### La fermeture du Centre culturel Aw’art : une perte poignante pour la scène artistique de Kinshasa
Dans un paysage culturel saturé de défis et d’obstacles, le Centre culturel Aw’art, un phare pour la créativité à Kinshasa, a récemment annoncé sa fermeture. Situé au 417, avenue Kimbondo dans la commune de Bandalungwa, ce lieu emblématique fait ses adieux après une aventure de six ans marquée par l’innovation, la résilience et la passion pour l’art. Mais au-delà de la tristesse que cette fermeture engendre, se pose la question cruciale de l’avenir de la scène artistique congolaise dans un contexte économique et social complexe.
#### Un espace d’épanouissement et de création
Depuis son inauguration en 2018, Aw’art n’a pas seulement été un espace de présentation artistique ; il a été un incubateur de talents. Proposant des installations où la jeunesse pouvait s’exprimer librement, le centre a su évoluer en un véritable écosystème artistique, capable de produire plus d’une centaine de projets sans le soutien d’aides gouvernementales ou de financements externes. Ce modèle de fonctionnement, bien que louable, est symptomatique de la manière dont l’art est souvent traité en République Démocratique du Congo. Les artistes doivent naviguer dans des eaux tumultueuses, usant de débrouillardise et de ténacité pour se faire entendre.
#### Une voie à redéfinir : l’urgence d’un soutien concerté
La fermeture temporaire du Centre culturel Aw’art souligne une réalité inquiétante : la fragilité du secteur culturel congolais. Selon une étude récente, près de 60% des initiatives culturelles en RDC font face à des difficultés financières majeures, illustrant un manque de modèles économiques soutenables. En comparaison avec d’autres pays d’Afrique, où le soutien privé et public à la culture est plus intégré dans les politiques nationales, la RDC semble encore en retrait. Dans des pays comme le Sénégal ou le Mali, des dispositifs tels que le mécénat culturel et des programmes de subventions ont permis la pérennisation des espaces artistiques.
#### L’art comme vecteur de développement
L’importance des centres culturels comme Aw’art ne se limite pas à la simple production artistique. Ils jouent également un rôle clé dans le développement social et économique des communautés. Une étude de l’UNESCO a révélé que pour chaque dollar investi dans les arts, trois dollars d’activités économiques en résultent. Cela soulève une question pressante : comment la RDC pourrait-elle réinventer son approche envers le secteur culturel pour en faire un vecteur de développement économique durable ? Une plus grande collaboration entre le gouvernement, les entreprises et les artistes pourrait constituer une réponse à ce défi.
#### L’appel à la solidarité
À l’heure où Aw’art cherche le soutien des personnalités et du public pour surmonter cette épreuve, il est important de réfléchir à la manière dont chaque acteur de la société peut contribuer à la réhabilitation de cet espace culturel. Les initiatives citoyennes, telles que des collectes de fonds ou des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux, peuvent jouer un rôle déterminant dans la survie des structures comme Aw’art. Cependant, cela nécessite un engagement collectif et une conscience partagée de l’importance de la culture dans notre société.
#### Conclusion
La fermeture du Centre culturel Aw’art marque non seulement la fin d’un chapitre pour un groupe d’artistes mais également celle d’une opportunité précieuse pour la ville de Kinshasa. En reflétant les défis auxquels le secteur culturel congolais fait face, elle nous incite à agir, à réinvestir dans la culture et à construire un avenir où l’art ne sera plus perçu comme un luxe, mais comme un droit et un outil fondamental de cohésion sociale et de développement économique. La communauté artistique doit se lever pour défendre ce qui est essentiel ; une renaissance est toujours possible, mais elle nécessite une mobilisation collective sans précédent.