Quelle impact la nouvelle grille tarifaire des transports en commun à Kinshasa aura-t-elle sur les usagers et l’infrastructure routière ?

## Kinshasa et son Transport en Commun : Une Réforme Tarifaired’un Secteur en Crise

Le 7 janvier 2024, le gouvernement provincial de Kinshasa, à travers le ministère des Transports et de la Mobilité urbaine, a rendu visible une nouvelle grille tarifaire pour les transports en commun. Sur le papier, cette initiative vise à établir un cadre clair et structuré pour les prix des trajets en bus, minibus et taxis-bus dans la capitale congolaise. Toutefois, derrière cette annonce se cache une réalité plus complexe : l’inefficacité persistante du secteur des transports à Kinshasa.

### Une Grille Tarifaire : Un Signal Fort ou un Clic de Plus dans le Dispositif de Contrôle ?

L’objectif affiché par l’arrêté est clair : mettre un terme aux abus tarifaires qui déstabilisent les usagers, souvent à la merci des exigences fluctuantes des chauffeurs et receveurs. La grille tarifaire réglemente les prix selon des trajets distincts, allant de 500 FC à 2500 FC. Cependant, l’efficacité de cette mesure repose sur une série d’interdictions additionnelles visant à assurer le respect des tarifs. On note notamment l’obligation d’afficher clairement les prix à l’intérieur des véhicules et des sanctions pécuniaires en cas de non-respect.

Récemment, des tentatives similaires d’établissement de tarifs fixes ont été mises en œuvre, mais leur application a souvent été un échec. En mai 2023, une grille tarifaire avait déjà été introduite sans succès durable. Cela soulève des questions sur la mise en œuvre réelle des mesures et sur la volonté des autorités de réellement réformer un secteur en proie à l’anarchie.

### Une Réalité de Terrain à Redéfinir

Alors qu’il s’agit d’une bonne initiative, il existe un écart significatif entre le cadre législatif et la réalité du terrain. Les routes à Kinshasa sont dans un état préoccupant, rendant souvent les trajets longs et éprouvants. Une analyse menée en 2022 indiquait que 40% des routes de la capitale étaient impraticables, une statistique qui n’est pas en faveur d’une expérience de transport fluide pour les Kinois. Les chauffeurs justifient souvent leurs augmentations tarifaires par la dégradation des infrastructures, créant un cercle vicieux de mécontentement qui s’apparente à une impasse.

### Comparaison avec d’Autres Capitales Africaines

À titre de comparaison, d’autres capitales africaines comme Nairobi ou Kigali ont implémenté des réformes dans le secteur des transports en privilégiant une approche globale et systémique. À Nairobi, le système des « Matatus », bien que sujet à des controverses, a vu des autorités mettre en place des régulations spécifiques qui ont permis une meilleure gestion des tarifs et une sécurité accrue pour les passagers. À Kigali, le transport public est intégré dans une stratégie urbaine, avec une attention particulière sur l’entretien des routes et l’extension des lignes de transport.

### Le Rôle Crucial de la Sensibilisation

Il est impératif que les autorités provinciales travaillent à une stratégie de sensibilisation solide pour impliquer les usagers dans le respect de la grille tarifaire. L’éducation des passagers sur leurs droits et devoirs est essentielle pour favoriser une culture où le respect des tarifs devient la norme, plutôt qu’une exception.

Il est également crucial que les autorités ne se limitent pas seulement à des mesures répressives, mais qu’elles investissent dans l’amélioration des infrastructures routières. Un rapport de la Banque Mondiale sur la ville de Kinshasa a révélé que 30% des ressources financières allouées au secteur des transports sont généralement détournées, posant ainsi la question de la transparence et de la bonne gouvernance. Améliorer l’état des routes pourrait réduire les coûts d’entretien pour les chauffeurs, leur permettant de respecter la grille tarifaire sans incurring de pertes.

### Conclusion : Kinshasa à un Tournant

Kinshasa se trouve à un tournant décisif. Le succès de cette nouvelle grille tarifaire dépendra de la capacité des gouvernants à garantir l’application de leurs mesures tout en investissant dans les infrastructures. La mise en œuvre effective de la nouvelle grille ne saurait se faire sans une approche collaborative impliquant tous les acteurs du secteur. Sous peine de rester prisonnier d’une spirale d’insatisfaction, le gouvernement doit agir de manière transparente et responsable.

Alors que les Kinois espèrent une amélioration tangible dans leur quotidien, il serait judicieux de ne pas perdre de vue que le réel enjeu du transport en commun à Kinshasa dépasse de loin une simple réforme tarifaire : il s’agit en vérité d’ériger un système de transport durable, équitable et efficace pour répondre aux besoins d’une population en constante augmentation. Les travaux sont lancés, mais le chemin reste encore long.