### Le Café et le Cacao congolais : Une Filière en Danger et les Opportunités d’une Réinvention
Dans un contexte de tensions internationales sévères, la République Démocratique du Congo (RDC) se retrouve à un carrefour critique de son histoire économique. L’alerte lancée par la Fédération des entreprises du Congo (FEC) concernant la cessation d’importation des produits du café et du cacao en provenance de ce pays par l’Union européenne a été perçue comme un véritable coup de tonnerre par les acteurs du secteur. Cette situation, bien que préoccupante, révèle également des opportunités inédites pour la RDC, et pas seulement à travers le regard anxieux du ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku.
#### Une Situation Économique Précaire
La RDC, riche en ressources naturelles et agronomiques, fait face à des défis économiques qui ne sont pas nouveaux, mais qui se sont intensifiés. Le café, surnommé « l’or brun », et le cacao, souvent plus perçu comme une matière première, sont parmi les principales exportations du pays. Le danger réside dans le fait que ces ressources pourraient rapidement passer hors du contrôle congolais, notamment au profit de ses voisins comme le Rwanda et l’Ouganda. Ceux-ci, bénéficiant d’une logistique plus développée, pourraient capter ces produits et les revendre à un prix largement supérieur sur les marchés internationaux.
Les statistiques d’exportation de la RDC montrent qu’en 2022, le pays a produit environ 870 000 tonnes de café et 90 000 tonnes de cacao. Toutefois, selon les experts, la RDC pourrait multiplier par deux sa production si elle surmonte les barrières logistiques et phytosanitaires qui l’entravent actuellement. Ce point pourrait s’avérer crucial dans le cadre des discussions visant à faciliter l’exportation vers des marchés en croissance rapide, comme la Chine.
#### Une Nouvelle Porte : La Chine
Le partenariat signé entre des sociétés congolaises et chinoises à Changsha représente un tournant. Cet accord entend exporter des volumes significatifs de produits agricoles congolais vers la Chine, un marché où la consommation de café ne cesse d’augmenter. Selon les prévisions, la consommation de café en Chine pourrait atteindre 1,7 million de tonnes d’ici 2025, portant le pays au rang de deuxième marché mondial.
Bien que cettе opportunité soit prometteuse, un blocage dans le contrat des risques phytosanitaires semble empêcher sa concrétisation rapide. Cette situation met en exergue la défiance qui existe dans les négociations internationales, où les préoccupations relatives à la qualité et à la sécurité alimentaire sont devenues centrales. C’est ici que la RDC pourrait bénéficier de l’expertise et du soutien technique de l’Union européenne, jusqu’à présent plus préoccupée par l’interdiction des importations.
#### Les Inquiétudes Phytosanitaires et Écologiques
L’un des principaux arguments avancés par les autorités congolaises est que les produits de la RDC ne proviennent pas des zones ayant subi la déforestation. Toutefois, la question de la traçabilité et des normes phytosanitaires reste cruciale. Par exemple, l’Union européenne impose des standards stricts sur les produits agricoles, tendant à protéger son propre marché tout en garantissant la santé de ses consommateurs. Dans ce cadre, une collaboration accrue entre la RDC et des instituts de recherche agronomique pourrait non seulement améliorer la qualité des produits mais également rassurer les partenaires commerciaux.
### Une Réflexion sur la Souveraineté Économique
La crainte d’une guerre économique est manifeste, mais elle devrait également amener la RDC à repenser sa stratégie économique d’une manière plus globale. Une redéfinition de ses relations commerciales, une diversification des marchés d’exportation et un investissement dans l’innovation agricole pourraient renforcer la sécurité économique du pays. La coopération avec des pays à économie émergente, tels que la Chine, apparaît comme une stratégie viable, mais elle doit s’accompagner d’une volonté politique claire et de mesures concrètes pour garantir la qualité, la traçabilité et la durabilité des produits.
#### Conclusion : Une voie à tracer
Si le déclin des exportations de café et de cacao vers l’Union européenne représente un revers significatif pour la RDC, il peut également être perçu comme une opportunité de renouveau. Les mesures évoquées par le ministre Julien Paluku doivent s’accompagner d’une action rapide et concertée, tant au niveau gouvernemental que sectoriel. L’essor des marchés asiatiques, la nécessité de maintenir les standards phytosanitaires, et la compétition accrue avec les pays voisins sont des défis qui, s’ils sont surmontés, pourraient voir au bénéfice non seulement de l’économie congolaise, mais également de sa réputation sur le marché mondial. Le Congo a-t-il la volonté et la capacité de saisir cette occasion pour se réinventer ? L’avenir nous le dira.