L’Alliance des États du Sahel : vers une nouvelle ère de coopération régionale

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L’émergence de l’Alliance des États du Sahel a marqué un tournant majeur dans la dynamique régionale de l’Afrique de l’Ouest. En effet, en janvier 2024, Burkina Faso, Mali et Niger ont officiellement annoncé la création de cette alliance, symbolisant ainsi leur sortie de la CEDEAO et renforçant leur front uni en matière de sécurité et de croissance économique. Cette démarche ambitieuse a immédiatement suscité l’attention et les interrogations au sein de la communauté internationale, alors que la région se trouvait confrontée à des défis multiples et complexes.

Un des premiers pas concrets de l’Alliance des États du Sahel a été l’annonce, en mars 2024, de la mise en place d’une force militaire conjointe visant à contrer la menace grandissante des groupes djihadistes. Les attaques survenues à Bamako, Barsalogho et Tillabéri ont cruellement rappelé l’urgence de la situation sécuritaire dans la région et la nécessité d’une réponse coordonnée et déterminée.

Parallèlement à cette dimension sécuritaire, l’Alliance des États du Sahel a également pris des mesures pour renforcer son assise économique et résilience face aux défis en cours. Malgré son retrait de la CEDEAO, elle est restée membre de l’UEMOA afin de limiter les impacts économiques négatifs. En novembre, la suppression des frais d’itinérance a été annoncée, favorisant ainsi une meilleure connectivité entre les États membres et renforçant les liens économiques au sein de l’alliance.

Les relations extérieures de la région ont également évolué de manière significative. Le départ des troupes américaines du Tchad en avril 2024, suivi de leur retrait total du Niger en septembre de la même année, a marqué un changement dans la présence militaire étrangère dans la région. Parallèlement, le Tchad a mis fin à sa coopération en matière de défense avec la France en novembre, illustrant un repositionnement géopolitique en cours.

En ce qui concerne le développement régional, la première réunion du sommet de l’Alliance des États du Sahel en juillet a vu le lancement de plusieurs initiatives ambitieuses, telles qu’un passeport biométrique et une banque d’investissement. Un fonds de stabilisation a également été instauré pour soutenir des projets régionaux d’envergure.

Face à la complexité des enjeux sécuritaires, géopolitiques et économiques, l’Alliance des États du Sahel a su faire preuve d’une certaine résilience et d’une capacité d’adaptation remarquable. Alors que l’année 2024 touche à sa fin, la question de savoir si ce front uni apportera des changements durables à la région reste entière et suscite légitimement l’attention de la communauté internationale.

Cette alliance, en réorientant ses priorités vers une sécurité et une prospérité communes, pourrait ouvrir la voie à une ère de coopération renforcée et de stabilité accrue dans une région souvent tourmentée par les conflits et les défis. L’année à venir sera cruciale pour évaluer les retombées concrètes de cette initiative novatrice et pour envisager son potentiel à long terme dans le paysage régional africain.