L’année 2024 restera gravée dans les mémoires comme celle qui a rebattu les cartes politiques à l’échelle mondiale. L’actualité regorge de surprises et de chamboulements politiques inattendus, démontrant que le paysage électoral est en constante évolution. Des élections majeures aux résultats surprenants ont secoué le monde, marquant ainsi le début d’une ère de désincumbence inattendue.
En Inde, le Bharatiya Janata Party de Narendra Modi a perdu sa majorité, défiant les prédictions des analystes et des organismes de sondage. Au Japon, le Parti libéral-démocrate a perdu sa majorité pour la première fois depuis 2009. Au Royaume-Uni, les Conservateurs ont subi leur pire défaite électorale depuis 1832.
En France, l’alliance centriste, incarnée par le président Emmanuel Macron, a subi une baisse de plus de 14 points de pourcentage, dépassée par les forces politiques de gauche et de droite. Aux États-Unis, les Démocrates ont été nettement vaincus, permettant à Donald Trump de reprendre la Maison Blanche et aux Républicains de prendre le contrôle du Sénat et de la Chambre des représentants.
Plus près de chez nous, au Botswana, le Parti démocratique du Botswana, au pouvoir depuis l’indépendance du pays en 1966, a été battu, tandis qu’en Namibie, le Swapo, parti dominant depuis l’indépendance en 1990, s’est trouvé à trois sièges de perdre la majorité qu’il détenait à 87 % il y a seulement cinq ans.
Depuis l’avènement de la pandémie de Covid-19 en 2020, les gouvernements en place ont été évincés dans 40 des 54 élections des démocraties occidentales. Rob Ford, professeur de science politique à l’Université de Manchester, a qualifié cette tendance d' »une sorte de long Covid électoral », soulignant de façon perspicace les conséquences inflationnistes de la pandémie et l’incidence sombre de l’histoire planant menaçant sur ces élections.
Pandémie, inflation, dépression économique, montée du fascisme, guerre mondiale. L’histoire des années 1920 et 1930 semble se répéter, non pas comme une marche insouciante, mais comme une marche aveugle vers un autre abîme. Le centre pourra-t-il tenir cette fois-ci ?
Des partis d’extrême droite anti-Union européenne ont réalisé des gains significatifs aux élections du Parlement européen, aux dépens des modérés pro-UE. Plus alarmant encore, lors des élections d’État en septembre dans l’État de Thuringe en Allemagne de l’Est, l’Alternative pour l’Allemagne est devenue le premier parti d’extrême droite depuis l’ère nazie à remporter la majorité des sièges lors d’une élection d’État allemande.
En France, le Rassemblement national de Marine Le Pen a obtenu la plus grande part des voix françaises aux élections du Parlement européen, avec 31 % des voix, et semble désormais bien parti pour remporter la présidence en 2027.
Cependant, l’Europe vieillissante ne reflète pas nécessairement le point d’équilibre mondial. Il existe des raisons d’être plus optimiste quant à l’état de la démocratie dans d’autres régions du monde, notamment en Afrique du Sud, où le soutien au Congrès national africain (ANC) est passé de 57,2 % à 40,2 %. Malgré tout, le pays a accepté avec calme la perte de son règne majoritaire de 30 ans.
Il y a eu des moments de tension dans les jours qui ont suivi, mais grâce à un calendrier constitutionnel astucieusement serré qui a concentré les esprits, un accord de partage du pouvoir entre les partis centralistes a été conclu.
Les sinistres assortiments de voleurs et de démagogues populistes ont été relégués à la périphérie, du moins pour le moment.
Cependant, le calendrier politique n’attend pas. Dans moins d’un an, nous serons à un an des prochaines élections municipales, et les principaux protagonistes affûtent déjà leurs armes en vue de ce qui sera sans aucun doute perçu comme un référendum sur le gouvernement d’unité nationale (GNU).
Cela alimentera ensuite la conférence nationale de l’ANC de 2027. Jusqu’à présent, les sondages internes de l’ANC et de l’Alliance démocratique (DA) sont encourageants pour les deux partis : les électeurs semblent satisfaits de la manière dont les dirigeants des partis ont joué leurs cartes le 29 mai.
C’est un facteur critique, voire le facteur critique.
Si l’un des partis ressent que l’arrangement de partage du pouvoir lui nuit sur le plan électoral, l’incitation à rester dedans diminue considérablement et l’impulsion pour un anti-GNU – ou plutôt un anti « grand coalition » avec la DA – augmente de manière concomitante, tandis que les chances d’élire un modéré centraliste à la tête de l’ANC en décembre 2027 en remplacement de Ramaphosa s’amenuisent.
Au vu de l’état de nombreuses municipalités à travers le pays, il est crucial de rester vigilant quant à l’évolution politique et de s’assurer que les voix des citoyens continuent d’être entendues et respectées dans un climat de transparence et de démocratie authentique.