Pourquoi la tragédie du camp Kalomo révèle-t-elle l’urgence d’une réforme sur la santé mentale et la violence domestique dans l’armée congolaise ?

**L’Obscurité du Camp Kalomo : Réflexion sur la Violence Domestique au Sein des Forces Armées**

Le drame tragique qui a eu lieu le 15 janvier au camp Kalomo, à Kisangani, soulève des questions inquiétantes sur la violence domestique et la santé mentale au sein des forces armées en République Démocratique du Congo (RDC). La perte d’une femme de trente ans, présumément animée par le désir d’aider son mari militaire souffrant de troubles psychologiques, rappelle les défis souvent invisibles qui entourent les hommes en uniforme et leurs familles.

Les détails des circonstances de cette tragédie sont d’une affliction déchirante : le corps de la victime, découvert par des voisins alertés par les cris des enfants, révèle non seulement une issue fatale, mais aussi des blessures suggérant un acte de violence extrême. Les stridents cris d’appel à l’aide, qui ont résonné dans la nuit, sont empreints d’un sentiment de désespoir que trop de familles militaires sont forcées de confronter. Les statistiques sur la violence domestique montrent qu’elle touche toutes les couches de la société, mais la complexité de la vie militaire et les stigmates associés à la souffrance mentale en font un sujet encore plus tabou.

### Une Réalité Alarmante

Selon des données récentes, près de 30 % des femmes en RDC subissent des violences physiques, sexuelles ou émotionnelles dans le cadre de leur vie familiale. Cependant, le contexte militaire accentue souvent les pressions psychosociales, créant une recette explosive dans un environnement déjà chargé de stress. Les militaires sont exposés à des situations extrêmes et peuvent développer des troubles tels que le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), qui se manifestent fréquemment par des comportements violents.

Il est crucial de noter que, si le mari de la défunte est désormais détenu, cela soulève des questions sur la manière dont les institutions militaires gèrent ces cas. Le soutien psychologique est-il adéquat ? Les militaires reçoivent-ils une formation suffisant sur la gestion du stress et la régulation de leurs émotions ? La réponse à ces questions peut avoir des conséquences non seulement pour les victimes de violence domestique mais également pour les militaires eux-mêmes, qui se retrouvent souvent dans une spirale destructive de souffrance.

### La Stigmatisation de la Maladie Mentale

Les problèmes de santé mentale restent stigmatisés dans de nombreuses sociétés, y compris celle de la RDC. Les militaires, par leur formation, sont souvent perçus comme des figures de force, faisant de la vulnérabilité un sujet difficile à aborder. Dans le cas du militaire suspecté, son incapacité à gérer ses problèmes de santé mentale a eu des conséquences tragiques non seulement pour sa femme mais pour leurs enfants, après avoir été témoins d’un acte de violence que rien ne peut effacer de leur mémoire.

La dernière tragédie au camp Kalomo n’est pas un cas isolé : les précédents incidents parlent d’eux-mêmes, le précédent meurtre ayant eu lieu moins d’un an auparavant. Cela interroge les mécanismes de prévention et d’interventions qui devraient être mis en place au sein des armées pour prévenir ce type de drame.

### Vers une Réflexion Collective

Inciter à la discussion sur la santé mentale chez les militaires pourrait s’avérer bénéfique non seulement pour prévenir la violence domestique mais également pour améliorer la condition de vie des soldats et de leurs familles. Des initiatives de prévention, incluant des programmes de santé mentale et de sensibilisation au sein des institutions militaires, pourraient contribuer à réduire les tensions internes et réfléchir au rôle que chaque soldat peut jouer dans la protection de son propre cadre familial.

Il est nécessaire de se poser des questions sur nos attentes face aux militaires, souvent considérés comme des héros. Ils sont également des êtres humains, confrontés à des défis complexes. La promotion de dialogues ouverts autour de la santé mentale pourrait également permettre de briser la culture du silence qui entoure ce sujet si crucial.

### Conclusion

Le drame survenu au camp Kalomo est plus qu’un fait divers tragique; c’est un appel à la action pour prévenir d’autres tragédies. Une meilleure compréhension et une approche holistique de la santé mentale dans les forces armées sont urgemment nécessaires. Au-delà de la peine et de l’indignation, c’est un moment pour impulser des réformes et des discussions qui, espérons-le, contribueront à protéger non seulement les militaires, mais aussi leurs familles, des violences tragiques qui pourraient être évitées.

Gaston MUKENDI, à Kisangani.