**Goma : La crise silencieuse des enfants non vaccinés dans le Nord-Kivu**
Au cœur de la République Démocratique du Congo, la ville de Goma, souvent perçue comme un épicentre de la crise humanitaire, recèle des histoires tragiques que peu osent raconter. Entre les ravages du conflit armé et les défis économiques, se dessine une réalité encore plus alarmante : celle des plus de cent enfants déplacés qui, à Katwa et dans ses alentours, n’ont pas reçu une seule goutte de vaccin depuis le début de l’année 2023. Cette situation inquiétante, révélée par le président du camp de Katwa, Martin Kasa-Vubu, jette une lumière crue sur l’absence d’assistance médicale au sein de cette population déjà fragilisée par la guerre.
*Un constat alarmant sur le terrain*
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), les vaccinations chez les enfants de moins de cinq ans sont impératives pour lutter contre des maladies évitables telles que la rougeole, la polio, ou encore les hépatites. Cependant, dans une région déjà engagée dans une lutte contre la malnutrition et les maladies trop rapidement épidémiques, ces enfants sont tombés dans l’oubli dans le cadre d’une crise humanitaire qui semble sans fin.
Dans le site de Katwa, qui abrite ces enfants nés de parents déplacés ou réfugiés, la réalité est beaucoup plus sombre qu’on ne pourrait l’imaginer. Le témoignage de Kasa-Vubu illustre le désespoir croissant des familles confrontées à l’absence de mesures préventives fondamentales. « Nous avons des enfants qui sont nés ici, mais n’ont jamais reçu un seul vaccin. Nous craignons pour leur santé », déclare-t-il, une angoisse partagée par tous les responsables de ces lieux d’hospitalité précaires.
*Une situation révélatrice des dysfonctionnements systémiques*
Ce cri d’alarme met également en exergue les douleurs d’un système de santé public en déliquescence. Au-delà de l’absence de campagnes vaccinationnelles, il est crucial de s’interroger sur la gestion des ressources, l’investissement en infrastructures de santé, et l’accès aux soins dans des contrées où les luttes communautaires sont souvent ignorées par les instances politiques. En effet, les réalités des camps de déplacés sont souvent perçues à travers le prisme de l’urgence humanitaire, et les efforts de réhabilitation à long terme en souffrent grandement.
Les promesses de Dr Hans Bateyi, coordonnateur provincial du Programme élargi de vaccination, d’une campagne multi-antigènes à venir sont certes encourageantes, mais soulèvent également des questions sur la réelle capacité d’action du gouvernement et de ses partenaires. Les promesses de vaccination, dans un contexte aussi chaotique, soulignent la vulnérabilité systémique d’un modèle d’approche humanitaire qui peine à se transformer en un système de santé durable.
*Un appel à la responsabilité collective*
Les yeux sont désormais rivés sur le gouvernement congolais, dont la réactivité à ce problème de santé publique sera déterminante pour l’avenir de ces enfants. Mais cette responsabilité ne repose pas uniquement sur les épaules des décideurs. Les organisations non gouvernementales, la communauté internationale, et même les acteurs locaux doivent s’engager à redoubler d’efforts pour restaurer la confiance dans le système de santé.
D’un point de vue comparatif, la situation de Goma fait écho à d’autres crises similaires ailleurs dans le monde où des enfants ont été laissés à l’écart des programmes de vaccination essentiels. Selon un rapport de l’UNICEF, environ 23 millions d’enfants dans le monde n’ont pas reçu de vaccins recommandés en 2021, une tendance qui s’est intensifiée dans diverses régions de conflit comme la Syrie, le Yémen, ou encore en Afrique sub-saharienne.
Pourtant, il est impératif de tirer des leçons de ces situations. L’instauration de programmes adaptés aux contextes de crise, l’encouragement de la vaccination par le biais d’initiatives communautaires, et le soutien psychosocial doivent être rapidement mis en avant pour engager la lutte contre des maladies évitables.
*Conclusion : vers un changement tangible*
Le défi est immense, mais il en va de la survie de générations d’enfants qui, aujourd’hui, se battent pour leur santé sous la menace invisible des maladies. Les promesses de vaccination récente ne doivent pas devenir une nouvelle simple déclaration sans lendemain. Elles doivent se transformer en actions concrètes, en investissements durables et en collaborations élargies avec la communauté, afin d’offrir à ces enfants le droit à la santé et à un avenir meilleur.
Le cas de Goma est un appel à la conscience collective, un rappel que chaque enfant a le droit fondamental à la santé, peu importe son origine ou son statut. Si l’inaction perdure, ce qui est en jeu ici n’est rien moins que l’avenir même de ces jeunes vies.