Pourquoi la réouverture des barrières illicites en Ituri met-elle en lumière les tensions sociopolitiques en RDC ?

### La Réémergence des Barrières Illicites en Ituri : Un Miroir des Tensions Sociopolitiques en RDC

Dans la chefferie des Babibil-Babombi, en Ituri, des barrières illicites ponctuent à nouveau le paysage, ravivant des préoccupations sur la gouvernance et la sécurité en République Démocratique du Congo. Avec des montants d
### La Réémergence des Barrières Illicites en Ituri : Un Voyage dans les Ombres de la Gouvernance et de la Sécurité

Le récent reportage sur les barrières « illicites » dans la chefferie des Babibil-Babombi, dans le territoire de Mambasa, soulève des questions préoccupantes sur la gouvernance, la sécurité et la confiance entre la population et les forces armées en République Démocratique du Congo (RDC). Au-delà des simples faits, cette situation traduit des enjeux profonds qui méritent d’être analysés sous plusieurs angles : socio-économique, historique et politique.

#### Une Réalité Économique Alarmante

En se penchant sur les montants exigés à chaque barrière, l’analyse économique s’impose. Les montants à débourser varient de 1 000 à 20 000 francs congolais (FC), un coût conséquent pour les populations locales souvent déjà éprouvées par des conditions de vie difficiles. En effet, selon les données provenant de la Banque Centrale du Congo, le seuil de pauvreté en RDC est alarmant, avec plus de 70 % de la population vivant en dessous de ce seuil. Cela signifie que pour beaucoup, traverser ces barrières représente un choix économique difficile, entre se soumettre à ces extorsions ou perdre des journées de travail sur des routes rendues impraticables par la peur des tracasseries.

#### La Disparition de la Confiance Civilo-Militaire

Le Secrétaire de la Convention pour le Respect des Droits Humains, Rams Malikidogo, souligne un point crucial : la réouverture de ces barrières est symptomatique d’une rupture croissante de la confiance entre la population et ses protecteurs. Ce phénomène n’est pas sans précédent : des études précédentes indiquent que la méfiance envers les forces de sécurité peut engendrer une spirale de violence, alimentant ainsi des conflits internes et des actes de défense locale non encadrés. Des groupes armés pourraient voir une opportunité d’y trouver un soutien parmi des populations désespérées, enfreignant davantage la stabilité de la province.

#### Un Passé Cyclique de Tracasseries

Historique, la problématique des barrières illicites n’est pas une nouveauté en RDC. Lors de l’opération Sokola 1 en septembre 2024, une vague d’optimisme avait étreint la population suite à la destruction de ces barrières. Mais cette nouvelle vague de réinstallation raconte l’histoire : des mesures temporaires sans suivis adéquats. À l’instar de nombreux cycles de violence et de paix en RDC, l’efficacité des interventions militaires semble souvent trop éphémère, laissant place à un retour des pratiques anciennes.

#### Une Impasse Statistique et Sociologique

Pour les sociologues, cette situation présente un terrain fertile pour une analyse des comportements humains. La récurrence de ces pratiques de hiérarchisation économique au sein des forces armées souligne une culture d’impunité enracinée. Les enquêtes sociologiques, comme celles menées par le Centre d’Études pour le Développement (CED), révèlent que dans des environnements marqués par une gouvernance faible, les comportements illégaux se normalisent. Dans un écosystème où les normes de sécurité sont souvent défaillantes, le retour à des pratiques illicites, justifiées par des slogans de « sécurisation », devient une réalité.

#### Plongée dans la Réforme et la Responsabilité Civile

À l’heure où la communauté internationale et les ONG continuent de plaider pour le renforcement des structures de gouvernance en RDC, la situation à Mambasa demande des réponses adaptées. Quelles réformes structurelles doivent être intégrées pour garantir que les forces de sécurité se concentrent réellement sur la protection de la population, plutôt que sur l’extorsion ? Une approche intégrée impliquant la société civile, les autorités militaires, et les décideurs politiques pourrait offrir un cadre renouvelé de responsabilité et d’engagement.

#### Conclusion : Une Appel à la Mobilisation

Le problème des barrières illicites n’est pas qu’une question de sécurité routière, mais un microcosme des fractures plus larges dans la société congolaise. L’appel à l’action formulé par l’Administrateur policier de Mambasa, Jean-Baptiste, doit se transformer en un discours national. Un dialogue transparent entre la société civile et les institutions doit être établi, loin des traditionnels rapports d’oppresseur et d’opprimé, pour restaurer une confiance mutuelle.

En somme, le mouvement vers la résolution des problèmes de gouvernance et de sécurité en RDC nécessite plus qu’une simple annonce politique. Il nécessite un engagement collectif pour rompre le cycle de méfiance et rétablir un sens de sécurité réel, où les barrières deviennent des points de passage au lieu de points de contrôle de la vie des citoyens.