**Binza Delvaux : Les habitants face à l’angoisse de l’érosion – Une problématique environnementale souvent sous-estimée**
Le mercredi 15 janvier, une délégation de vingt habitants des quartiers Punda et Bangu à Binza Delvaux a manifesté son désespoir en menant un sit-in devant la résidence du ministre des Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction, Alexis Gisaro. Leur objectif était de solliciter une intervention pour contrer l’avancée inquiétante du ravin Bolikango, qui menace de ronger les constructions environnantes et de couper une route essentielle reliant Delvaux à Selembao.
Cette situation, bien que désespérante pour les résidents, éclaire une problématique plus vaste : l’érosion, souvent perçue comme un fait divers, s’avère être un véritable fléau environnemental qui affecte de plus en plus de territoires urbains. La question qui se pose ici est celle de la prise de conscience collective et des mesures préventives à mettre en place pour conjurer cette menace.
### Lien entre érosion et urbanisation
Le ravin Bolikango met en lumière un phénomène bien connu mais souvent mesuré trop tardivement. La dégradation des sols et l’érosion ne sont pas des urgences temporelles, mais des tendances à long terme exacerbées par une urbanisation mal pensée. En analysant les données des cinq dernières années, il apparaît que les villes comme Kinshasa, où l’urbanisation galopante a mis à mal les infrastructures naturelles, sont de plus en plus touchées par des problèmes similaires.
Selon un rapport de l’Observatoire de l’Environnement au Congo, près de 30 % des zones urbaines denses du pays sont classées à risque en raison d’un manque d’infrastructures adaptées et d’une gestion inappropriée des sols. Ce phénomène se traduit souvent par des glissements de terrain et l’érosion des rivages, deux manifestations concrètes d’une défaillance systémique dans la planification urbaine.
### Les enjeux sociaux et économiques de l’érosion
Les répercussions de l’érosion s’étendent bien au-delà de la simple perte de biens matériels. Lorsqu’une route stratégique comme celle reliant Delvaux à Selembao est compromise, c’est l’ensemble d’un réseau économique qui est mis à mal. Cela peut entraîner une augmentation du coût des denrées de première nécessité, une baisse de l’accès aux services de santé et d’éducation, et par conséquent un appauvrissement de la population, déjà vulnérable.
Pascal Chihinda, l’un des notables du quartier Punda, résume bien la situation : « Nos maisons, notre sécurité, tout est en train de disparaître. Nous avons besoin de solutions, pas seulement des promesses. » Son désarroi est partagé par de nombreux résidents qui vivent dans la peur constante de voir leurs habitations englouties par les terres.
### Les politiques de lutte contre l’érosion : une nécessité pratique
Le bourgmestre de Ngaliema, Dieumerci Mayibanzilwanga, a promis une reprise imminente des travaux de lutte contre l’érosion. Cependant, cette réponse instantanée soulève des questions sur la longévité et l’efficacité des solutions mises en œuvre. Si historiques politiques ressemblent à des coups d’épée dans l’eau, la pérennité des mesures de prévention reste à établir.
Les travaux de lutte contre l’érosion doivent également être facilement accessibles à la population locale, qui, dans de nombreux cas, manque d’informations et de ressources pour s’engager dans des initiatives communautaires. Les programmes de sensibilisation devraient être étendus pour expliquer aux résidents comment ils peuvent également contribuer à la protection de leur environnement immédiat.
### Conclusion : Une action collective pour un avenir durable
La situation à Binza Delvaux appelle à une prise de conscience non seulement des autorités mais aussi de chaque citoyen. Si des mesures de lutte contre l’érosion doivent être mises en place d’urgence, il est crucial d’envisager ces actions dans le cadre d’une stratégie à long terme. Une approche intégrée, mêlant sensibilisation communautaire, collaboration entre les autorités locales et les habitants, ainsi que l’engagement de spécialistes en environnement, pourrait non seulement remédier à cette crise mais aussi garantir la durabilité des solutions adoptées.
L’érosion, loin d’être un phénomène isolé, est symptomatique d’une crise environnementale plus large qui nécessite un dialogue transparent, une part de responsabilité partagée et une action résolue. À défaut, les sit-in d’aujourd’hui pourraient bien devenir les cris d’alarme d’une génération confrontée à des conséquences catastrophiques si rien n’est fait pour protéger et restaurer notre patrimoine naturel.