Quelle issue pour le Tchad après l’attaque armée contre le palais présidentiel ?

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### N’Djamena : entre tentatives de déstabilisation et résilience nationale

Ce mercredi, la capitale tchadienne, N’Djamena, a été le théâtre d’une tentative de déstabilisation politique qui aurait pu plonger le pays dans le chaos. Selon Abderaman Koulamallah, le porte-parole du gouvernement, la situation est désormais « totalement sous contrôle », mais cet événement soulève des questions bien plus larges sur la stabilité politique du Tchad et sur les dynamiques géopolitiques qui influencent la région.

#### Une menace intérieure : le cas d’une tentative d’attaque du palais présidentiel

Dans un monde où les coups d’État et les révolutions semblent sésames pour de nombreux pays africains, l’attaque d’un commando armé contre le palais présidentiel de N’Djamena n’est pas qu’une simple anecdote. C’est une fenêtre sur une insatisfaction croissante au sein de la population et sur les tensions internes exacerbées par des défis économiques et sociaux. Depuis le décès d’Idriss Déby en avril 2021, le Tchad navigue dans des eaux troubles, perdant un leader fort dont le règne a été particulièrement contesté mais qui avait su maintenir une certaine stabilité par la poigne.

Cette tentative d’assaut, bien que rapidement maîtrisée par la garde présidentielle, rappelle les scénarios déjà vus dans d’autres pays africains. Les exemples de la Libye et de l’Égypte, où des révoltes issues de mécontentements populaires ont mené à des conflits prolongés, illustrent les dangers d’un rétablissement des ordres établi sans une prise en compte des aspirations populaires. L’enlisement du Tchad dans une telle séquence pourrait avoir des implications régionales.

#### Réflexion comparative : La sécurité à N’Djamena versus d’autres régions

Au-delà des frontières tchadiennes, la situation à N’Djamena s’inscrit dans un contexte d’instabilité chronique au Sahel. Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les coups d’État militaires ont déjà redessiné la carte politique, avec des conséquences désastreuses sur la sécurité et le bien-être des populations locales. Contrairement à ces pays, où le taux d’interventions militaires a explosé ces dernières années, le Tchad a simplement mobilisé ses forces de sécurité pour neutraliser la menace. Cette capacité d’action rapide indique une structure militaire solide, mais également un besoin urgent d’une réforme politique et sociale pour apaiser les tensions sous-jacentes.

#### En République Démocratique du Congo : le spectre de la guerre non éloigné

La situation en République Démocratique du Congo (RDC) est une autre illustration des défis de sécurité en Afrique centrale, où les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) lancent une contre-offensive contre le groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda. Ce conflit dit « local », mais influencé par des jeux de pouvoir régionaux, révèle les impacts d’une militarisation excessive – un phénomène à éviter à N’Djamena pour empêcher l’émergence d’un cycle de violence.

Les statistiques sont inquiétantes : des millions de Congolais vivent déplacés, et des milliers d’autres perdent la vie chaque année dans ces affrontements. La leçon à tirer est que l’histoire de la RDC devrait inciter le Tchad à investir dans des solutions pacifiques, de dialogue et de réconciliation, plutôt que de s’enraciner dans des pratiques de répression.

#### En Guinée : quand la justice devient instrumentalisée

Parallèlement, en Guinée, la condamnation de l’opposant Aliou Bah à une lourde peine de prison fait écho à ces luttes pour la démocratie sur le continent. À l’approche de l’anniversaire de l’enlèvement de deux activistes, cette décision judiciaire soulève non seulement un tollé parmi l’opposition, mais interroge également la gouvernance démocratique du pays. Comparativement, le Tchad, bien que luttant aussi avec des lacunes en matière de droits humains, semble adhérer à une façade diais et d’ouverture, à travers son engagement à maintenir un contrôle militaire strict sur les menaces internes.

La situation de Bah peut servir de catalyseur à des mouvements de contestation, mais elle peut également fortifier la répression si le gouvernement actuel ne choisit pas le dialogue et la conciliation.

#### Conclusion : un impératif d’anticipation pour le Tchad et ses voisins

Si la stabilité de N’Djamena est, pour l’instant, maîtrisée, cela ne signifie pas que le danger est écarté. Les nations de la région doivent prendre des leçons de l’histoire récente, et s’orienter vers des solutions qui rabattent les causes de l’instabilité en favorisant les dialogues inclusifs et les réformes. Le défi qui attend le Tchad et ses voisins ne réside pas seulement dans le maintien de la sécurité, mais dans la construction de sociétés résilientes et unies, capables de faire face aux défis d’un avenir incertain.

Cet engagement envers une gouvernance positive initiée dès aujourd’hui pourrait prévenir les cris de soulèvement de demain, non seulement à N’Djamena mais dans toute l’Afrique centrale. L’inaction serait un luxe que le Tchad ne peut pas se permettre s’il aspire à un avenir pacifique et prospère.