### Tensions politiques en Ituri : Un appel à la concertation et à la paix

Le 17 janvier, la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo a été le théâtre d
### Tensions politiques en Ituri : L’héritage d’un état de siège contesté

Le 17 janvier dernier, une acuité nouvelle a marqué la relation entre la gouvernance militaire et civile en Ituri, province de l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Samy Jakwonga, président de l’assemblée provinciale, a sommé le général Johnny Luboya, gouverneur militaire de la province, de rendre compte de la gestion de la région au cours des quatre années d’état de siège. En creux, cette déclaration soulève non seulement la question de la responsabilité politique dans le conflit armé persistant, mais elle met également en lumière la complexité des dynamiques démocratiques dans un cadre de sécurité instable.

#### La dualité de la gouvernance en état de siège

L’état de siège, décrété en mai 2021 en réponse à une recrudescence de violences intercommunautaires et d’attaques de groupes armés, a permis au gouvernement central de confier les rênes de la province à des militaires. Ce schéma de gouvernance, s’il a été approuvé par une partie de la population, s’est également avéré porteur de tensions, révélant un clivage entre les élus locaux et les militaires au pouvoir.

Les critiques de Samy Jakwonga interviennent à un moment crucial. En évoquant un bilan « négatif » et la responsabilité du gouverneur, il soulève des points essentiels sur la gestion des crises humanitaires. Depuis le début de l’état de siège, le chiffre des déplacés internes a explosé : plusieurs centaines de milliers de personnes errent dans des camps, tandis que l’insécurité perdure. La situation éclaire ainsi les limites d’une approche exclusivement militaire qui semble ne pas avoir su combiner sécurité immédiate et stratégies de paix durables.

#### Un leadership partagé : Quand la méfiance s’installe

L’incapacité du général Luboya à dialoguer avec les députés provinciaux soulève une question centrale : comment construire la paix dans un climat de défiance? Jakwonga évoque une volonté d’accompagnement des élus, pourtant suivie d’une méfiance manifeste de la part du gouverneur. Ce refus de collaboration interroge l’idée même d’un leadership partagé. Pour une gouvernance efficace dans la gestion des affaires publiques, l’inclusion des voix locales est impérative. Les députés, en tant que représentants du peuple mais également en tant qu’observateurs des réalités du terrain, ont un rôle crucial à jouer.

Des exemples internationaux pourraient nourrir la réflexion : la résolution du conflit en Colombie a, par exemple, mis l’accent sur la nécessité d’un dialogue inclusif entre toutes les parties prenantes. Le chemin vers la paix s’articule autour de la reconnaissance des responsabilités et des échecs passés, mais aussi autour d’une vision partagée de l’avenir.

#### Les défis normatifs de l’état de siège

Au-delà des tensions entre les différents acteurs politiques, l’état de siège pose également la question des normes juridiques et des droits humains. Dans la mesure où le pouvoir est concentré entre les mains de militaires, il est crucial de veiller à ce que les principes démocratiques soient préservés. La réduction des voix civiques, couplée à un contrôle militaire renforcé, pourrait non seulement étouffer la démocratie mais également aggraver les tensions intercommunautaires, car des parties prenantes ressentiraient leur exclusion.

En termes de statistiques, la violence à travers l’Ituri a eu des répercussions dévastatrices sur la population : des milliers de vies perdues et des villages abandonnés, laissant des communautés entières à la merci des groupes armés. Ceci constitue un terreau fertile pour l’instabilité future.

#### Conclusion : Vers un changement de paradigme

L’appel de Samy Jakwonga au gouverneur Luboya est un cri de ralliement pour une gestion plus inclusive, axée sur le dialogue et la coopération. Les leçons tirées des crises passées, tant dans la région de l’Ituri que sur la scène internationale, montrent que la paix durable ne se construit pas uniquement sur des fondations militaires. Au contraire, elle émerge d’un engagement pluriel, du compromis et de la transparence dans la gouvernance.

Les défis auxquels l’Ituri est confronté exigent une transformation radicale, où le dialogue remplace la méfiance, et où le peuple – en tant qu’acteur central et non pas comme simple figurant – retrouve son rôle dans la construction d’un avenir meilleur. La responsabilité est maintenant entre les mains des dirigeants, civils et militaires, de cimenter ce changement tant espéré, mais aussi nécessaire pour une paix durable. Les yeux de la nation, et du monde, restent braqués sur cette province emblématique, trop souvent oubliée, qui mérite d’aspirer à une voix nouvelle dans le concerto de la paix.