Pourquoi la violence des ADF menace-t-elle l’agriculture et la sécurité alimentaire à Beni ?

### La lutte des agriculteurs du Nord-Kivu : entre violences et espoir

Au cœur du Nord-Kivu, l
### La situation précaire des agriculteurs dans le Nord-Kivu : Entre révolte des ADF et la nécessaire résilience locale

La récente attaque des rebelles du groupe islamiste ADF dans le territoire de Beni, qui a coûté la vie à trois cultivateurs et entraîné l’enlèvement d’une douzaine d’autres, met en lumière un paradoxe tragique : alors que la région est un important pourvoyeur de denrées alimentaires pour la population locale, elle demeure vulnérable face à la violence et l’insécurité. Cette intrusion a non seulement affecté des vies humaines, mais elle soulève aussi des questions cruciales sur la sécurité alimentaire et les dynamiques socio-économiques dans une zone déjà en souffrance.

#### Une économie locale sous la menace

Les zones agricoles comme Bapakombe-Bakondo et ses environs ont longtemps été considérées comme le poumon économique de Beni, fournissant une part conséquente des vivres nécessaires à la survie des habitants. En plus des biens de consommation, l’agriculture dans cette région est une source de subsistance pour des milliers de familles. Les cultivations de manioc, de banane plantain et d’autres cultures vivrières sont une réponse directe aux exigences alimentaires croissantes. Cependant, l’attaque des ADF souligne une réalité amère : les cultivateurs sont souvent laissés à eux-mêmes, pris entre la lutte pour leur survie économique et la menace d’une violence extrême.

Selon des données de la FAO, 60 % de la population rurale du Nord-Kivu vit en situation d’insécurité alimentaire, un chiffre alarmant qui devrait inciter les autorités et les partenaires internationaux à mettre en priorité la sécurisation des zones agricoles. En effet, ce type de violence désorganise non seulement les productions, mais impacte aussi le commerce local, ce qui crée un cercle vicieux où l’insécurité alimentaire engendre des conflits et vice versa.

#### Renaissance par la solidarité communautaire

Face à cette situation alarmante, il est crucial de mettre en avant non seulement l’urgence des mesures sécuritaires mais également l’importance de la solidarité et de l’organisation communautaire. Les mots de Gervais Makofi trouvent toute leur résonance dans ce contexte : la protection des agriculteurs ne doit pas uniquement venir des forces armées. Les initiatives communautaires, souvent méconnues, ont montré une certaine efficacité face à l’insécurité.

Des coopératives agricoles ont commencé à voir le jour. Elles ne se contentent pas d’améliorer les rendements agricoles, mais elles favorisent également un réseau de soutien mutuel. Des cultivateurs s’organisent pour partager des ressources, mettre en place des systèmes d’alerte en cas d’attaque, et négocier des prix justes pour leurs produits. C’est cette résilience communautaire, souvent ignorée par les médias, qui pourrait non seulement renforcer la stabilité de la région mais aussi diminuer l’attrait de ces groupes armés pour un nombre croissant de jeunes hommes en quête d’options économiques.

#### Le rôle indispensable des acteurs internationaux

Dans cette lutte pour la survie, le rôle des organisations internationales, telles que la MONUSCO, ainsi que des forces armées conjointes comme la FARDC et l’UPDF, est essentiel. Leur présence sur le terrain est une garantie de sécurité pour les agriculteurs. Toutefois, leur action devrait être accompagnée d’un développement stratégique, en prenant en compte le rôle des populations locales dans la création d’un environnement stable.

Le soutien économique, tels que des programmes d’aide alimentaire, de formation et d’investissement dans les infrastructures, pourrait également participer à réduire l’impact des conflits. Les acteurs internationaux doivent être sensibilisés à cette complexité : investir dans la sécurité alimentaire n’est pas uniquement un problème d’assistance humanitaire, mais un enjeu de développement durable qui pourrait, à long terme, réduire les conflits.

### Conclusion : Une lueur d’espoir

La situation à Beni est critique, mais elle n’est pas sans espoir. La vulnérabilité des agriculteurs face à la violence des ADF met en exergue l’importance d’une approche intégrée qui associe sécurité, solidarité et développement durable. Lançons un appel à la communauté internationale pour qu’elle soutienne ces initiatives locales. Renverser ce paradigme, c’est donner la voix à ceux qui nourrissent la région et poser les fondations d’un avenir pacifique et prospère. La résilience des agriculteurs du Nord-Kivu pourrait bien être la clé pour transformer un cycle de violence en une voie vers la paix durable et la sécurité alimentaire.